Butembo : l’UAC, une université des prêtres Assomptionnistes, ouverte à la formation des laïcs

L’Université de l’Assomption au Congo (UAC), institution privée catholique d’enseignement supérieur et universitaire en République Démocratique du Congo implantée dans la ville de Butembo, est une initiative prise et réalisée par les Pères Assomptionnistes. Cette structure universitaire existe et fonctionne donc sous la responsabilité morale des prêtres augustins de l’Assomption ou Assomptionnistes. Mais elle a ouvert ses portes aux laïcs pour leur formation dans les facultés qu’elle organise, pour contribuer au développement de la ville de Butembo et ses environs, mais aussi celui de la RDC. 

Au sommet de la ville et de la science

Pour celui qui arrive à Butembo, il doit arpenter une route argileuse, taillée dans la nature, pour atteindre le principal site de l’Université de l’Assomption au Congo. Par bus de l’Université, véhicules privés, motos ou encore à pieds, les étudiants et formateurs empruntent cette route pour atteindre ce haut lieu de savoir.

Les bâtiments poussent dans un environnement où l’intelligence humaine a dompté la nature. Des pavées produites par des étudiants décorent, à côté de la pelouse, les alentours des imposants bâtiments accueillant des bureaux administratifs et des auditoires dont les monoplaces correspondent à la capacité d’accueil de l’UAC.

Conçue au départ pour former les religieux Assomptionnistes et d’autres religieux aux enseignements philosophiques leur permettant de continuer leur formation sacerdotale, l’UAC s’est ouvert, aux laïcs vers les années 2002 pour leur formation dans les facultés qu’elle organise, comme institution éducative privée d’obédience catholique.

L’UAC, explique le père Omer Kamate, secrétaire général académique, veut que ses étudiants soient « formés à devenir des hommes éminents par leur science, prêts à assumer les plus lourdes tâches dans la société, en même temps qu’à être des témoins de la foi dans le monde ».

Une expérience qui remonte en 1982

Comme université technique privée catholique, son enseignement n’est pas confessionnel. Il n’est pas seulement un lieu d’enseignement, d’apprentissage du savoir et du savoir-faire, mais un lieu de vie, de rencontre entre les personnes, de développement et de promotion de chacun des étudiants qui le fréquentent. En plus de la rigueur dans le travail, il met une note particulière sur le respect des autres, de leurs convictions, préalable pour le respect de la chose commune.

« Quand les pères assomptionnistes, qui travaillent dans la pastorale au diocèse de Butembo-Beni, ont pensé à la formation des jeunes, c’était vers les années 1982. Ils ont initié l’Institut supérieur de philosophie. C’était principalement pour préparer les futurs religieux à la théologie. Vers les années 2002, avec les mouvements de rebellions que le pays a enregistrés, les étudiants ne pouvaient pas se déplacer vers Kinshasa. Le ministère qui était soucieux de la formation, a fait remarquer qu’il fallait intégrer les jeunes laïcs qui avaient besoin de faire l’université. Le ministère a autorisé que l’Institut de philosophie qui était seulement pour les religieux, soit ouvert aux laïcs », explique le professeur Omer Kamate.

Des filières pour répondre au besoin du milieu

L’UAC forme des jeunes sur l’esprit critique et les enjeux socio-politiques mais aussi aux valeurs fondamentales humaines et chrétiennes pour qu’ils soient capables d’assumer des responsabilités dans la société.

Elle organise :

  • la faculté de lettres et sciences humaines qui regorge en son sein les départements de philosophie et des sciences de l’information et de la communication ;
  • la faculté des sciences économiques et de gestion, avec les départements d’informatique de gestion, management, gestion d’entreprises et organisation du travail ; 
  • la faculté de sciences de développement des milieux urbains et ruraux, avec le département de développement rural, développement communautaire ;
  • la faculté de psychologie et sciences de l’éducation, avec les départements de psychologie scolaire et de psychologie clinique.
  • Il y a aussi la faculté de sciences appliquées, avec les départements de génie civil, génie électrique, génie mécanique, architecture  et de génie informatique.

Mais l’UAC a lié des partenariats avec d’autres universités pour que les professeurs s’occupent de certains enseignements pour lesquels l’expertise n’est pas trouvée localement, assure le secrétaire général académique Omer Kamate :

« Nous avons plus d’enseignants dans le domaine de la Philosophie. Et là c’est assez autonome. On est en train d’aller vers une autonomie des professeurs vers les sciences de l’économie et de l’information et de la communication. Les autres facultés, c’est vrai, nous sommes obligés de faire appel à des professeurs à travers le pays, principalement Kinshasa, où pour le domaine de la communication, on a conclu un partenariat avec l’IFASIC. Pour d’autres sciences, nous collaborons avec certains départements de l’UNIKIN ».

Des laboratoires pour relier la théorie à la pratique

Mais les étudiants eux, disposent du matériel et des infrastructures qui leur permettent de s’exercer et ainsi relier la théorie à la pratique. Le Professeur Omer Kamate cite notamment la Radio et la télévision Moto pour ceux qui font les sciences de l’information et de la communication, un laboratoire informatique, un laboratoire bio-technologique, un terrain pour l’expérimentation des plantes, notamment des bananiers et un programme de gestion des déchets. 

Neuf cents étudiants prennent part à cette formation et le comité de gestion veut relever les défis qui s’imposent pour une formation de qualité, explique le secrétaire général académique de l’UAC :

« Aujourd’hui nous avons autour de 900 étudiants repartis dans les différentes facultés. C’est vrai ça fait une joie de les avoir. Mais en même temps ce sont des défis à relever. Accompagner 900 étudiants, surtout dans un contexte où il y a un peu d’insécurité et un contexte qui ne nous permet pas de nous épanouir à cause de certains freins socioéconomiques et des difficultés matérielles et financières des parents de nos étudiants, quelque part ça pose problème. Mais ça fait notre joie d’avoir ce grand nombre. On les accompagne pour une formation de qualité ».

Une formation qui contribue à la réputation de l’institution

C’est cette formation de qualité qui contribue à la réputation de l’institution, l’un des facteurs qui pèsent pour les étudiants, au moment du choix, comme l’affirme Jérémie Kyaswekera, étudiant en Master 1, Communication stratégique des organisations :

« J’ai d’abord été intéressé par l’institution et sa notoriété sur terrain. J’ai entendu parler de l’UAC alors que j’étais encore aux humanités, à travers ses activités extra académiques, mais aussi à partir de certains ressortissants qui se démarquaient dans la société, à travers des secteurs différents. Ceci m’a poussé à prendre l’inscription à l’UAC ».

Machane Mayanza, étudiante en Master 1 Communication stratégique des organisations, venue de la ville de Beni, a été attirée par les outils qui permettent aux étudiants de mieux s’exercer :

« Ce qui m’a beaucoup marqué à l’UAC c’est la pratique. Dans d’autres universités, on forme sur le plan théorique, mais des étudiants éprouvent des difficultés pour exercer sur terrain. A l’UAC, on a plus de temps pour la pratique. Nous avons un studio école pour nos pratiques : la Moto Tv et la Radio Moto sont les outils qui nous permettent de nous exercer. Il y a aussi les laboratoires techniques pour le montage, le site internet où nous publions nos articles,… C’est cette pratique qui me marque, parce qu’elle nous donne une compétence dans le monde professionnel ».

Pour être régulièrement inscrit à l’UAC, les étudiants payent, selon les filières, entre 340 et 500 dollars. Ces frais sont payés par tranches. Le principal défi pour l’UAC, explique le secrétaire général académique, est l’autonomie du corps académique.