La Tempête des Tropiques : « Résolutions appréciées du Mini-sommet de Luanda, La sincérité des pays voisins mise en doute »

 
Les journaux parus ce vendredi 25 novembre à Kinshasa, reviennent à nouveau sur les résolutions du mini-sommet de Luanda de mercredi 23 novembre, entre la RDC, l’Angola et le Rwanda portant notamment sur le cessez le feu du M23 et son retrait des positions occupées.  Les parutions de ce vendredi s’interrogent et analysent ces résolutions dont le chronogramme devrait débuter ce 25 novembre.

 

D’entrée de jeu, La Tempête des Tropiques doute de la sincérité des voisins de la RDC et titre : « Résolutions appréciées du Mini-sommet de Luanda, La sincérité des pays voisins mise en doute ».

« Pour l’heure, malgré l’appréciation du rapport final de ce mini-sommet tenu dans la capitale de l’Angola, la sincérité de certains pays, aux intentions aussi belliqueuses comme le Rwanda, est mise en doute », affirme ce quotidien. Ces voisins, poursuit-il, qui « depuis de plus de décennies, ont fait de la RDC, dans sa partie Est, une véritable laitière pour piller ses nombreux minerais ».

Le tabloïd ajoute que « la communauté internationale, qui semble aussi apprécier les résolutions du mini-sommet de Luanda, a longtemps appuyé la pillage des richesses congolaises, selon les analyses de certains observateurs avertis et amis de la RDC qui ont toujours déplorés notamment les comportements de certaines multinationales qui ont également financé les groupes armés en RDC, notamment les étrangers, pour voler les minerais de la RDC ».

Et il conclut que « des Congolais, qui ont perdu plus de 8 millions de leurs compatriotes depuis plus de 25 ans à cause de cette situation d’insécurité à l’Est du pays, ne cessent de réclamer la paix. Ils exigent, pour une fois, les résolutions formulées à Luanda soient appliquées ».

L’application effective de l’accord de Luanda, c’est donc le défi à relever après ce mini-sommet, a soutenu le ministre Patrick Muyaya, rapporte Eco News. Le ministre de la Communication et Médias, porte-parole du Gouvernement, l’a fait savoir Jeudi soir, dans un briefing spécial co-animé avec le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, devant la presse pour élucider tous les contours du consensus de Luanda.

Le porte-parole du Gouvernement considère que «le Rwanda est en train de s’isoler sur le plan diplomatique». Avant de rappeler avec insistance : «Le défi, c’est de s’assurer que ce qui a été convenu soit appliqué», rapporte ce tabloïd.

Le journal ajoute que le vice Premier-ministre Lutundula a fait remarquer que Kinshasa a adhéré de bonne foi au consensus de Luanda. «Cet accord, nous l’avons signé sans naïveté ni faiblesse. Si le Rwanda ne s’y inscrit pas, la communauté internationale prendra acte que le Rwanda ne veut pas la paix. Quoi qu’il en soit, nous devons rester vigilant », a-t-il précisé, soulignant qu’ «à Luanda, il y a une garantie sécuritaire et militaire qui rejoint le processus de Nairobi», note  Eco News.

Est-ce la fin du M23 ? se questionne L’Avenir qui explique que « c’est ce qu’on est tenté de croire au regard du communiqué final et du calendrier ayant sanctionné le mini-sommet de Luanda, du 23 novembre 2022, dont l’objectif était de maintenir le dialogue entre la RDC et le Rwanda de manière à vider tout différend.

Le questionnement de ce quotidien s’appuie sur l’analyse du communiqué final de Luanda, faite par le vice Premier-ministre et ministre des affaires étrangères Christophe Lutundula lors du briefing à la presse avec le ministre de la communication.

En effet, rapporte L’Avenir, selon le ministre Lutundula, c’est pour la première fois que les deux processus (Luanda et Nairobi) se rejoignent et on dégage une perspective commune en termes de ce qu’il faut faire. Aussi, ce qui est sorti du communiqué ce n'est plus de la recherche des causes ou la littérature explicative. C’est une démarche concrète et précise. Enfin, il y a la garantie de bonne fin.

« Est-ce que ce qu’on a dit va s’appliquer quand on sait qu’avec la partie rwandaise, le respect de la parole donnée n’a jamais été au rendez-vous ? », s’interroge une fois de plus ce quotidien. Et lui même de répondre : « Ce scepticisme et générateur de la vigilance, pense Lutundula ».

Congo Nouveau, pour sa part, se demande « Félix Tshisekedi a-t-il été piégé ? »

En effet, ce bihebdomadaire indique que comme cela est d'habitude sur le plan diplomatique le sommet de Luanda a été sanctionné par un Communiqué final signé par tous les participants. Lequel communiqué exige le retrait des rebelles du M23 des zones qu'ils occupent après 48 heures. Leur désarme- ment est aussi exigé. Selon des sources ce tabloïd, les espaces libérés par les rebelles du M23 seront occupés par les militaires kenyans, venus dans le cadre de la force multinationale décidée par la Communauté des États de l'Afrique de l'Est.

Toutefois, souligne Congo Nouveau,  des questions restent posées quant à l'efficacité des mesures prises à l'issue du Sommet de Luanda :

« Que vont devenir ces rebelles après qu'ils se soient retirés des zones qu'ils occupent actuellement ? Qui va les désarmer quand on sait que la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo (Monusco) a montré son impuissance ? ».

A ces questions, Congo Nouveau répond que « des analystes de la situation qui prévaut dans la région des Grands-Lacs estiment que les participants au Sommet de Luanda n'ont pas été sincères avec le président congolais, Félix Antoine Tshisekedi ».

La première inquiétude est celle liée à l'absence du rwandais Paul Kagame, pense ce journal. "Que vaut un Sommet qui se penche sur la recherche de la paix dans l'Est de la République Démocratique du Congo sans Kagame ?", s'interroge à un acteur politique proche de l'opposition, rapporte Congo Nouveau.

« Bien plus, quelle garantie a-t-on donnée aux rebelles du M23 de quitter leurs positions sans être inquiétés après », s’interroge encore le tabloïd qui rapporte que « des observateurs de la scène politique craignent que ce Communiqué ne puisse pousser les rebelles du M23 à intensifier les combats sur terrain pour se faire entendre ».

La République également vient avec des doutes. Mais cette fois, liées à l’écriture du texte. Ce journal révèle qu’il y a une différence entre la version française et la version anglaise du texte final de l’accord de Luanda. Selon ce tabloïd, dans la version française le terme FDLR n’apparait pas. Il est dit « …cessation de tout soutien politico-militaire au M 23 et à tous les groupes armés locaux et étrangers opérant à l’Est de la RDC et de la region » alors que dans la version anglaise il est dit « ….cessation of all politico-military support to M23, FDLR and all other locals and foreign armed group… »

Ce journal se pose la question sur cette différence de traduction et pense que cela n’est pas anodin. Selon lui, « cette présence des FDLR au même niveau que le M23 est une demande du Rwandaise alors que Kinshasa n’en veut pas ».

Enfin, Le Potentiel, lui estime que la diplomatie a été payante. Il note que « les lignes bougent et l’étau se resserre autour du groupe terroriste M23 et son parrain, le Rwanda. Au lendemain du mini-sommet de Luanda en Angola, qui a exigé le retrait du M23 de toutes les positions qu’il occupe actuellement sur le territoire congolais, c’est le tour du Conseil de sécurité des Nations unies d’exiger du M23 la cessation immédiatement des hostilités, ses avancées sur le terrain et qu’il se retire de toutes les zones occupées ».

En effet, rappelle ce quotidien, réunis le 21 novembre 2022 pour discuter de la situation en RDC, et après avoir entendu l’exposé de la représentante spéciale du Secrétaire général pour la RDC et chef de la MONUSCO, Bintou Keita, les membres du Conseil de sécurité ont fermement condamné la reprise des attaques menées par le M23 au Nord-Kivu et la progression de cette milice vers la ville de Goma et d’autres zones. Le Conseil de sécurité accuse ouvertement ce mouvement terroriste d’aggraver les conditions de sécurité, la situation humanitaire et de porter atteinte à la stabilité de la région.

« Pour des observateurs avertis, jamais le Conseil de sécurité n’a été aussi sévère et direct envers ce mouvement rebelle appuyé par Kigali. Au vu de cette reconnaissance officielle de l’agression de la RDC par le Rwanda, à travers le M23, il se dégage que la diplomatie congolaise commence à porter des fruits. Mais la déclaration est une chose, sa mise en application en est une autre. Pourvu que le M23 s’exécute », conclut Le Potentiel.