Actualité.cd : «Transition sans Kabila. Mukwege se positionne»

Revue de presse congolaise du lundi 9 octobre 2017.

La transition en République démocratique du Congo et la plénière à l’Assemblée nationale de samedi dernier sont les deux principaux sujets que les journaux congolais développent lundi 9 octobre.

Des personnalités congolaises et étrangères s’expriment sur la question de la transition en RDC. Sous le titre : «Transition sans Kabila. Mukwege se positionne», Actualité.cd reprend le point de vue du Dr Mukwenge à la une et relaie sa méfiance du pouvoir actuel.

Dans une déclaration rapportée par le média belge Le Soir et repris par Actualité.cd, le gynécologue évoque l’éventualité d’une transition sans Kabila :

«Pour que des élections claires, transparentes et crédibles puissent avoir lieu, il faut que le pouvoir actuel se retire. Il faudra alors mettre en place une équipe neutre, qui sera chargée de mettre les choses en place et d’organiser les élections. Il faudra mettre en œuvre les principes qui permettront que désormais tous les partis politiques, après transition, puissent concourir à égalité des chances, défendre leur programme.»

Denis Mukwege sera-t-il candidat pour diriger cette transition ? Non, répond Politico.cd, qui titre : «Je ne suis candidat à rien du tout», reprenant les propos de celui qu’on a surnommé «réparateur des fistules.»

«Il faudrait que le peuple comprenne mon raisonnement : plus encore que la transition, que les élections elles-mêmes, ce qu’il faut réaliser, c’est le changement de mentalité, pour mettre l’homme au centre des préoccupations», a-t-il précisé.

Néanmoins, le médecin congolais apporte une nuance de taille: «Deux ans, ce sera juste le temps de jeter les bases pour aller vers un changement du système… C’est un rôle qu’on ne peut jouer que si le peuple le décide. Ce n’est pas moi qui dois le solliciter, mais si la base me le demande, c’est qu’elle va me soutenir dans la vision qui est la mienne. Et alors je peux être sûr que cette construction va se mettre en place», ajoute Dr Mukwege.

Le Potentiel s’intéresse aussi à la question de la transition et relaie la position de la Belgique qui s’accorde avec celle du Dr Denis Mukwege. Son vice-premier ministre, Alexander De Croo, a affirmé : «pas d’issue possible avec Kabila.»

«Le chemin des élections ne peut être balisé tant que le président Kabila trônera», a ajouté Alexander De Croo, qui pense qu’il est «impossible que la situation s’améliore sur le plan politique comme humanitaire en RDC tant que Kabila restera aux commandes.

«Il me semble plus qu’évident que le Congo n’organisera pas d’élections cette année. Si cela continue comme ça, elles n’auront pas lieu l’année prochaine non plus. Le plan, à savoir confier à Kabila la transition vers des élections auxquelles il ne peut participer, a échoué», a déclaré Alexander De Croo, cité par Le Potentiel.

Des motions à l’Assemblée nationale

Le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, et le ministre des Affaires Etrangères, Léonard Shé Okitundu, visés par des motions de défiance. Emmanuel Ramazani, ministre de l’Intérieur, et Alexis Thambwe Mwamba, de la Justice, sauvés de justesse. Ce sont des sujets qui ont défrayé la chronique le week-end dernier.
«Aubin Minaku bientôt visé par une procédure de destitution», annonce Politico.cd. C’est une motion que compte déposée le député Toussaint Alonga. «Nous ne pouvons pas tolérer les violations intentionnelles de notre règlement intérieur et de la Constitution», s’est-il justifié, écrit le média en ligne.

Avec d’autres députés de l’opposition, il accuse le président de l’Assemblée nationale «d’assassiner la démocratie au sein de l’hémicycle».

« Nous avons décidé de déposer une pétition au niveau du bureau contre le président Aubin Minaku (…) C’est une façon pour nous de protester contre la manière dont le président de l’Assemblée nationale est en train de conduire les choses», indique l’élu de Mont-Amba (Kinshasa).

Déjà devant les députés pour une question orale avec débats afin de se justifier sur le dossier passeport, She Okitundu devra encore y retourner, cette fois-ci, pour une motion de défiance que compte déposer le député Juvénal Munobo, auteur de son interpellation.

Forum des As qui revient sur cette motion loue cette démarche et note qu’elle est certes démocratique en argumentant : « qu’un député national initie une question orale avec débat, la démarche rentre dans le cadre de l’exercice du contrôle parlementaire.»

Cependant, le journal s’interroge : à quoi peut-on s’attendre avec cette motion de défiance ? La majorité présidentielle serait-elle prête à lâcher un des leurs ? Le scénario serait-il bien connu ?

Des analystes avisés n’excluent pas l’impératif des enjeux politiques. Instruits par l’expérience, ils considèrent (avec raison ?) la motion de défiance contre le VPM Léonard She Okitundu, comme une simple formalité. Au mieux, un scénario, aux résultats déjà connus. Le contraire serait une grande première et même un coup de théâtre au Palais du peuple, depuis que l’actuel Parlement existe, scrute le quotidien.

Avant de se présenter à la chambre basse, le ministre visé par la motion de défiance s’y oppose déjà : «Cette motion de défiance n’est pas fondée», titre Zoom-eco.net

«Nous sommes dans une démocratie. L’auteur de la question donne sa conclusion et il est libre de faire de recommandations ou alors de déposer une motion comme il le souhaite. Mais pour moi, cette motion de défiance n’est pas fondée. Parce que les explications que j’ai données quant à l’impérieuse nécessité de se procurer le passeport biométrique, cet argumentaire est tout à fait justifié vu l’actualité brûlante notamment en matière de la sécurisation du passeport national», a déclaré Léonard She Okitundu, cité par le média.

Face aux interrogations de Forum des As sur la suite des motions de défiance contre les membres de la MP, Le Phare se lance dans une réflexion approfondie et conclut : «Assemblée nationale. La démocratie du plus fort.»

Présumé «temple de la démocratie», une expression chère à un ancien président de cette institution, l’Assemblée nationale est loin de répondre à cet idéal, fait remarquer le tabloïd.

A chaque session, des millions de compatriotes sont déçus d’assister à la démocratie du plus fort, laquelle consiste à étouffer systématiquement tout débat sur des questions pourtant d’intérêt national.

Le journal revient sur la journée du vendredi 6 octobre et note une nouvelle déception qui était au rendez, en rapport avec les questions relatives aux violences dans l’espace kasaïen, aux évasions théâtrales des détenus des prisons de Kinshasa et de l’arrière-pays et à l’exécution sélective des mesures de décrispation du climat politique consignées dans l’Accord du 31 décembre 2016.

« A force d’entretenir des tabous, la Majorité Présidentielle ne fait qu’élargir le fossé de la méfiance entre elle et l’homme de la rue », se désole Le Phare.