Kinshasa : dans les supermarchés, les emballages désormais à la charge du client

« Acheter un emballage en plus de la marchandise, c’est trop », se plaint Jules, un client trouvé dans un supermarché de Kinshasa. « Pour le moment c’est difficile que le client s’adapte. On a des problèmes chaque jour », rétorque un gérant d’une autre grande surface. C’est désormais le quotidien dans les relations quasi tendues entre les clients et les vendeurs à Kinshasa. Des disputes occasionnées après la mesure du gouvernement interdisant l’utilisation des sacs en plastiques non dégradables entrée en vigueur depuis le 30 juin dernier. Reportage.

Dimanche 12 août. Un supermarché de la capitale congolaise grouille de monde. Chacun cherche un article de son choix : alimentaire, vestimentaire, cosmétique ou autres. Les parents n’oublient pas que la rentrée scolaire est programmée pour début septembre. Et certains se procurent déjà les fournitures scolaires.

Des rayons à la caisse, entre le choix des articles et le paiement de la facture, tout se passe bien. La pomme de discorde, c’est au moment de la livraison. Le supermarché n’a plus d’emballages à offrir au client. Contrairement à ce qui se passe dans la plupart des villes occidentales par exemple, ici les emballages presque toujours en plastique étaient donnés gratuitement aux clients à la livraison des produits achetés. Depuis le 1er juillet, plus aucun supermarché n’offre gratuitement des emballages. Les clients sont obligés de les acheter.

« Ça ne fait quand même pas bien que tu arrives quelque part, tu achètes la nourriture et tu rentres avec en mains. Ce n’est pas sérieux. Moi j’achète et c’est à vous de me trouver l’emballage », se fâche Josiane, une dame qui dit ne pas comprendre pourquoi elle doit encore payer le conditionnement de sa marchandise.

Les clients sont ainsi appelés à débourser entre 175 francs congolais (0,10 USD) pour les petits formats, ou alors payer 300 Fc (0, 18 USD) pour les grands formats.
Jules, cet autre client rencontré dans un supermarché, refusesimplement de payer pour les emballages, ce qui constitue d’après lui,des frais supplémentaires.

« Une fois dans le supermarché, j’achète la marchandise, et en plus j’achète l’emballage. C’est incompréhensible », s’emporte-t-il.

Un client qui avait fait des achats en grande quantité, avec plusieurs charriots remplis n’a pas eu d’autre choix que de les amener jusque dans le coffre de sa voiture. Il dit n’avoir pas prévu un budget supplémentaire pour des emballages.

Disputes au quotidien

L’un des gérants d’un supermarché avoue que cette nouvelle pratique imposée aux clients a des effets néfastes.

« Il y a même d’autres personnes qui nous insultent. Mais bon, on se chamaille chaque jour avec les clients. On a chaque jour des problèmes », confie-t-il. Il reconnait que pour le moment c’est difficile que le client s’adapte.

Un membre du gouvernement, Gaston Musemena, ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel (EPSP) fait partie des clients retrouvé sur place. Il se dit convaincu qu’avec le temps, la population finira par intérioriser cette innovation.

« Moi je considère cela comme un processus qui va évoluer avec la sensibilisation parce que l’homme résiste toujours au changement. Il faut un travail de fond pour que tout le monde comprenne », dit-il.

Pour les gérants des supers marchés, cette mesure du gouvernement devrait s’étendre jusqu’aux petits revendeurs.

L’interdiction des sacs en plastique est exécutée en application d’unarrêté ministériel pris depuis 2007, est motivée par le souci « de préserver l’environnement et d’améliorer les conditions de vie des populations ».
 

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