Dialogue de Kampala : des députés du Nord-Kivu émettent des réserves sur ses chances de réussite

Une vue des députés nationaux et sénateurs congolais au palais du peuple (siège du parlement), ce 8/12/2010 à Kinshasa.

Le gouvernement congolais va entamer le dialogue avec les rebelles du M23 jeudi 6 décembre ou vendredi à Kampala, capitale de l’Ouganda. Selon des sources gouvernementales, ce dialogue consistera à évaluer l’application des accords du 23 mars signés entre le gouvernement congolais et l’ex-rébellion du CNDP dont la plupart des chefs du M23 sont issus. Mercredi, une vingtaine de députés du Nord-Kivu ont exprimé leur scepticisme sur les chances de réussite de ces assises.

Dans une déclaration faite au Palais du peuple, siège du parlement congolais, ces députés ont affirmé que les deux députés du Nord-Kivu partis à Kampala ne sont pas porteurs d’un message des élus du Nord-Kivu. Tout en réaffirmant leur compassion aux populations de cette province victimes des affrontements armés de ces dernières semaines entre les forces gouvernementales et les rebelles, ces députés estiment que le M23 s’est inscrit sur un schéma de sécession des provinces du Nord et du Sud-Kivu.

« Il ressort des échanges que manifestement le M23 a dans son agenda entre autre le maintien des forces ex-CNDP sur tout le territoire du Nord-Kivu et du Sud-Kivu  et la mise en place d’une administration de son obédience consacrant ainsi une balkanisation de fait. Eu égard à ce constat, les députés nationaux élus du Nord-Kivu émettent de sérieuses réserves quant à l’issue heureuse de la crise à travers les assises de Kampala dont ils ne connaissent ni les tenants ni les aboutissants », a affirmé Grégoire Kiro qui lisait la déclaration au nom du groupe.

L’opposition refuse le dialogue de Kampala

« La rencontre de Kampala  prévue entre  le M23 et le gouvernement congolais n’engage pas l’opposition congolaise », a pour sa part déclaré le député Lisanga Bonganga, modérateur des Forces acquises au changement, une plate-forme politique de l’opposition. Cette position des FAC, selon lui, se justifie par le fait que les accords du 23 mars 2009 et celui du sommet de Kampala n’ont jamais été ratifiés par le parlement congolais.

Par conséquent, précise-t-il, ces deux textes n’engagent que leurs signataires, estimant qu’ils ne jouissent « d’aucune légalité et d’aucune légitimité et ne peuvent être opposables à tous ».

La crise qui secoue la partie Est de la RDC, particulièrement le Nord-Kivu, sera au centre d’un sommet des dirigeants de la Communauté d’Afrique australe (SADC) qui se tiendra vendredi à Dar-Es-Salaam, la capitale tanzanienne. Le président sud-africain Jacob Zuma prendra part à ce sommet, a indiqué un diplomate sud-africain à l’AFP.

Le M23 a été créé en mai dernier par des soldats des Forces armées de la RDC issus de l’ex-rébellion du CNDP. Il réclamait au départ l’application des accords du 23 mars 2009 signés entre l’ex-CNDP et le gouvernement avant d’élargir à la fin novembre ses revendications aux questions de démocratie et de bonne gouvernance. Les rebelles du M23 ont occupé Goma, ville stratégique du Nord-Kivu, le 20 novembre avec l’appui de l’armée rwandaise selon un récent rapport encore confidentiel des experts de l’ONU dont la presse internationale s’est procurée une copie.

Accusés par l’ONU de soutenir, les rebelles du M23, le Rwanda et l’Ouganda ont toujours nié. Samedi 1er décembre, les rebelles se sont retirés de Goma en échange des négociations directes avec le gouvernement.

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