Conférence de presse du 10 octobre 2018

La conférence de presse du mercredi 10 octobre 2018.

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L’actualité de la MONUSCO de ces derniers jours reste dominée par le Conseil de sécurité, à la fois suite à la visite que ses 15 membres viennent d’effectuer à Kinshasa mais aussi parce que demain, la RDC sera au programme de travail du Conseil à New York. Il s’agira d’aborder la situation générale dans le pays avec la présentation du rapport trimestriel du Secrétaire général de l’ONU qui couvre la période allant de fin juin à fin septembre.  

La Représentante spéciale du Secrétaire général en RDC, Leila Zerrougui, interviendra lors de cette session par vidéo conférence depuis Kinshasa. La session sera retransmise en direct, à partir de 15 heures, heure de Kinshasa, sur le site web de l’ONU. 

Le rapport passe en revue la situation politique, sécuritaire et humanitaire. Il aborde également la situation économique de la RDC ainsi que les droits de la personne, le système judiciaire et l’administration pénitentiaire, la violence sexuelle et la protection de l’enfance. 

La seconde partie du document est consacrée à l’exécution du mandat de la MONUSCO qu’il s’agisse du processus électoral, de la protection des civils, des activités de désarmement, démobilisation et réintégration et de stabilisation sans oublier la prise en compte de la problématique femmes-hommes dans la mise en œuvre de ce mandat. 

Enfin, le rapport contient les observations du Secrétaire général. Toutes les informations seront disponibles demain en direct sur le site web de l’ONU. Vous aurez également l’occasion d’en parler directement avec la Représentante spéciale du Secrétaire général lors d’une toute prochaine conférence de presse qui lui sera entièrement consacrée.  

Le Conseil de sécurité a séjourné à Kinshasa entre jeudi et dimanche dernier. La délégation a rencontré les autorités congolaises dont le Président de la République, les parties prenantes au processus électoral et la société civile. Elle a également tenu des sessions de travail avec la MONUSCO et les agences, fonds et programmes des Nations Unies. 

L’objectif de la visite du Conseil était, selon le Représentant de la France auprès de l’ONU, co-président de la délégation, de s’informer, écouter et peser de tout son poids pour accompagner la République démocratique du Congo sur le chemin de la paix, la stabilité et la prospérité. 

Les messages clés transmis par le Conseil lors de la conférence de presse tenue ici-même sont les suivants : 

En premier lieu, le Conseil a insisté sur le caractère exceptionnel de la période actuelle en République démocratique du Congo en soulignant que les élections du 23 décembre représentent une opportunité historique pour une première transition démocratique et pacifique dans le pays, qui, elle-même, doit ouvrir la voie à la consolidation et à la stabilité et ainsi créer les conditions propices au développement. 

Le Conseil a réaffirmé son engagement en faveur de la tenue d’élections inclusives, pacifiques et crédibles s’inscrivant dans le respect de la Constitution, l’Accord du 31 décembre 2016, notamment les mesures de décrispation, le respect des libertés fondamentales et la loi électorale. 

Tout en reconnaissant ce qui a déjà été accompli, le Conseil a indiqué que des progrès supplémentaires dans les préparatifs techniques ainsi qu’un dialogue entre toutes les parties seraient les bienvenus afin de créer un consensus le plus large possible permettant de créer les conditions d’élections réellement crédibles et transparentes se déroulant dans un climat apaisé. 

Le Conseil a également réitéré son soutien à la MONUSCO et à la Représentante spéciale du Secrétaire général pour leur travail de remarquable qualité dans un contexte difficile.  

C’est jeudi dernier que les 12 derniers ex-combattants soudanais toujours cantonnés dans le camp de Munigi dans le Nord-Kivu ont quitté la République démocratique du Congo. 

Depuis le désarmement de 744 éléments du Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan dans l’opposition en août 2016 dans le parc national de la Garamba puis leur exfiltration vers le camp de Munigi sur une base humanitaire, la MONUSCO travaillait sur des solutions au cas par cas afin de permettre à ces excombattants de reprendre une vie normale. Elle a ainsi facilité leur retour au Soudan du sud et la délivrance de leurs visas vers des pays tiers et de leurs titres de transport. La MONUSCO se félicite de cet heureux dénouement.  

Une déclaration de la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en RDC, a déjà été diffusée au sujet de l’attribution du prix Nobel de la paix au Dr Denis Mukwege pour sa lutte contre les violences sexuelles en temps de guerre.  

Le Secrétaire général des Nations Unies et sa Représentante spéciale en République démocratique du Congo ont chacun félicité le Dr Mukwege pour cette récompense qui l’honore ainsi que les femmes et filles qu’il a assistées. Des femmes qui continuent à payer un lourd tribut aux turbulences que connaît la RDC et où le viol est utilisé comme arme de guerre. 

Dans la province du Sud-Kivu, berceau de la Fondation Panzi, comme dans les autres provinces affectées par l’insécurité, la violence sexuelle continue d’être perpétrée quotidiennement par les parties au conflit. Nous espérons que cette consécration pour le Dr Mukwege et pour la République démocratique du Congo marquera un tournant dans l’obtention d’assistance pour les milliers de victimes de violences sexuelles ainsi que dans la lutte contre l’impunité à l’encontre des auteurs de ces violences. La MONUSCO demeure à leurs côtés dans ce noble et indispensable combat. Affaires civiles : 

Le bureau de la MONUSCO/ Kalemie, sous la coordination de la section des Affaires civiles, a effectué deux importantes missions conjointes en territoire de Kalemie, province du Tanganyika. 

Le 4 octobre 2018, une équipe de la MONUSCO, des agences humanitaires, notamment le UNHCR et l’Organisation internationale des migrations OIM, s’est rendue sur l’axe Tabacongo-Musosi, à 50 km de Kalemie. La mission avait pour objectif de faire l’évaluation sécuritaire de la zone et d’échanger avec les populations notamment les déplacés internes sur leurs conditions de vie, les aspects de cohabitation pacifique entre les communautés. L’équipe a rencontré plusieurs interlocuteurs, notamment les chefs de localités et les représentants des différents groupes de déplacés ainsi que les leaders communautaires Twa/Bantous. Si la situation sécuritaire est globalement calme, les principales préoccupations des populations sont la scolarisation, la santé et l’alimentation.  

Dans le cadre des questions de protection des civils, le 27 septembre 2018, une équipe de la MONUSCO/ Kalemie composée des sections et composantes des Affaires civiles, Sécurité, Police, Observateurs militaires, Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH) et Information publique, a visité les localités de Mulange (15 km) et Mwaka (28 km) de Kalemie, Axe Kalemie-Moba.  

Le but de la mission était essentiellement d’évaluer la situation sécuritaire dans ces localités et se rendre compte des conditions de vie des déplacés internes. Outre les chefs de localités, l’équipe de la MONUSCO a échangé avec les représentants des différents groupes de déplacés ainsi que le personnel de santé de Mwaka précisément. Les populations ont principalement fait état du manque de protection et d’assistance et déploré les conditions de vie précaires dans leur zone d’installation.  

Droits de l’homme :

Le BCNUDH a animé le 2 octobre 2018 un atelier de renforcement des capacités pour des policiers et militaires membres du comité de suivi des violations des droits de l’homme commises au sein de la PNC et des FARDC du Tanganyika.  

Axé sur « les libertés publiques » en période électorale, l’atelier a examiné trois modules à savoir « comprendre les libertés publiques », « libertés publiques et pratiques des autorités », « recours à la force et usage des armes à feu en cas de manifestations publiques ». Sur 30 participants attendus, 16 étaient présents dont 14 FARDC et 2 PNC, une seule femme était parmi les 16 membres qui ont reçu une importante documentation sur le thème développé. 

Le BCNUDH et les ONG de droits de l’homme de Kalemie ont tenu le 27 septembre 2018 au quartier général de la MONUSCO-Kalemie, leur réunion mensuelle sous le thème : « la protection individuelle, rôle du défenseur des droits de l’homme dans un réseau de protection ».  

Les principaux sujets abordés ont concerné le mandat de l’unité protection du BCNUDH, les canaux de collaboration avec le réseau de protection, les principes du travail de terrain pour capitaliser les connaissances acquises et multiplier les opportunités de lutter contre l’impunité. La séance a permis de rappeler aux participants l’importance de la célérité de la mise effective sur pied du réseau après le renforcement des capacités opéré à leur profit. 15 personnes dont 9 femmes ont pris part à cette réunion.  

Information publique :

La section de l’Information publique -Kalemie a organisé le 4 octobre 2018 une session de recyclage au profit des professionnels des médias de Kalemie. La session a porté sur le traitement de l’information en période électorale et abordé entre autres les questions du code d’éthique et de déontologie, la protection des journalistes. 66 participants membres des principaux médias de Kalemie (radio, télévision et presse écrite) ont pris part à la session dont 28 femmes. Plusieurs sections de la MONUSCO ont appuyé la rencontre, comme facilitateurs, notamment, la section électorale, la section des Affaires politiques, le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme ainsi que l’ONG ASMAH- AFRIC, comme partenaire d’exécution. 

Depuis le 6 octobre, la MONUSCO renforce sa présence à Kamako suite aux informations de refoulement de plusieurs milliers de migrants économiques de l’Angola vers la RDC au poste frontalier établi dans cette localité.  

Des milliers de personnes sont déjà refoulées à cette frontière subissant parfois des exactions tant du côté des militaires angolais que des agents et des services commis au poste frontalier du coté congolais. A travers le déploiement de ses troupes, la MONUSCO veut rassurer la population de Kamako dans le cadre de la protection des civils à travers des patrouilles diurnes et nocturnes mais aussi préparer le terrain pour une réponse humanitaire éventuelle face à cet afflux inattendu de personnes à Kamako. Une réunion d’urgence des acteurs humanitaires basés à Kananga a été organisée le 8 octobre 2018 afin de répondre à cette situation. 

La MONUSCO a inauguré le 2 octobre à Tshikapa, dans la province du Kasaï un centre de réinsertion des jeunes séparés des milices et groupes armés. Financé par la MONUSCO avec une contribution de la communauté locale, le projet va donner aux enfants touchés par les conflits armés ainsi qu’aux autres enfants vulnérables de la communauté, la possibilité de réaliser tout leur potentiel en mettant à leur disposition un espace de jeu sécurisé, un soutien psychosocial, une éducation à la paix et une formation professionnelle. Ce projet qui est un centre de formation professionnelle équipé a été réalisé par l'ONG locale « Œuvres de Don Bosco » à Tshikapa et va pouvoir accueillir environ 500 enfants, dont 200 filles, touchés par le conflit.  

Du 26 au 29 septembre, le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH) a organisé un atelier de formation sur les notions de monitoring de violations et d’abus des droits de l’homme et leur rapidité d’action. L’atelier avait pour but de contribuer à l’augmentation du niveau de connaissances des participants sur les notions de monitoring, rapportage de violations des droits de l’homme en lien avec le contexte électoral. Selon l’organisateur de cette formation à Tshikapa, « cet atelier s’inscrit dans une série d’activités prévues dans le cadre du projet de protection des droits de l’homme et des libertés publiques dans le contexte électoral en République démocratique du Congo qui est financé par le Département de développement international (DFID) et UK Aid et exécuté conjointement avec l’ONG internationale Avocats Sans Frontières. »   

Situation militaire : 

(Par le Lieutenant-colonel Serge Bruno Chabi, porte-parole militaire de la MONUSCO)  

La situation sécuritaire en RDC reste toujours préoccupante en raison de nombreuses attaques armées perpétrées non seulement contre les FARDC mais aussi contre les paisibles populations, notamment dans le nord-est du pays. 

Le Nord-Kivu reste toujours la province la plus affectée. En effet, les rebelles ADF ont, intensifié leurs actions dans cette partie du pays, notamment le territoire de Beni. 

Hier, 9 octobre encore, une patrouille de la compagnie sud-africaine de Mayimoya en mouvement pour Mavivi avec pour mission d’escorter des personnels du bureau des Affaires civiles de la MONUSCO à Eringiti est tombée sur une attaque de présumés ADF. Les assaillants pillaient visiblement le village de Maibo et dépossédaient les populations de leurs biens.  

L’arrivée inattendue de la patrouille de la MONUSCO a donc été salutaire pour ces dernières. Les assaillants s’en sont alors pris à la patrouille de la MONUSCO qui a riposté. Malheureusement, les forces négatives avaient déjà assassiné quatre civils. Ils ont également fait un blessé léger dans le rang des militaires sud-africains.  

Toujours sur le plan opérationnel, la MONUSCO a soutenu avec succès, l’offensive lancée par les FARDC contre les groupes armés dans le Sud-Kivu, le 20 septembre 2018. 

Un autre renfort de la MONUSCO a permis de repousser une attaque des ADF à Kasinga, c’était le 8 octobre aux environs de 17h45. L’attaque visait cette fois-ci uniquement les militaires congolais mais n’a fait que deux blessés légers parmi les FARDC.  

A chaque attaque, la MONUSCO a toujours réagi en envoyant une de ses Unités d’intervention rapide en appui aux FARDC. Cette prompte réaction permet de limiter les dégâts. 

La MONUSCO condamne bien évidemment ces attaques lâches et perfides perpétrées contre les paisibles populations et réaffirme sa volonté de combattre les groupes armés, aux côtés des FARDC et de la PNC, jusqu’à leur complète neutralisation. 

Dans l’optique de remplir sa mission dans toutes ses dimensions, la Force continue ses actions humanitaires au profit des populations les plus démunies ; ainsi les populations de Rwindi, Nord-Kivu, ont bénéficié d’une assistance médicale faite de consultations et de don de médicaments de la part du premier bataillon indien la semaine dernière.  

Des militaires de ce même bataillon ont sauvé la vie a sept victimes d’un grave accident de la route, survenu le 20 septembre. Ils leur ont administré les soins d’urgence avant de les évacuer vers l’hôpital de la ville de Kiwandja en vue d’une meilleure prise en charge.  

Enfin, les troupes de la MONUSCO se sont mobilisées le 6 octobre dernier afin de porter secours aux nombreuses victimes d’un accident de la voie publique, survenu suite à la collision entre un camion-citerne et deux autres véhicules, à proximité du marché de Mbuuba, village de Madimba dans le Kongo Central. Le choc a provoqué une violente explosion. Alertées, toutes les ressources disponibles à Kinshasa ont été mobilisées par les troupes de la MONUSCO qui ont rejoint les lieux de l’accident distant de plus de 100 km dans les plus brefs délais, afin d’administrer afin d’administrer les soins d’urgence et de premiers secours aux nombreuses victimes. Elles ont par la suite procédé à l’évacuation des cas les plus graves vers l’hôpital du cinquantenaire de Kinshasa.