Le réseau national des ONG des droits de l’homme (Renadhoc) se dit consterné de la dégradation de la situation des droits de l’homme en République démocratique du Congo, six mois après l’investiture du gouvernement Matata Ponyo et un mois après la tenue du sommet de la Francophonie. Le secrétaire exécutif de cette structure, Fernandez Murhola, a, dans une déclaration rendue public mardi 13 novembre à Kinshasa, décrié des violences faites aux femmes qui ont atteint « le seuil de paroxysme et surtout dans la partie Est du pays. »
Dans un document intitulé : « Six mois après l’investiture du gouvernement Augustin Matata Ponyo : Quel bilan sur l’échiquier des droits de l’homme ?», le Renadhoc précise qu’à ce jour, « il n’existe aucun indicateur objectivement vérifiable lié à la matérialisation du premier objectif du programme d’action quinquennal du gouvernement (2012-2016), axé sur la poursuite des reformes institutionnelles en vue de renforcer l’efficacité de l’Etat. »
Lors de la présentation du programme de son gouvernement, Matata Ponyo s’était engagé notamment à :
- Reformer l’armée, la police et les services de sécurité
- Reformer le système judiciaire
- Promouvoir les droits de l’homme
- Lutter contre la corruption et l’impunité
- Favoriser la promotion du genre et l’amélioration du statut de la femme et de l’enfant
A ces sujets, le Renadhoc, estime qu’« aucun progrès n’a été enregistré », arguant que la reforme de l’armée, de la police nationale congolaise et des services de sécurité reste toujours assujettie à l’absence de la volonté politique, pourtant très salutaire pour la survie de la nation.
Fernandez Murhola a ajouté que la reforme du système judiciaire est toujours bloquée à souhait.
« La promotion des droits de l’homme n’est pas toujours intériorisée par les instances de prise des décisions et la lutte contre la corruption et l’impunité demeure hypothétique. La promotion du genre ainsi que l’amélioration du statut de la femme et de l’enfant demeure des slogans », a-t-il indiqué.
Procès Chebeya
A en croire le Renadhoc, la jouissance et l’exercice des droits et libertés fondamentaux des citoyens congolais sont fréquemment bafoués. L’ONG évoque entre autre le procès en appel de l’assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana Edadi.
« Toutes les conditions requises pour un procès équitable et juste ne sont pas réunies pour l’éclosion de la vérité. Le procès ressemble aujourd’hui à une mise en scène dont le dénouement est connu d’avance », fait savoir le Renadhoc.
L’ONG de défense des droits de l’homme se plaint que John Numbi qu’elle considère comme le principal suspect dans ce double assassinat ne comparaisse pas comme accusé mais come témoin. Elle estime néanmoins important de rester partie prenante au dit procès en tant que partie civile jusqu’à l’épuisement des voies de recours au niveau national.
Le refus de la Haute cour militaire de ne pas placer John Numbi dans le box des accusés fait croire au Renadhoc que « cela compromet substantiellement la suite du procès et surtout la manifestation de la vérité sur les circonstances et les motivations réelles de ce double assassinat ».
Rébellion du M23
Le Renadhoc dénonce aussi les occupations des groupes armés en citant nommément le Mouvement du 23 mars (M23), qui « sème la terreur, la désolation et les tragédies humanitaires dans la partie Est de la RDC, en complicité avec certains pays voisins dont le Rwanda et l’Ouganda. »
« Les habitants de ces zones sont soumis quasi quotidiennement à des traitements cruels, inhumains et dégradants », révèle la déclaration du Renadhoc.
Pour ce faire, le Renadhoc appelle le gouvernement de la RDC à rompre les relations diplomatiques avec le Rwanda et l’Ouganda, deux pays accusés d’agresser l’Est du pays.
« Le Renadhoc invite le gouvernement à lancer des mandats d’arrêts internationaux contre les principaux animateurs du M23 et autres forces négatives qui commettent impunément des crimes sur le territoire congolais », a ajouté la même source.
L’Est de la RDC est en proie à la rébellion du M23 depuis le mois de mai dernier. Des ONG internationales ainsi que les experts des Nations unies accusent le Rwanda et l’Ouganda d’apporter leur soutien politique, logistique et militaire à ce groupe rebelle.
Kigali et Kampala n’ont jamais accepté les conclusions de ces différents rapports.
Léthargie de la justice
Le Renadhoc dénonce la léthargie actuelle à la tête du ministère de Justice et des Droits humains. Il appelle le président Joseph Kabila et le Premier ministre Matata Ponyo à remplacer le responsable de ce ministère, Wivine Mumba Matipa “pour n’avoir pas été à la hauteur de ses responsabilités”.
A titre d’exemple, Le Renadhoc évoque que sous prétexte d’atteinte à la sûreté de l’Etat, plusieurs journalistes et médias sont réprimés par les services de sécurité. Il parle aussi des personnalités politiques qui croupissent dans les prisons à cause de leurs activités politiques.
Le document du Renadhoc dénonce aussi le recrutement forcé des enfants dans les groupes armés et autres forces négatives qui se poursuivent allègrement.
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