Procès Bemba: réactions de la défense et des avocats des victimes après les premières audiences


Le sénateur Jean-Pierre Bemba à la Haye

Après les premières audiences, les avocats des deux parties ont profité de deux journées libres pour livrer leurs impressions sur le déroulement du procès de l’ancien vice-président de la RDC. Du côté des victimes, leur représentante se dit satisfaite des travaux et revient sur la responsabilité de Jean Pierre Bemba sur ses troupes. La défense, elle, dénonce l’impartialité du procureur Luis  Moreno.

Me Marie Edith Douzima estime que les victimes qui ont témoigné sont revenues sur l’identification de leurs bourreaux et du chef à qui ils obéissaient, allusion faite à Jean-Pierre Bemba. Ce qui implique, selon elle, le pouvoir qu’exerçait Jean-Pierre Bemba sur ses hommes.

Elle explique :

Nous ne pouvons pas nier que c’est le président Patassé  qui a fait appel à Jean-Pierre Bemba pour que les troupes de ce dernier se retrouvent sur le territoire centrafricain. Il était démontré par les témoignages… Eux-mêmes [les militaires de Bemba] sont allés, ils ont mis leur base à certains endroits et c’est eux-mêmes qui dirigeaient les troupes et les militaires centrafricains étaient complètement effacés.

La représentante des victimes admet que c’est bien le gouvernement centrafricain qui a fourni les armes. Elle précise toutefois que Jean-Pierre Bemba aurait pu éviter les exactions commises par ses troupes, mais il ne l’a pas fait.

Du côté de la défense, Me Aimé Kilolo revient sur les faiblesses de l’accusation et sur la partialité du procureur. Pour lui, le procureur a écarté les témoins qui peuvent déculpabiliser son client :

On est dans une affaire de commandement militaire. Nous avons des officiers  centrafricains qui étaient sur terrain, qui disent que,  c’est l’état major-général centrafricain lui-même qui s’occupait de toutes ces questions-là. Nous regrettons que le procureur qui a pourtant l’obligation de mener des enquêtes à charge et à décharge, donc une obligation  d’impartialité, se refuse de retenir ces personnes-là qu’il a lui-même interrogées, tout simplement c’est parce que ces personnes finalement déchargent.

Me Kilolo affirme avoir un sentiment amer de constater finalement qu’on a à faire à un bureau du procureur qui semble avoir bâclé les enquêtes.

Les audiences pour ce procès reprendront le 11 janvier prochain.