RDC : Vital Kamerhe retrouve le perchoir de l’Assemblée nationale, 15 ans après l’avoir quitté

Vital Kamerhe est officiellement élu ce mercredi 22 mai président du bureau définitif de l’Assemblée nationale de la RDC. Un poste qu’il a quitté en 2009, sous pression de son ancien parti politique, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD).

Le vote de ce mercredi est en réalité un plébiscite pour Vital Kamerhe, président du parti politique UNC et candidat unique de la majorité parlementaire à ce poste.  L’ancien vice-premier ministre et ministre de l’Economie a bénéficié de 371 voix pour reprendre les commandes de la Chambre basse du Parlement.

Victoire aux primaires

Avant d’être présenté comme candidat unique de l’Union sacrée de la Nation (USN), Vital Kamerhe a fait face à la concurrence. Pour départager les différents prétendants, le présidium de l’Union sacrée de la Nation a proposé des primaires.

Vital Kamerhe sera désigné le 23 avril candidat de l’USN au poste du président du bureau définitif de l’Assemblée nationale. Il a remporté l’élection primaire organisée par la Majorité afin de départager trois candidats au poste du speaker de la Chambre basse du Parlement.

Le président de l’UNC a raflé 183 voix sur 372 votants, essentiellement députés de l’USN.

Vital Kamerhe avait comme concurrents Modeste Bahati, président sortant du Sénat et Christophe Mboso, président sortant de l'Assemblée nationale.

Il a promis de mettre en avant son engagement pour une transparence accrue dans la gestion des affaires publiques et redorer l’image de l’Assemblée nationale avec des débats vifs et constructifs et des échanges d'arguments solides au Parlement.

Une institution qu’il maîtrise

Vital Kamerhe retrouve une institution qu’il a déjà dirigée entre 2006 et 2009. Ancien proche collaborateur du président Joseph Kabila, Vital Kamerhe a été poussé à la démission de son poste du président de l’Assemblée nationale en 2009. En février de cette année-là, il avait critiqué les opérations militaires conjointes des armées congolaise et rwandaise contre les milices dans l’Est de la RDC. Ses critiques lui avaient valu le désaveu de la majorité présidentielle à laquelle il appartenait.

Des mécanismes seront mis en place pour l’évincer du perchoir. Il va présenter sa démission au cours d’une courte plénière. Sans débat ni vote, sa démission a été acceptée par l’assemblée plénière.

Dans un bref discours, Kamerhe avait fait savoir que son parti politique, le PPRD lui avait écrit pour lui demander de démissionner sans délai à la suite de ses propos tenus sur les ondes de Radio Okapi. Il n’avait pas voulu le faire, disait-il, en dehors de la plénière qui l’avait élu.

Il va, à la suite de cette éviction et crise de confiance, quitter le PPRD et créer, avec d’autres députés, l’Union pour la nation congolaise (UNC), parti dont il est président.

Leader de l’Opposition

Vital Kamerhe va désormais évoluer comme opposant au régime Kabila. Avant les élections de décembre 2018, les ténors de l’opposition se retrouvent à Genève. L’opposition va décider de se trouver un candidat commun pour l’élection présidentielle prévue en décembre. Réunis à Genève sous la facilitation de la fondation Kofi Anan, Felix Tshisekedi n’est pas désigné candidat commun de l’opposition à la surprise de son parti qui appelle aussitôt à rejeter les conclusions de Genève. Martin Fayulu est désigné candidat commun de l’opposition.

De cette situation naitra un rapprochement entre Felix Tshisekedi et Vital Kamerhe, ancien baron du régime Kabila passé lui aussi à l’opposition depuis 2009. C’est alors que Cap vers le changement (CACH), la coalition qui va mener Felix Tshisekedi à la magistrature suprême, verra le jour. Vital Kamerhe sera désigné directeur de cabinet du nouveau Président de la République.

Des déboires judiciaires

Devenu le bras droit du nouveau Chef de l’Etat, il va alors gérer le projet des 100 jours de ce dernier. Mais le 8 avril 2020, il va être placé sous mandat d’arrêt provisoire et conduit à la prison centrale de Makala pour détournement des fonds alloués au projet des 100 jours du Président de la République.

Le parquet cherchait à obtenir de lui notamment les renseignements sur son rôle dans la passation des marchés, la procédure, le décaissement des fonds affectés aux travaux des sauts-de-mouton et des logements sociaux.

Le tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe va, dans son verdict, condamner Vital Kamerhe à vingt ans des travaux forcés. Le président de l’UNC sera acquitté en appel. Il va, dans la foulée, intégrer le Gouvernement comme vice-Premier ministre et ministre de l’Economie.

Il échappe à un attentat

Alors qu’il était désigné candidat de l’Union sacrée de la Nation au perchoir de la chambre basse du parlement, Vital Kamerhe a été la cible d’une attaque armée. Sa résidence a été prise d’assaut vers 4h30, le dimanche 19 mai, par un groupe d'hommes armés en tenue militaire.

Deux de ses gardes du corps ont péri dans cette attaque ; son parti, mais aussi les différentes institutions ont condamné cette attaque.

Les enquêtes qui sont en cours détermineront les mobiles des assaillants dont certains ont été interpellés.

De son parcours

Vital Kamerhe est né le 4 mars 1959 à Bukavu (Sud-Kivu). Il est porteur d’un diplôme de licence en Sciences économiques de l’Université de Kinshasa et d’une thèse en linguistiques de l’Université Hellenic américaine d’Athènes.

Vital Kamerhe a été plusieurs fois directeur de cabinet, conseiller des ministres sous la deuxième République. Il figure parmi les acteurs qui ont joué un rôle de premier plan, pour le compte du Gouvernement, dans le processus de paix qui a abouti aux accords de Lusaka et à l’accord global et inclusif de Sun City (février 2003).  

Le nouveau président de l’Assemblée nationale a été commissaire général adjoint du Gouvernement chargé des affaires de la MONUC pour des questions politiques, logistiques et finances. Il a été plusieurs fois élu député national.

Vital Kamerhe a été secrétaire général du PPRD, de juin 2004 à septembre 2007.

De sa vision

Vital Kamerhe angle son mandat sur :

  • Les lois impartiales en faveur de la RDC et de son peuple,
  • Le contrôle parlementaire sans complaisance,
  • Démocratie parlementaire agissante,
  • Archivage numérique des résolutions et autres documents relatifs aux activités de la Chambre basse,
  • La police de débats équilibrée.  
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