Beni: assassinat de Patient Chebeya Bankome, journaliste caméraman de la RTNC

Dans la nuit de lundi à mardi, des hommes armés et en uniforme ont abattu à Beni un journaliste caméraman de la RTNC (Radio télévision nationale congolaise). La victime, Patient Chebeya Bankome, a été interceptée par ses assassins vers 22h alors qu’il rentrait à son domicile.

Ils lui ont ravi son téléphone et de l’argent avant de lui loger deux balles, l’une dans la tête et l’autre dans la nuque, selon un responsable de la société civile locale.

Ce dernier déplore la recrudescence de l’insécurité dans la ville de Beni depuis le mois de mars. La plupart des cas, affirme-t-il, sont attribués aux militaires des FARDC. Gilbert Kambale, président de la coordination urbaine de la société civile de Beni, témoigne :

Dans la nuit du 15 au 16 mars 2010, il y a M. Sangala qui a été étranglé autour de l’aéroport de Mavivi; jusque là, l’enquête n’a pas donné de résultat. Dans la nuit du 2 au 3 avril 2010, M. Kaski Kabinda, un journaliste d’une radio locale, a été agressé par des militaires qui l’ont blessé à la tête. Au cours de la même nuit, M. Safari Levi s’est fait attaquer par des bandits en tenue militaire qui lui ont logé deux balles au niveau du bras. Et enfin, cette nuit, M. Patient Chebeya Bankome, journaliste de la RTNC, a été assassiné. A part ça, il y a beaucoup d’autres cas où on extorque les gens, où les gens reçoivent des messages anonymes au téléphone.

Deux militaires suspectés

La police locale annonce que les auteurs présumés de cet assassinat, deux militaires, sont aux arrêts au cachot de l’auditorat militaire.

Par ailleurs, le commandant de la police de Beni réfute la recrudescence de l’insécurité, estimant que les cas évoqués sont isolés. A ses yeux, les efforts déployés depuis l’année dernière dans cette ville donnent déjà des résultats satisfaisants.

Journalistes révoltés

Mardi sur Radio Okapi, « Journaliste en danger » (Jed) s’est dit révolté. Le président de cette ONG de défense de la liberté de presse en RDC estime que la criminalité contre les journalistes dans l’est du pays provient d’un sentiment d’impunité. Donat Mbaya explique :

Si, par le passé, on avait mis un point d’honneur à régler à l’est les problèmes d’insécurité qui ont touché les journalistes ces dernières années, peut-être que cela aurait dissuadé l’industrie du crime. Il nous semble clair que le caméraman était attendu, et que la mission principale des assaillants était de le tuer. Tous les témoignages indiquent qu’ils lui ont dit qu’ils étaient venus le tuer après l’avoir dépouillé.