Matthieu Kabwelulu autorise la reprise de l’exploitation minière dans les Kivu

Le ministre des Mines, Matthieu Kabwelulu a levé, mardi 1er févier, la mesure du chef de l’Etat suspendant l’exploitation minière dans le Maniema, le Nord et Sud-Kivu. Mais, la levée ne doit prendre effet qu’au 10 mars 2011. Cette nouvelle a été annoncée au terme de quatre jours d’intenses discussions d’harmonisation entre le ministère des Mines et les intervenants dans ce secteur.

«Nous avons décidé ainsi [ d'autoriser l'exploitation minière] parce que nous avons vu que sur terrain des préalables que nous avons posés avant la reprise étaient déjà accomplis. Il s’agit notamment du déploiement des agents pour faire la traçabilité et l’étiquetage des colis, la certification étaient déjà sur place » , a déclaré Martin Kabwelulu pour justifier l’autorisation de l’exploitation minière.

Les mesures prises au cours de ces discussions seraient bénéfiques lors de la réouverture des activités minières, a-t-il estimé, et que la RDC serait «en mesure de faire une traçabilité efficiente depuis l’extraction des minerais jusqu’à l’exportation.»

Plusieurs actes d’engagements ont été signés à cette occasion, par les différents  intervenants, des creuseurs artisanaux au ministre des Mines lui-même. Chacun d’eux s’est engagé à respecter la législation minière en vigueur pour assurer une bonne traçabilité des minerais.

A titre d’exemple, les négociants sont tenus à n’acheter les minerais qu’auprès des creuseurs artisanaux et les vendre seulement aux comptoirs agréés ou sur les marchés boursiers reconnus.

Le gouverneur du Maniema, Tutu Salumu, a émis des réserves lors de la signature de ces documents. Il explique :

«Quand nous avons travaillé en atelier, nous nous sommes dit que les cartes de négociants ainsi que celles des creuseurs relevaient de la compétence des provinces. Mais, vous avez bien senti que dans les textes on a encore retenu que les provinces ne pouvaient délivrer que des cartes provenant du gouvernement central, contrairement à ce qui a été dit lors de l’atelier. Nous pensons que c’est une erreur qui sera vite corrigée.»

De l’avis de la société civile et des opérateurs économiques, cette interdiction d’exploitation n’avait pas été salutaire, comme l’ont prétendu les décideurs.

Elle a  causé des dégâts sur le tissu économique des provinces concernées. Car, explique la même source, l’exploitation minière constituait la principale activité économique.

En févier, par exemple, l’ONG Observatoire gouvernance et paix (OGP) a constaté que l’économie était par terre et que l’insécurité augmentait dans de nombreux coins de ces provinces.

Les conséquences se sont fait aussi sentir à l’étranger. L’étain a pris de l’ascenseur sur le London Metal Exchange, le plus important  marché mondial de métaux de base. La tonne y est passée de 21 000 à 27 000 USD en octobre 2010, soit un mois après la suspension de l’exploitation minière artisanale dans l’ex-Kivu.

Par contre, le vice gouverneur du Sud-Kivu, Jean-Claude Kibala, avait salué cette suspension, estimant qu’elle allait accroître la fréquentation scolaire et valoriser le secteur touristique.

L’interdiction de l’exploitation minière a été décidée en septembre 2010 par le Président Joseph Kabila pour les trois provinces de l’Est de la RDC.

Cette décision, selon le gouvernement congolais, visait à encourager la mise en place d’un mécanisme plus formel pour l’industrie minière dans le pays afin de bien contrôler les revenus qu’elle génère.