RDC : plus de 3 000 cas de viol répertoriés à Kinshasa et à Lubumbashi

Femmes victimes de violences sexuelles

Femmes victimes de violences sexuelles

Un rapport publié ce mercredi par l’organisation Action contre l’impunité et les droits de l’homme, ACIDH, indique que 3 135 cas de violences sexuelles ont été répertoriés dans la ville province de Kinshasa et à Lubumbashi au Katanga. Ces chiffres ont été révélés à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre les violences sexuelles faites aux femmes. Selon cette même ONG, l’analyse de la banque des données de cette enquête a porté entre autres, sur le principe de la célérité par rapport à la nouvelle loi sur les violences sexuelles, rapporte radiookapi.net

Mireille Mbuyi Keleku, chargée du programme des droits de la femme, de l’enfant et des personnes vulnérables à l’ACIDH a indiqué que les victimes de violences sexuelles sont loin d’accéder à la justice. Elle a précisé : « Sur le 407 cas répertoriés uniquement dans la ville de Lubumbashi, 4 seulement ont été instruits dans le respect du délai légal. Et sur les 2 728 cas recueillis dans la ville province de Kinshasa ,121 cas seulement ont été instruits.
Compte tenu de cette situation déplorable ACIDH suggère au Conseil supérieur de la magistrature d’élaborer un budget qui tienne compte des besoins réels de l’appareil judiciaire pour toute la République, -de ternir aussi des réunions hebdomadaires avec les magistrats et les présidents de chambre pour leur rappeler constamment l’obligation du respect du délai légal
. »rn ACIDH précise que ces cas sont ceux enregistrés auprès de la police, des parquets et tribunaux civils et militaires ainsi que dans les hôpitaux qui prennent en charge les femmes victimes.

Sud KIvu : 4 333 nouveaux cas enregistrés rn Ce chiffre concerne la période allant de janvier à septembre de cette année 2009. Il dépasse ceux enregistrés pour les années 2008 et 2007, et ce malgré toutes les activités menées pour mettre fin à ce fléau. La situation est donc alarmante. C’est en ces termes que s’est exprimée Liliane Tshiama, chef d’antenne de l’UNFPA, Sud Kivu. C’était à l’occasion du lancement officiel de la campagne de 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes au Sud Kivu ce mercredi 25 novembre. Plusieurs centaines de femmes et d’hommes de la société civile, des agences onusiennes, des ONG internationales et locales, ainsi que des services étatiques ont pris part à cette manifestation.
« Engagez-vous. Agissez. Exigez : nous pouvons mettre fin aux violences faites aux femmes. » Tel est le thème choisi cette année.
Ce thème a tout son sens dans ce contexte où la situation des violences faites aux femmes n’est guerre brillante au Sud Kivu, selon plusieurs intervenants à cette manifestation.
D’après le chef de Division provinciale ad intérim de la Division Genre Famille et Enfant, la situation est sombre. Les cas de viol et de violences de toutes sortes continuent à être enregistrés dans tous les coins où se déroulent les opérations Kimia 2. Et dans ce fléau, toutes les catégories de personnes sont impliquées, à commencer par les FDLR, les ex groupes armés, mais aussi les militaires FARDC, et des civils. Ces violences ne se limitent pas aux viols, mais elles sont multiformes, a déclaré une activiste de la composante femme de la société civile.

rn Les viols, une préoccupation de l’Union européenne

Karel De Gucht, commissaire européen à l’aide humanitaire, a plaidé le mardi dernier pour une implication de la CPI face aux viols massifs commis dans plusieurs régions d’Afrique, notamment à l’Est de la RDC.
Selon Karel De Gucht, la CPI pourrait non seulement juger les dirigeants des groupes armés qui recourent au viol comme arme de guerre, mais aussi se saisir des cas de certains violeurs à répétition. D’après lui, il est possible de “retrouver des filières qui démontrent que des personnes font tout un trajet de violations”.
De tels dossiers “ont vocation à être traités par la CPI”, a-t-il dit, rappelant que dans les statuts de la juridiction, le viol systématique était défini comme un crime contre l’humanité.
Quant aux cas individuels, ils pourraient faire l’objet de renvois vers les juridictions congolaises, a dit le commissaire.
Karel De Gucht a également plaidé pour l’utilisation de prélèvements ADN, en collaboration avec les ONG et les médecins internationaux, pour identifier les coupables de viols. Ces échantillons pourraient être stockés hors du territoire congolais par la CPI, qui “protégerait leur valeur juridique”.
Des milliers de cas de viols sont rapportés en Afrique, et particulièrement à l’Est du Congo, où ils sont pratiqués systématiquement par les belligérants. Ces viols sont perpétrés la plupart du temps dans une impunité totale.