Le Phare : «Centre Interdiocésain : un épais brouillard»

Revue de presse kinoise de jeudi 15 décembre 2016.

Comment se déroule les travaux du dialogue inclusif au centre interdiocésain de Kinshasa ? Les journaux kinois parus jeudi 15 décembre tentent d’y répondre, chacun selon son observation.
 
Le Phare pense que rien n’est encore clair dans ces négociations politiques directes entre les signataires de l’accord politique du 18 octobre 2016 et les non signataires, sous la médiation de la CENCO (Conférence Episcopale Nationale du Congo). Il y a « spectre du blocage des travaux », écrit le quotidien.
 
Dans son titre : « Centre Interdiocésain : un épais brouillard », le journal fait observer qu’aucune avancée n’a été signalée dans aucune des trois commissions. Chaque camp reste sur ses positions d’avant le mini-dialogue et face aux lignes qui tardent à bouger, la médiation de la CENCO est mise à dure épreuve.
 
Dans la commission chargée de la « Réforme institutionnelle par exemple, le statut de Joseph Kabila après le 19 décembre constitue le principal point d’achoppement. Les délégués de la Majorité Présidentielle continuent de soutenir que le statut de leur « autorité morale » a déjà été réglé en son temps par un arrêt de la Cour constitutionnelle, qui avait tranché que le Chef de l’Etat devait rester en fonction jusqu’à l’investiture du Président élu.
 
L’autre son de cloche soulevé est celui du « Rassemblement ». Cette plateforme ne jure que par le départ de Joseph Kabila après le 19 décembre 2016.
 
Ce n’est pas ce que soutient La Prospérité, qui note « des avancées significatives » dans son titre : « RDC. L’Accord de la dernière chance attendu aujourd’hui » !
 
Selon le journal, le fait pour tous les participants de répondre au rendez-vous constitue déjà un point positif. Le retour effectif du MLC avec ses satellites du Front pour le respect de la constitution à la table de discussions ne peut pas être interprété autrement. Il en est de même du démarrage effectif des travaux en commissions. En fin de la  soirée, mercredi 14 décembre, la CENCO (Conférence Episcopale Nationale du Congo), qui assure la médiation, affichait tout son optimisme, explique La Prospérité.
 
Un point de vue que semble partager L’Avenir qui pense que Le Rassemblement a rejoint la majorité présidentielle quant à la date de l’organisation des élections. Le journal titre à la une : « Le Rassemblement enfin pour les élections en 2018 ».
 
« Alors que dans les médias, les membres du Rassemblement trompent le peuple en disant que les élections doivent être organisées en 2017, à la surprise générale, ils ont sorti une proposition de calendrier qui ramène les élections en février 2018, alors qu’à la Cité de  l’UA, après plusieurs gymnastiques, ils sont arrivés à avril 2018, donc une différence de deux mois », indique L’Avenir.
 
Pour ce média, les membres du Rassemblement ont demandé la surséance des travaux pour faire venir Freddy Matungulu et François Muamba afin de contredire la proposition de calendrier électoral de la cité de l’union africaine. «Malheureusement, ils ont été comme des écoliers devant le maître, Corneille Nangaa», commente le journal.
 
Reprenant les propos de Vital Kamerhe, le journal écrit : « nous sommes heureux de constater que l’écart qui nous sépare avec les amis du Rassemblement n’est pas très grand. On vient finalement d’avoir leur calendrier, la proclamation des résultats, c’est le 11 février 2018. Il y a une différence de deux mois, précise-t-il. Et de se demander, les Congolais peuvent-t-ils  se tuer pour deux mois » ?
 
«Dernière ligne droite», titre pour sa part Le Potentiel qui reconnait que la CENCO a la lourde responsabilité de batailler dur pour sauver l’esprit de compromis. «Son rôle va consister à obtenir de part et d’autre des concessions qui ouvriront la voie à un compromis politique qui mette tout le monde d’accord», conseille Le Potentiel.
 
Même si jusque tard dans la soirée de mercredi, les discussions ne semblaient pas avancer vers un rapprochement, le tabloïd indique que dans les rangs de la CENCO, l’on reste confiant : « Tout est mis en place pour qu’un compromis soit dégagé avant le 19 décembre ».
 
Pendant que les travaux se déroulent au centre interdiocésain et qu’un compromis est attendu, Forum des As revient sur « la question qui fâche » d’Adolphe Muzito, ancien premier ministre de la RDC : « Quelle est la source de légalité du dialogue du centre interdiocésain » ?
 
Dans sa 14ème tribune, Adolphe Muzito n’ignore pas que les parties en présence n’ont pas le même entendement du soubassement juridique des négociations en cours. Pour les signataires de l’accord du 18 octobre, le centre interdiocésain est la continuité du dialogue de la Cité de l’Union africaine convoqué par l’ordonnance présidentielle du 28 novembre 2015. Pour le Rassemblement, il s’agit bien d’un nouveau dialogue qui tire sa légalité de l’article 64.
 
Face à ces deux textes sur lesquels se fondent les deux camps, le Premier ministre honoraire estime que le 19 décembre prochain aucune force ne saurait prendre totalement le dessus sur l’autre, relaye Forum des As. Dans sa conclusion, Adolphe Muzitu écrit : « face à la crise liée à la fin du mandat du chef de l’Etat et Président de la République et la non organisation de l’élection présidentielle dans les délais constitutionnels, l’option la plus pratique aurait été que les institutions en place restent en fonction pour expédier les affaires courantes, c’est-à-dire avec des compétences réduites, sans pouvoir de disposition, jusqu’à l’organisation des élections ».