Attaque de Tshimbulu: 1 an déjà

Le 8 août 2016, les miliciens Kamuina Nsapu mènent leur première attaque meurtrière au Kasaï-Central. Une incursion qui fait officiellement 10 morts dans la ville de Tshimbulu. Cette attaque qui sera suivie par la mort du chef Kamuina Nsapu va jeter toute la région dans la violence, faisant plus de 3 000 morts, selon l’église catholique.
 
Août 2016, les Kasaï basculent dans la violence
 
Petite bourgade du centre de la RDC, la ville de Tshimbulu dans le Kasaï-Central va connaître en ce mois d’août 2016 des événements qui vont plonger cette région du  centre de la RDC dans une crise sans précédent. Le 8 août, une attaque y fait officiellement dix morts. Le maire de la ville attribue l’attaque à une milice créée par le chef traditionnel Kamuina Nsapu. Ce dernier est en délicatesse avec les autorités. En fait, Kamuina Nsapu est le titre traditionnel du chef de Bajila Kasanga, un groupement de plusieurs villages dans le territoire de Dibaya au Kasaï-Central. Depuis 2012, l’Etat refuse de reconnaître la désignation de Jean-Pierre Mpandi comme Kamuina Nsapu après le décès de son oncle qui portait ce titre traditionnel.
 
En avril 2016, ce dernier accuse les policiers d’avoir mené une perquisition musclée dans son domicile en son absence et maltraité sa famille. Le chef traditionnel, à la tête d’un groupe de plusieurs personnes, fait ensuite ériger des barricades autour de son village et dans le secteur environnant de Tshimbulu, dans le Kasaï-Central. Le groupe commence alors à s’en prendre à tout ce qui représente l’autorité de l’Etat : bureau de police et agents de l’ordre, notamment.
 
Le 8 août, une attaque attribuée à ce groupe fait dix morts à Tshimbulu : 5 policiers et 5 assaillants. Les assaillants incendient également le bureau de la police, de la commission électorale ainsi que les résidences du commandant de la police et du maire de la ville. Une année après, le maire de la ville, André-Marie Tshimpanga, s’en souvient :
 
«Le 8 août 2017, c’était un lundi. Les insurgés de Kamuina Nsapu ont pénétré dans la ville. C’était vers 4 heures du matin. Ils ont commencé à détruire les grands édifices publics notamment la CENI, l’état- major de la police, le parquet. Beaucoup de postes de police ont été saccagés et incendiés.»
 
Cinq jours après l’attaque, le chef Kamuina Nsapu est tué avec quelques-uns de ses hommes dans une attaque menée par les forces de l’ordre dans la même ville de Tshimbulu. Des violences éclatent ensuite dans la région.
Ceux qui sont désormais appelés miliciens Kamuina Nsapu et les forces de l’ordre sont accusés de graves exactions : meurtres, viols, enlèvements. Les violences qui se sont étendues aux autres provinces du Kasaï obligent de nombreuses familles à s’enfuir.
 
Selon l’ONU, 1,4 millions de personnes se sont déplacées, fuyant les violences dans la région du Kasaï depuis l’année passée. Des violences qui ont fait plus de 3 000 morts, selon un décompte de l’église catholique. Deux experts de l’ONU ont été tués en mars 2017. Plus de 80 fosses communes ont été identifiées dans la région par les Nations unies.
 
«La paix est là»
 
Une année après le début de la crise, affirme le maire de la ville, les habitants qui avaient fui les violences à Tshimbulu sont de retour. Le maire de Tshimbulu qui assure que la paix est de retour dans sa ville réclame de l’aide pour les habitants.
 
«La population qui avait fui à cause de cette attaque est rentrée. Ce que nous attendons maintenant c’est l’aide humanitaire pour tous ces déplacés qui avaient fui Tshimbulu pour aller se réfugier ailleurs. Ces gens ont besoin de l’aide. Nous avons besoin des soins de santé, des semences, des médicaments. Des écoles ont été détruites, il faudra les réhabiliter», plaide-t-il.

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