Kinshasa : l'Onu dénonce de nombreuses irrégularités du procès en appel de Serge Maheshe

Serge Maheshe

Serge Maheshe

Le procès en appel de Serge Maheshe, journaliste de Radio Okapi abattu à Bukavu en 2007, a été marqué par des irrégularités similaires à celles observées en première instance. C’est ce qu’indique un rapport publié mardi par le bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’Homme (BCNUDH), rapporte radiookapi.net

Lors de l’observation du procès en appel sur l’assassinat de Serge Maheshe, le BCNUDH a constaté que l’ensemble des garanties d’un procès juste et équitable n’ont pas été respectées par la cour militaire du Sud-Kivu. Malgré quelques points positifs enregistrés, ce bureau a relevé certaines irrégularités. C’est notamment le refus de la cour militaire d’instruire d’autres pistes et mobiles crédibles susceptibles d’apporter davantage de lumière sur le meurtre de Serge Maheshe, la persistance des insuffisances des enquêtes pénales, l’absence d’enquête indépendante sur les accusations de corruption portées contre deux magistrats militaires.

Un climat d’intimidation et de menaces à l’encontre des avocats de la défense et des observateurs du procès, ont été aussi observés à ce procès en appel, à en croire ce rapport. Les avocats de la défense ont soulevé, à plusieurs reprises, la question de la nécessité d’un complément d’instruction. Ils avaient notamment évoqué la nécessité d’effectuer une expertise médico-légale, une expertise balistique sur les trois armes saisies, ainsi que d’explorer plus en profondeur certaines pistes. Ces demandes ont été rejetées par la cour militaire. Celle-ci n’avait pas trouvé utiles ces recommandations de la défense en vue d’un complément d’instruction. Elle avait aussi rejeté l’expertise balistique proposée par la Monuc, évoquant le statut du personnel de l’Onu de Serge Maheshe.

Sur la base de l’ensemble des observations présentées dans le rapport, le BCNUDH a constaté que la cour militaire du Sud-Kivu n’a pas démontré sa volonté de rendre justice d’une manière indépendante et impartiale dans le respect des normes internationales, régionales et nationales, en matière de procès équitable. Toutefois, le BCNUDH s’est réjouit de l’acquittement, par cette juridiction, des deux civils, témoins oculaires du crime et amis de la victime, qui avaient été condamnés à mort en première instance.