RDC : le premier groupe d’officiers FARDC sera en formation aux USA en Septembre


Des dizaines d’officiers des FARDC pourront partir en formation aux Etats Unis au mois de septembre prochain.

Dans une interview exclusive accordée lundi 10 août à Radio Okapi, l’ambassadeur américain en RDC, Mike Hammer, a annoncé qu'il s'agit d’une première vague d’une série de formations qui s’étalera sur plusieurs années.

"On a programmé pour commencer au mois d’août, mais ce sera compliqué en raison de covid-19. J’espère que ça commencera en septembre. Il y aura des dizaines d’officiers qui pourront participer. Et on peut continuer. C’est une chose qui a été faite en concert avec le ministère de la défense. Il nous dira quels sont les officiers qualifiés pour suivre les divers cours qui se feront pendant des années. Ce sont des cours qu’on avait  avant. Mais c’est bon de commencer de nouveau en raison des progrès que la RDC aurait fait avec la traite des personnes ( NDLR entendez le respect des droits de l’homme). On verra mais j’espère que c’est un programme qu’on peut faire toutes les années et la formation peut aussi être assurée par des experts américains qui peuvent venir au pays et faire de training ici dans les diverses écoles de l’armée, des FARDC", a déclaré le diplomate américain.

Une coopération militaire dont l’évolution dépendra des avancées que la RDC aura réalisées dans les domaines de respect des droits de l’homme, de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption, a-t-il indiqué.

Voici l’interview de l’ambassadeur des Etats Unis Mike Hammer avec Radio Okapi :

Radio Okapi : Mike Hammer, bonjour

Les Etats-Unis viennent de décider de la reprise de la coopération militaire avec la République Démocratique du Congo. Qu’est-ce qui a motivé cette reprise ?

Mike Hammer :  Comme vous savez, le président Tshisekedi a voyagé aux Etats Unis la première fois en avril 2019, et quand il était-là, il a lancé avec nous le Partenariat privilégié entre les Etats Unis et la RDC, Et ça signifie qu’on fera des priorités, particulièrement pour voir comment on peut promouvoir la stabilité parce que comme le président Tshisekedi a dit, ce n’est pas possible d’avoir la prospérité sans sécurité. Et les Etats Unis sont bien intéressés pour coopérer avec les diverses forces de sécurité, et en tout cas le président Tshisekedi a demandé si c’est possible d’améliorer les relations de Défense. La préoccupation en 2019 était que la RDC était la dernière sur la liste des pays en ce qui concerne la traite des personnes. Et ça, c’est compliqué, parce qu’en accord avec notre loi aux Etats Unis, ce n’est pas possible d’avoir des relations de coopération tant qu’il y a violations des droits de l’homme.  Mais le président Tshisekedi a amélioré la situation. Il a lancé une nouvelle agence de lutte contre la traite des personnes et ça c’est très important. Il a fait des efforts pour qu’il n’y ait plus d’impunité pour des personnes responsables de la traite des personnes et pour des violations des droits de l’homme. Et ça signifie qu’en mai de cette année, la RDC est montée sur la liste et que les Etats Unis peuvent recommencer la coopération militaire

R O : Et cela vous a motivé, c’est ça ?

Mike Hammer : Oui, on a la volonté. Mais ce n’est pas possible en accord avec notre loi, mais maintenant c’est vraiment possible parce que nous voulons aider le président Tshisekedi, le pays, la RDC de vraiment améliorer la stabilité, la sécurité...

R O : M. l’ambassadeur, nous parlons de la coopération militaire. Dans les faits, qu’est-ce qui est prévu dans le cadre de cette coopération notamment du côté des FARDC ? En d’autres termes, quels bénéfices l’armée congolaise, les FARDC, vont  tirer de cette coopération ?

Mike Hammer : Bon…Premièrement, on commence avec les cours, le training pour les officiers des FARDC. On espère qu’en raison de Covid, on ne peut pas commencer tout de suite mais maintenant que les vols commerciaux commencent, prochainement il sera possible qu’en septembre les premiers officiers congolais partent aux Etats Unis pour suivre les formations, des cours divers comme l’Anglais, les droits de l’homme, de deux, c’est qu’on est prêt à aider avec la construction des casernes. Comme le président Tshisekedi et le ministre Ngoy m’ont dit, les conditions des FARDC ne sont pas bonnes.

R O : On parle de la formation des officiers militaires des FARDC aux Etats-Unis. Mais vous n’êtes pas sans ignorer que la RDC a d’énormes difficultés en matière d’infrastructures militaires et de la logistique. Y-a-t-il un programme dans ce sens chez les Américains ? 

Mike Hammer : Bon, on commence avec les casernes parce que je pense que c’est une priorité pour la RDC. Les Etats Unis ne font/ ne s’investissent pas beaucoup pour les infrastructures, notre focus, notre travail principal sera dans la formation. Mais on verra. On doit discuter et voir quels sont les besoins des FARDC.

R O : Qui dit ‘’coopération militaire parle aussi de l’insécurité ou de la sécurité tout court’’. La reprise de la coopération militaire ou les résultats attendus est-ce une autre façon pour les Etats-Unis d’aider la RDC à résoudre le problème d’insécurité résultant de la multitude des groupes armés qui pullulent dans l’Est du pays par exemple ?

Mike Hammer : Comme vous le savez, la MONUSCO  a un rôle très important pour protéger la population. Mais la MONUSCO ne peut pas faire ce travail sans la présence des FARDC qui font leur travail aussi. Les Etats Unis sont préoccupés par la situation sécuritaire dans l’Est. On verra ce qu’il faut faire. Ce n’est pas seulement une solution militaire. Oui, il y a des groupes armés très dangereux, les ADF et les autres. Mais il y a aussi, peut-être, des solutions politiques, diplomatiques. Je sais que le président Tshisekedi et la MONUSCO travaillent sur le programme de démobilisation et de réintégration de ces combattants.

R O : Vous parlez de la démobilisation des combattants des groupes armés, vous entendez par exemple apporter un soutien matériel ou financier pour aider à cette démobilisation ?

Mike Hammer : Peut-être, mais c’est un programme de la MONUSCO, des Nations unies, les Etats Unis contribuent à travers les Nations unies.

R O :   Pour clore cet entretien, dans la lettre du Lieutenant-Général James VECHERY adressée au président Felix Tshisekedi confirmant la décision de votre pays de reprendre la coopération militaire avec la Rdc à travers AFRICOM, il dit encourager le gouvernement congolais à poursuivre les échanges avec vous, Ambassadeur Mike Hammer, et le haut responsable américain de la défense à Kinshasa, Heather Okemu. Et il termine sa lettre en parlant de la poursuite d’un partenariat militaire plus solide. Jusqu’où les Etats-Unis d’Amérique sont-ils prêts à aller sur le plan militaire avec la RDC en parlant de la poursuite d’un partenariat militaire plus solide ?

Mike Hammer : Bon, c’est une question qu’on doit discuter ensemble. J’espère qu’il y aura des visites de notre commande d’Afrique. Le Général Demiliano est venu ici l’année dernière, peut-être qu’il peut revenir ou peut être le personnel de Pentagone à Washington. Mais les discussions commencent par vidéoconférence entre les généraux américains et congolais et aussi avec le ministre de la Défense. On va parler des besoins et de ce que l’on peut faire. Mais je pense que c’est bon pour les pays que la situation des droits de l’homme s’améliore et qu’on mette fin à l’impunité, il y aura de plus en plus d’opportunités dans la coopération militaire…

R O :  Pour terminer, revenons un peu à la formation, est ce qu’on peut avoir une idée sur la durée de cette formation, ça peut commencer exactement quand et combien de militaires congolais peuvent aller aux Etats Unis pour la première fois pour cette formation ?

Mike Hammer : On a programmé pour commencer au mois d’aout, mais ce sera compliqué en raison de Covid. J’espère que ça commencera en septembre. Il y aura des dizaines d’officiers qui pourront participer. Et on peut continuer. C’est une chose qui a été faite en concert avec le ministère de la Défense. Il nous dira quels sont les officiers qualifiés pour suivre les divers cours qui se feront pendant des années. Ce sont des cours qu’on avait  avant. Mais c’est bon de commencer de nouveau en raison des progrès que la RDC aurait fait avec la traite des personnes. On verra mais j’espère que c’est un programme qu’on peut faire toutes les années et la formation peut aussi être assurée par des experts américain qui peuvent venir au pays et faire de training  ici dans les diverses écoles de l’armée, des FARDC.

Vous pouvez suivre ici l'entretien en audio de l'ambassadeur américain avec jean Pierre Elali:

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