Genève: l’Onu publie un rapport sur les atrocités commises en RDC de 1993 à 2003


L'Angola, le Burundi, l'Ouganda, le Rwanda, le Tchad et le Zimbabwe sont accusés des crimes dans le rapport Mapping

La Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Mme Navi Pillay a publié, vendredi 1er octobre, un rapport de 550 pages répertoriant 617 des plus graves violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire, commises au cours d’une période de dix ans par les acteurs étatiques, dont les pays voisins de la RDC, et non étatiques dans la République démocratique du Congo.

Des dizaines de milliers de personnes ont été tuées et de nombreuses autres ont été violées, mutilées ou victimes d’autres formes de violence au cours de la décennie en question, indique le rapport étayé des faits rapportés par les témoins.

Réagissant à la divulgation fin août, dans le journal français Le Monde d’un projet antérieur du texte et les « discussions intenses » qui s’en sont suivies, Mme Pillay a indiqué que ces discussions ont porté sur un seul aspect du rapport à savoir l’évocation de la possibilité que les forces armées du Rwanda et leurs alliés locaux auraient pu commettre des actes pouvant constituer des crimes de génocide.

« Le rapport souligne que cette question ne peut être tranchée que par un tribunal compétent », a-t-elle déclaré.

Le rapport examine également en détail les différentes options en termes de vérité et de réconciliation, ainsi que pour traduire en justice les auteurs présumés de crimes graves.

Le rapport est le résultat d’un « Projet Mapping » qui a nécessité plus de deux ans pour les recherches et la finalisation. Une équipe de 33 personnes a interrogé environ 1280 témoins en RDC pendant huit mois.

Le Rwanda et le Burundi rejettent le rapport

Dans un commentaire officiel joint au rapport de l’ONU, Le Rwanda “rejette catégoriquement le rapport” des Nations unies qui l’accuse de graves crimes en RD Congo.

Le gouvernement rwandais accuse les auteurs du rapport de chercher à “valider la théorie du double génocide”, selon laquelle les massacres de réfugiés hutus rwandais en RD Congo en 1996-1997 seraient à mettre sur le même pied que le génocide contre les Tutsi perpétré en 1994 par le régime extrémiste hutu alors au pouvoir à Kigali (au moins 800.000 morts selon l’ONU), rapporte l’AFP citant le commentaire du Rwanda sur ce rapport.

Ce rapport est “clairement destiné à déstabiliser la sous-région”, a déclaré vendredi à l’AFP, le porte-parole du gouvernement burundais le qualifiant de « non sens ».

D’après lui, l’ex-armée burundaise et les anciens mouvements rebelles ne peuvent être impliqués dans les massacres étant eux-mêmes concentrés sur le conflit burundais qui faisait rage à l’époque.

L’ambassadeur permanent de la RDC à l’ONU, Ileka Atoki, a estimé vendredi que les informations contenues dans ce rapport ne sont pas nouvelles.

Il a demandé à la communauté internationale, « particulièrement ceux qui ont financé le Rapport Mapping » de travailler étroitement avec la RDC pour mettre en place des mécanismes afin de rendre la justice aux victimes.