Recrudescence des troubles mentaux à Bunia: un cri d’alarme des professionnels de santé


Le nombre de personnes atteintes de troubles mentaux ne cesse d’augmenter dans la ville de Bunia, située dans la province de l’Ituri, en République démocratique du Congo. À l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, célébrée chaque 10 octobre, les centres spécialisés ont tiré la sonnette d’alarme sur une situation préoccupante.

Selon les données de l’institution Santé mentale Lobiko (SAMELO), environ 300 nouveaux cas sont enregistrés chaque mois, contre 200 cas mensuels l’année précédente. Cette augmentation significative témoigne d’une détérioration du bien-être psychologique dans la région, affirme les responsables de ce centre spécialisé en santé mentale.

A SAMELO, près de 2 400 patients souffrant de troubles mentaux ont été recensés en 2024. Un chiffre déjà dépassé en 2025, selon les responsables. La majorité des patients bénéficient de soins ambulatoires, tandis que les cas les plus graves sont hospitalisés.

Les causes profondes : guerre et dépendances

Les spécialistes attribuent cette recrudescence à plusieurs facteurs :

Traumatismes liés aux conflits armés : tueries, viols, détonations, images choquantes de violences extrêmes.
Consommation abusive de drogues et d’alcool, notamment chez les jeunes.

Une psychologue du centre SAMELO souligne :

« Dans le contexte de l’Ituri, pour prévenir la maladie mentale, il faut d’abord limiter l’accès aux substances psychoactives, assurer la sécurité de la population, et éviter l’exposition aux images traumatisantes ».

Témoignage : un chemin vers la guérison

Parmi les patients, un enseignant d’une quarantaine d’années, interné depuis un mois, partage son expérience :

« J’ai cessé de dispenser le cours en attendant que je me rétablisse. Je pressens un changement : je ne suis plus violent. J’ai renoncé à prendre le whisky, j’ai renoncé à fumer le tabac ».

Son témoignage illustre le lien direct entre addictions et troubles mentaux, mais aussi l’espoir d’une réhabilitation grâce à un accompagnement adapté.

Un besoin urgent d’accompagnement psychologique

Les experts estiment que la majorité de la population vivant dans les zones de conflit en Ituri présente des troubles psychologiques nécessitant une prise en charge. Face à cette réalité, les centres de santé mentale appellent à :

  • Un renforcement des structures de soins.
  • Une sensibilisation communautaire.
  • Une politique de santé mentale intégrée dans les efforts de paix et de reconstruction.
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