Kampala: le gouvernement et le M23 divisés sur le contenu et l'agenda de la réunion

De gauche à droite: Les présidents du Rwanda Paul Kagame, de la Tanzanie Jakaya Kikwete, de l’Ouganda Yoweri Museveni et de la RDC Joseph Kabila à l’ouverture du sommet des chefs d’Etat de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs à Kampala, le 7 août 2012. Photo Droits tiers.

Le cadre, l’agenda et le contenu des pourparlers qui doivent avoir lieu jeudi 6 décembre à Kampala (Ouganda) entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23 divisent encore les participants, à quelques heures de l’ouverture de ces assises. La délégation congolaise, conduite par le ministre des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda Tunga Mulongo, a quitté Kinshasa mercredi 5 décembre pour la capitale ougandaise, où le dialogue devrait débuter  ce vendredi.

Le gouvernement ne souhaite dialoguer que sur l’accord du 23 mars 2009 (NDLR: signé entre le gouvernement et le CNDP à Goma), sans aucune incidence sur les institutions issues des élections de novembre 2011.

De leur côté, les rebelles du M23, qui devaient rejoindre Kampala ce jeudi, voient les choses autrement et sollicitent un dialogue ouvert aux autres forces politiques républicaines.

Selon le président du M23, Jean-Marie Runiga, cité par l’AFP, les rebelles prévoient également de parler des questions politiques et juridiques ayant trait à la défense et à la sécurité, à l’économie, aux finances, au social et au développement.

La rébellion se propose aussi d’aborder des thèmes ayant trait aux «violations des droits de l’homme» contre des opposants et journalistes congolais.

«Comment on peut se quitter sans avoir parlé des questions qui touchent à l’avenir de notre pays?», s’était interrogé le président du M23 dans un entretien à l’AFP.

Le porte-parole du gouvernement ougandais, Fred Opolot, a déclaré à l’AFP que les discussions devraient, dans un premier temps, fixer le cadre des négociations à venir. « Le point clé de l’ordre du jour est d’abord les règles de base et le cadre de travail des réunions à venir, puis des règles quant aux observateurs et quant à la composition de leur délégation », a-t-il expliqué.

Le gouvernement ougandais sert de médiateur au dialogue entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23, au nom de l’organisation régionale de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL).

La rencontre de Kampala va s’ouvrir alors qu’à Dar-es Salaam, en Tanzanie, se tiendra le même vendredi 7 décembre un sommet où les participants passeront en revue les résolutions de la CIRGL sur la situation politique volatile en RDC. La réunion regroupera la troïka défense de la Communautés des Etats d’Afrique australe (SADC), présidée par la Tanzanie et incluant l’Afrique du Sud et l’Angola. Les dirigeants du Mozambique, du Botswana et du Malawi seront également présents.

Les points non négociables, selon la société civile du Sud-Kivu

La société civile du Sud-Kivu encourage le gouvernement dans sa démarche de négociation avec le M23. Cette structure citoyenne refuse néanmois que certaines questions soient évoquées à Kampala.

«Il y a des points non négociables. Nous ne voulons pas que les discussions tournent sur l’ordre institutionnel établi, sur la révision de la Constitution comme l’année passée, sur l’amnistie aux auteurs des crimes internationaux et sur l’intégrité du territoire ainsi que sa souveraineté et enfin l’amnistie aux auteurs des crimes internationaux», a déclaré le vice-président de la société civile du Sud-Kivu, Descartes Mponge.

Mardi 20 novembre, le M23 avait réalisé un coup de force en prenant la ville de Goma. Une dizaine de jours plus tard, il avait accepté de s’en retirer aux termes d’une médiation des Grands Lacs orchestrée par l’Ouganda qui prévoyait, en échange, ces négociations avec Kinshasa. La rébellion reste cependant à Kibumba, localité située à 30 km au Nord de Goma.

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