RDC: la FIDH accuse le pouvoir d’avoir «instrumentalisé» les violences au Kasaï

Dans un rapport publié mercredi 20 décembre, la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) fait état des crimes commis par les forces de l’ordre congolaises et des milices contre des civils dans le territoire de Kamonia au Kasaï entre mars et juillet dernier. Des exactions qui sont intervenues en réponse au soulèvement de la milice Kamuina Nsapu.

Pour la FIDH, «les atrocités commises au Kasaï s’inscrivent dans une instrumentalisation récurrente des tensions et violences par le régime de Joseph Kabila, afin de conserver le pouvoir par le chaos et la diversion».

Pour élaborer ce rapport intitulé «Massacre au Kasaï: des crimes contre l’humanité au service d’un chaos organisé», la FIDH a recueilli des témoignages des réfugiés congolais en Angola. Plusieurs familles ont trouvé refuge dans ce pays pour fuir les violences à Kamonia.

Pour l’organisation de défense des droits de l’homme, les témoignages de ces réfugiés illustrent le calvaire subi durant au moins cinq mois par les populations civiles dans ce territoire de la province du Kasaï.

Le rapport mentionne ainsi des villages détruits à l’arme lourde, des attaques d’hôpitaux et de lieux de culte, des exécutions, tortures et mutilations, des violences sexuelles, des pillages et des arrestations arbitraires.

D’après les récits des réfugiés, lit-on dans le document, «il apparaît qu’entre mars et juillet 2017, les éléments de la milice Kamuina Nsapu, les forces de défense et de sécurité (principalement des FARDC et de la PNC) et leurs supplétifs membres de la milice Bana Mura, ont alternativement pris le contrôle de plusieurs villages. Une occupation durant laquelle un grand nombre d’exactions a pu être répertorié».

La FIDH explique, en outre, que les forces de défense et de sécurité congolaises ont soutenu la milice Bana Mura lors des massacres visant les populations Luba.

«À partir du mois de mars, il apparaît en effet que les éléments de la milice Bana Mura, composée d’après les témoignages recueillis d’hommes Tchokwe, Pende et Tetela, se sont rendus responsables, avec le soutien des forces de défense et de sécurité et de chefs traditionnels, de massacres ciblant presque exclusivement les populations civiles Luba. Des témoignages récoltés par nos organisations, il ressort très nettement que ces massacres avaient été planifiés», révèle le rapport.

L’organisation de défense des droits de l’homme évoque notamment une attaque menée le 24 avril dernier contre le village de Cinq par des miliciens Bana Mura.

«Les milices Bana Mura y ont déferlé dans l’objectif d’y éliminer les civils, appartenant principalement à l’ethnie Luba, à l’initiative et avec le soutien de l’armée et de la police congolaises. L’attaque a fait des centaines de morts, dont de nombreux femmes et enfants, exécutés principalement par balle, machette, ou brûlés vifs», relate la FIDH. 

L’organisation demande aux autorités congolaises de mener des enquêtes indépendantes et impartiales sur ces crimes afin de poursuivre en justice leurs responsables.

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