Devant la Commission ATI-NTIC de l’Assemblée nationale, le directeur général de la Société nationale d’électricité (SNEL SA), Fabrice Lusinde, a fait un plaidoyer pour un soutien à l’industrie de l’électricité et à son fleuron, la SNEL SA. Plus qu’un fleuron, un bien commun, outil de notre souveraineté énergétique.
« Nous sommes au service de l’Etat. Ce type d’échange devrait devenir régulier, pas seulement ici, mais aussi sur le terrain, au cœur des chantiers et des réalités que vivent nos concitoyens », a plaidé Fabrice Lusinde.
Les réponses aux questions ont révélé la nécessité de faire bouger les lignes : d’un côté, des infrastructures vétustes et une production menacées faute d’apport suffisants en eaux ; de l’autre, une facture de consommation d’électricité que l’État propriétaire ne paie pas.
Résultat des courses : 73 millions USD de pertes cumulées au 1er trimestre 2025, dont :
- 23 millions USD en janvier,
- 14 millions USD en février,
- 18 millions USD en mars,
Et près de 6 millions USD chaque mois d’impayés de l’État. Cela représente plus de 50% du budget d’investissement sur fonds propres de l’entreprise.
Chute libre des recettes
« Nous ne pouvons plus continuer à faire semblant : sans moyens, il n’y a ni maintenance ni investissement. L’effondrement de la production du parc Sud –causé par les digues construites dans les bassins versants de la Lufira et du Lualaba a entraîné une chute dramatique de nos recettes », a-t-il expliqué.
Si le directeur général de la SNEL a tenu à rassurer les députés quant aux efforts en cours : digitalisation, cost killing, mise en œuvre du contrat de performance avec l’État, il n’a pas caché les limites imposées par la chute libre des recettes de l’entreprise. Les projets d’assainissement et de stabilisation du réseau sont en cours, mais freinés par budget d’investissement plombé.
« Sans recettes suffisantes ni soutien du Budget de l’Etat pour le paiement arriérés, on perd la capacité de soutenir les investissements critiques et indispensables pour améliorer sensiblement la desserte et le service public de l’électricité », a-t-il défendu.
Des projets mis en exergue
Plusieurs projets structurants ont néanmoins été mis en avant, témoignant de la vision stratégique de la direction :
• Construction de nouvelles centrales et poursuite du programme de rénovation des centrales existantes
• Programme d’assainissement des réseaux urbains et de digitalisation du service à la clientèle
• Projets de parcs solaires
Le message le plus clair du DG reste un plaidoyer pour le financement spécifique des factures de consommation d’électricité de l’État dans le prochain Collectif budgétaire. Il a sensibilisé les députés sur la nécessité de prendre les mesures idoines pour sortir définitivement la SNEL d’un cycle d’endettement sans fin.
Des menaces
Au-delà de la technique et des chiffres, le DG a présenté les menaces de :
• l’Urbanisation anarchique,
• Pollution des cours d’eau,
• Absence d’une fiscalité énergétique incitative et propice à l’investissement.
Autant de défis qui dépassent le cadre de gestion SNEL et qui exigent une vision d’ensemble, portée par tous les décideurs et acteurs concernés par l’essor de l’industrie de l’électricité et l’industrialisation.