Marche de l’opposition: «Il faut qu’il y ait des sanctions», estime Aubin Minaku

La Majorité présidentielle déplore les dégâts humains et matériels enregistrés à la suite des manifestations organisées lundi par le Rassemblement de l’opposition. Invité de Radio Okapi mardi 20 septembre, le secrétaire général de cette plateforme appelle la justice à sanctionner les auteurs de ce qu’il qualifie de "crimes".

Radio Okapi : Aubin Minaku, bonjour. Vous êtes président de l’Assemblée nationale et secrétaire général de la Majorité présidentielle. Ce lundi, le Rassemblement de l’opposition a organisé une marche à travers la République pour protester contre la non-convocation du corps électoral par la CENI conformément à la constitution. Quelle est la réponse que la MP donne à cette action ?

Aubin Minaku : Nous sommes dans un Etat de droit. Nous avons tous peuples congolais, sous le leadership de Joseph Kabila levé l’option de faire fonctionner la République dans un cadre démocratique. Tel est le cas même au sein des vieilles démocraties. Par rapport à cette marche qui a été autorisée, nous sommes déçus. Je prends à témoins le peuple congolais. Il y a-t-il eu marche aujourd’hui ? Y a-t-il eu manifestation pacifique aujourd’hui ? Pas du tout, loin s’en faut. Nous avons vu ici et là, des badauds sortant de différents quartiers commençant immédiatement à piller. Il y a des sièges de partis politiques, des écoles et des boutiques pillés. Nous avons compris que ce n’était pas un appel à une manifestation pacifique mais plutôt un appel à la casse. Et donc, pour nous de la majorité, il faut qu’il y ait sanction. Il faut que la justice fasse son travail et que les auteurs intellectuels et matériels de ces crimes soient punis sévèrement et nous la Majorité, allons saisir la justice notamment sur le plan de réparation civile.

Radio Okapi : Cela justifie la répression policière de ce jour ?

Aubin Minaku : Lorsque des bandits, soi-disant membres des partis politiques descendent au siège d’un parti politique, gardé par deux policiers qui procèdent par des tirs de sommation, ces bandits pénètrent dans ce siège, pillent et tuent les policiers et les brulent. Que doit faire celui qui doit assurer l’ordre public ? Lorsque des manifestants se mettent à piller une station d’essence et que l’un d’eux veut y mettre le feu. Que doit faire celui  qui doit protéger d’autres citoyens. Parce qu’il y a eu des bandits-manifestants et des Kinois -qui ne partagent pas le projet de société de l’opposition. La police a l’obligation de les protéger. Il ne faut pas parler de répression de manière péjorative. Il s’agit d’une répression contre des criminels.

Radio Okapi : Est-ce que la Majorité présidentielle a compris le message lancé par cette frange de la population congolaise ?

Aubin Minaku : Le message lancé par le peuple congolais depuis de longs mois était le respect de la constitution. Le président de la République avait déjà capté ce message et au dialogue national, il n’y a nullement violation de la constitution. Nous ne sommes pas allés au dialogue pour violer la constitution mais plutôt pour trouver un schéma consensuel afin que nous ayons des élections apaisées et non génératrices de situation de chaos. Voilà ce que le peuple attendait.

Radio Okapi : Vous faites allusion au dialogue dont les travaux devraient se clôturer samedi dernier mais se poursuivent encore cette semaine. A quoi le peuple congolais devait-il s’attendre en ce qui concerne l’accord politique qui sera obtenu à l’issue de ce dialogue ?

Aubin Minaku : Concernant cet accord, nous nous sommes tous mis d’accord sur la refonte totale du fichier électoral. Ensuite, nous nous sommes mis d’accord en ce qui concerne les séquences de prochaines élections. Le juste milieu a été trouvé entre l’opposition et la majorité de sorte que toutes les élections seront organisées pratiquement le même jour. Et pour le reste, comment allons-nous travailler ensemble pour que dans la paix, l’harmonie et la cohésion, nous puissions arriver à ces élections. Ce que je souhaitais au départ, nous sommes en train d’atteindre cet objectif, à savoir : sortir du dialogue avec des résolutions raisonnables.

Radio Okapi : des résolutions, c’est-à-dire un Premier ministre issu de l’opposition ?

Aubin Minaku : Je crois qu’avec ces résolutions-là, nous n’avons pas encore tranché. Nous allons atterrir avec un consensus concernant la gestion de la République au niveau du gouvernement.

Radio Okapi : Tom Perriello, envoyé des Etats-Unis dans la région des Grands Lacs a été pris à partie par certains cadres de la MP, la semaine passée, à l’aéroport pendant qu’il attendait d’embarquer dans l’avion pour quitter la RDC. Comment vous expliquez cet incident qui n’est pas loin d’un incident diplomatique ?

Aubin Minaku : je n’ai pas suivi la scène.

Radio Okapi : ça été diffusée sur la chaine nationale?

Aubin Minaku : On m’a dit que ça été diffusée mais je n’ai pas suivi. J’aurai le temps sûrement de suivre. S’il y a eu des déclarations fortes de la part de certains cadres de la majorité, je crois que cela est une réaction de passion de leur part. Je suppose qu’il s’est retrouvé à l’aéroport et eux ne sont pas du tout d’accord avec le mode d’agir de Periello, ils ont réagi. Chaque individu a le droit d’avoir son point de vue. Ils ont le droit d’avoir leur point de vue. C’est la liberté d’expression, ça s’est vu partout même aux Etats-Unis parfois contre des chefs de l’Etat. Mais agresser quelqu’un si tel a été le cas, je ne suis pas du tout d’accord. Avoir son point de vue contre le mode d’action de Perriello, c’est aussi un droit fondamental qu’il faut protéger mais de voies des faits contre Perriello, je n’accepte pas pare qu’il est un envoyé spécial d’un chef d’Etat.

Propos recueillis par Alain Irung:

/sites/default/files/2016-09/200916-p-f-invite_aubin_minaku-00_2.mp3