Ecoles conventionnées catholiques : réprobations contre la décision du Cardinal Ambongo

                             

Le Congo est un Etat laïc, et l’Eglise catholique n’a pas le droit d’imposer à un enseignant d’avoir la religion catholique, a affirmé vendredi 9 octobre, le président de l’Association africaine pour la défense des droits de l’homme (ASADHO), Jean-Claude Katende. Il fait partie de plusieurs personnalités qui condamnent le propos du Cardinal Ambongo, selon lequel, pour enseigner dans une école conventionnée catholique, il faut désormais être une fidèle catholique.

A moins d’une semaine de la rentrée scolaire, l’Eglise catholique réajuste les conditions d’éligibilité pour les enseignants du primaire dans les écoles conventionnées catholique. Dans son homélie de dimanche 4 octobre, le Cardinal Ambongo a déclaré que « tout enseignant de l’école primaire conventionnée catholique doit être un fidèle catholique, à partir de l’année 2020-2021. » 

La mesure de n’engager que les fidèles catholiques pour enseigner à l’école primaire conventionnée catholique, estime le Cardinal Ambongo, va impacter de manière positive la foi catholique et va préserver les valeurs et l’image de marque des écoles catholiques. 

Pour le coordonnateur de la coalition nationale de l’éducation pour tous, (CONEPT RDC), Jacques Tshimbalanga, la   décision du Cardinal c’est une forme de discrimination basée sur l’identité.  

Se basant sur l’article 13 de la constitution, Jean-Claude Katende explique qu’une école conventionne catholique, est une école publique parce que la RDC est un pays laïc.

Toutefois, il fait remarquer que l’Eglise catholique peut exiger l’identité des enseignants de son ressort pour ses écoles privées : 

« Nous avons les écoles privées catholiques, là l’église catholique a la possibilité d’imposer que tous les professeurs ou les enseignants soient d’obédience catholique. Mais, il faut que cela soit porté à la connaissance de l’enseignant dès le jour où il a posé sa candidature comme enseignant. » 

L’autre réaction est celle du coordonnateur du mouvement citoyen Compte à rebours, Chris Shemaf, qui conseille a l’Eglise catholique de retirer sa décision en toute humilité : 

« Sur le plan constitutionnel, c’est une décision qui viole l’article 13 de la constitution qui interdit toute forme de discrimination. Nous en tant que société civile nous déplorons. C’est une décision qui va ouvrir la brèche à toute sorte de proxénétisme religieux. Ça risque de créer une jurisprudence malheureuse, la question de la religion est une question   extrêmement sensible. L’Eglise catholique en toute responsabilité devrait, je pense, humblement retirer cette décision. » 

Pour sa part, le vice-ministre de l’Enseignement primaire secondaire et technique Didier Mudimbu affirme que, quelles que soient leurs obédiences, les enseignants sont pris en charge financièrement par le trésor public.  

Opposition du SYECO 

De son côté, la section de Lubero (Nord-Kivu) du Syndicat des enseignants du Congo (SYECO) s’insurge contre la décision du Cardinal Fridolin Ambongo. Selon son secrétaire permanent, Potiphar Tamuwite, il est inhumain que des enseignants perdent leur emploi pour la seule raison d’avoir une foi contraire à celle de l’Eglise catholique. 

Il appelle le Cardinal Ambongo à revoir sa décision, qu’il qualifie d’inconstitutionnelle. 

« Notre République est d’abord laïc. On ne peut pas obliger un enseignant d’être catholique, parce que d’abord il est un agent de l’Etat, il est payé par la République. Dire que cet enseignant sera obligé d’appartenir à telle ou telle autre foi religieuse, en tout cela viole plusieurs lois de la République notamment la constitution », a fait remarquer Potiphar Tamuwite. 

Il rappelle qu’il y a la loi portant statut des agents et fonctionnaire de l’Etat, et le code du travail, qui ne fait nullement allusion à a religion pour bénéficier d’un emploi. 

« Dans toutes ces lois que je viens de citer, il n’y a pas un article qui stipule que pour avoir tel ou tel autre travail, il faut appartenir à telle ou telle autre religion. Pire que l’enseignant sera mis dehors à cause de ne pas être catholique, en tout cas le SYECO n’est pas d’accord », s’est insurgé Potiphar Tamuwite. 

Le SYECO demande au Cardinal de revoir cette décision, « parce qu’un pasteur doit être rassembleur. » 

« J’ai bien lu cette déclaration, il justifie cela par la présence d’un programme qu’on appelle catéchèse, s’il y a un nouveau programme, on nous soumet toujours à des formations afin que nous puissions nous adapter à ce dernier », a fait remarquer Potiphar Tamuwite.