Dérapages policiers dans la traque des évadés de la prison de Makala à Kinshasa

La traque des évadés de la prison centrale de Makala, qui se poursuit à travers la ville de Kinshasa, est émaillée de bavures de la part des forces de l'ordre. «Plusieurs innocents» sont arrêtés ou spoliés, ont dénoncé mardi 23 mai à Radio Okapi des habitants de la commune de Ngiri-Ngiri proche de la prison.

Parmi ces victimes innocentes par exemple, les habitanst de Ngiri-Ngiri parlent des mécaniciens qui passent habituellement la nuit dans leurs garages à bord des véhicules. Ils ont été arrêtés vers 3 heures du matin dans la nuit de vendredi à samedi.

Les chanceux, dont les familles ont versé la somme de 100 000 francs congolais (71,42 USD) exigés par les forces de l'ordre, ont été relâchés. Les autres ont été conduits à la prison centrale de Makala.

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Craignant la menace des kulunas à Makala, sa commune de résidence, un conducteur de taxi a préféré dormir dans la voiture devant la parcelle de son patron dans la commune de Bumbu. Les policiers l’ont réveillé vers 4 heures, et ont estimé que son permis de conduire n’était pas suffisant pour prouver son identité. Son patron alerté, pendant qu’ils tentaient de l’emmener de force, a dû débourser 100 000 francs congolais (71,42 USD) pour obtenir sa liberté. Les policiers avaient d’abord exigé 250 000 francs (178,57 USD), selon son témoignage.

Plusieurs autres cas d’arrestations injustifiées suite à cette traque des fugitifs de la prison de Makala sont déplorés à Ngiri-Ngiri, Bumbu et Selembao. Toutes ces victimes se sont exprimées à Radio Okapi sous le couvert de l’anonymat craignant de représailles des forces de l’ordre.

«Inadmissible»

Le commissaire général de la Police nationale congolaise (PNC), Charles Bisengimana, a mis en garde tous les policiers auteurs de ces dérapages. Il a jugé «inadmissible» que des policiers abusent de la population dans l’exercice de leurs fonctions. 

La police a donc invité la population à dénoncer non seulement les fugitifs mais aussi tout policier auteur des dérapages. 

«Il est un fait indéniable qu’en toute circonstance, l’action de la police au maintien de l’ordre -tout en étant très ferme- doit être empreinte de discernement et d’humanité avec un souci permanent des droits de l’homme, conformément à la législation en vigueur», a affirmé, de son côté, le porte-parole de la police, colonel Pierrot Mwana Mputu.

Dans cet extrait sonore, il annonce que tout policier qui se livrerait aux actes contraires à sa mission subirait la rigueur de la loi:

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