Des enlèvements avec demande de rançon se multiplient à Kananga

Des cas d’enlèvements avec demande de rançon sont rapportés depuis environ trois semaines dans la ville de Kananga. Dans la plupart des cas, les familles des personnes enlevées révèlent que le kidnapping est opéré par des personnes armées circulant à bord des véhicules 4x4.

Certains témoins ont évoqué l’existence d’un 4x4 de couleur blanche dans lequel les personnes kidnappées sont transportées vers des destinations inconnues. Dans la plupart des cas, les ravisseurs exigent une rançon avant de relâcher leurs otages.

Me Oscar Mukengeshayi, responsable de l’association «Dynamique pour la promotion et la défense des droits humains», a adressé au gouverneur de la province un mémorandum pour l’alerter sur cette situation. Pour lui, des militaires sont impliqués dans ces enlèvements.

«Il y a un certain temps que nous avons constaté sur la ville plusieurs cas d’enlèvements. Tous ces bruits convergeaient vers une seule position : la Jeep blanche qui circulait avec des militaires du secteur opérationnel qui opéraient ces arrestations», soutient Me Oscar Mukengeshayi.

L’avocat comme certaines familles que nous avons interrogées évoquent la question de la rançon exigée par les ravisseurs. Il y a une dizaine de jours, une famille a dû débourser 500 000 francs congolais (environ 310 dollars américains) pour obtenir la libération de son fils enlevé à Kananga. L’abbé Charles Kabwe, curé de la paroisse Saint Clément où la famille prie, relate l’enlèvement:

«Le fils est sorti le soir. Il allait au stade pour voir le match. Mais il n’est jamais revenu à la maison. On l’a cherché, on ne l’a pas vu. On a demandé de ses nouvelles auprès de ses amis qui ont reconnu avoir été avec lui au stade mais ils ont dit ne pas savoir où il est allé après le match. Le dimanche, le papa [de l’enfant enlevé] qui travaille à la commission des affaires économiques et financières n’était pas à la messe. Quand je l’ai appelé, il m’a dit que l’enfant était toujours introuvable mais que quelqu’un l’a appelé au téléphone pour exiger une rançon de 500 000 francs congolais [...] par le numéro de téléphone de l’enfant.»

L’enfant a été libéré quelques heures après le versement de la rançon.

D’autres histoires similaires sont relatées à travers la ville. Me Oscar Mukengeshayi explique que le samedi dernier, une dame a payé 25 000 francs congolais (environ 15 dollars américains) pour obtenir la libération de sa fille enlevée deux jours plus tôt à proximité de l’Eglise Notre Dame à Kananga.

Un ex-otage que nous avons interrogé relate qu’il a été enfermé pendant deux jours dans un local sombre où étaient également détenues d’autres personnes à qui les ravisseurs exigeaient de donner le numéro de téléphone de leurs parents pour faire une demande de rançon.

Les sommes réclamées par les kidnappeurs sont versées via des services de transfert d’argent par téléphone. Dans beaucoup de cas, c’est par le numéro de téléphone de la personne kidnappée que le transfert est effectué. Après le versement de la rançon, l’otage est relâché dans un coin de la ville.

Le porte-parole de la zone opérationnelle de l’armée au Kasaï, lieutenant Anthony Mwalushayi, que nous avons interrogé n’a pas souhaité répondre aux accusations portées contre les militaires.

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