«On est en train de mendier dans d’autres familles», témoigne un enseignant de Kinshasa

Tryphon Mubunda, la cinquantaine révolue, est enseignant dans une école à Kinshasa dont il a préféré taire le nom. A la fin du mois, il affirme gagner seulement 100 000 francs congolais (environ 65 USD).

A Radio Okapi,  il avoue que pour nouer les deux bouts du mois, il a souvent recourt à la mendicité. «Souvent on recourt à l’intervention de belles-mères. On est en train de mendier dans d’autres familles parce que le peu que l’Etat nous donne ne suffit pas pour nourrir la famille », rapporte-t-il.

D’après M. Mubunda, la plupart des enseignants à Kinshasa donnent des cours affamés. Il estime en effet qu’avec le salaire net de 100 000 FC le mois, l’homme au « métier noble » ne peut pas se donner le luxe de prendre un petit déjeuner avant d’aller au travail.

 «Quand vous louez une maison de 80 000 francs, il vous reste 20 000. Avec les 20 000, j’achète un peu de la farine ou un peu de riz et on se débrouille comme ça en mangeant. Ce n’est pas satisfaisant », fait-il remarquer.

Il pointe cependant le danger que représente  la situation salariale  de l’enseignant congolais sur la qualité de l’enseignent et sa propre santé. « Vous pouvez arriver à l’école sans toutefois mettre quelque chose dans la bouche mais vous essayez toujours d’enseigner. Est-ce que j’enseignerai convenablement en classe ?», interpelle-t-il, avant de plaider pour que l’Etat congolais prenne en compte  les revendications des enseignants qui réclament notamment l’amélioration de leurs conditions sociales.

D’après l’annuaire statistique 2014-2015 du ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel, 50% des enseignants en RDC sont payés par l’Etat et leur rémunération moyenne est très faible.

Ce jeudi 5 octobre, la communauté internationale célèbre la journée mondiale des enseignants sous le thème « Enseigner librement, donner les moyens d’agir aux enseignants ».
 

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