Nord-Kivu: les FARDC se retirent de Rutshuru, le M23 se redéploie

Vingt-quatre heures après avoir repris le contrôle des localités abandonnées par les rebelles du M23 à Rutshuru, l’armée congolaise s’est retirée, dimanche 3 mars, de ce territoire du Nord-Kivu. Les Forces armées de la RDC (FARDC) affirment avoir obéi à un ordre hiérarchique. Des témoins rapportent que les rebelles du M23 ont commencé à revenir dans ce territoire. De son côté, la société civile demande au Gouvernement de tenir ses promesses faites, relatives à la sécurisation de la population locale.

Selon plusieurs témoins, l’armée a commencé à se retirer vers minuit, heure locale, à partir de Rubare, à 4 Km de Rutshuru centre, sur la route allant vers Bunagana.

Les FARDC se sont ensuite retirées de Kalengera et Kako, à l’Ouest, Rutshuru-centre et Kiwanja, au nord, puis Nyongera, au Nord-est.

Deux heures plus tard, vers 3 heures du matin, le M23 a commencé à redéployer ses troupes à partir de Rubare, puis sur l’axe Mabenga- Rwindi, rapportent les mêmes sources.

Le porte-parole du M23 a confirmé que les rebelles se redéploient sur leurs anciennes positions abandonnées vendredi dernier.

Indignation de la société civile

La société civile du Nord-Kivu a jugé inadmissible ce retrait de l’armée du territoire de Rutshuru, alors que le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, avait affirmé que les FARDC étaient revenues restaurer l’autorité de l’Etat dans ces localités longtemps occupées par les rebelles.

Pour Omar Kavota, porte-parole de cette structure, «il en va de la dignité du gouvernement congolais de trouver une réponse immédiate pour que sa parole d’honneur, ses promesses, rassurant la population, soient respectées».

«On était déjà très satisfait des déclarations du porte-parole du Gouvernement, qui annonçait que les FARDC étaient entrain de restaurer l’autorité de l’Etat. Ces propos viennent d’être contredits par une réalité triste. C’est inadmissible parce que le porte-parole du Gouvernement a rassuré la population. Il a envoyé des messages de réconfort à cette population, qui saluait la présence et le retour des FARDC», a-t-il affirmé.

« Un ordre de la hiérarchie »

Confirmant le retrait de l’armée des positions qu’elle avait investies quelques heures plus tôt dans le Rutshuru, le porte-parole des FARDC au Nord-Kivu, lieutenant Colonel Olivier Hamuli, a déclaré qu’il s’agissait d’obéir à un ordre hiérarchique.

«Nous, nous ne sommes pas de rebelles. Nous sommes une armée républicaine, et nous sommes soumis à l’autorité politico-administrative. On s’est retiré sur ordre de la hiérarchie. Et nous nous inclinons devant cette instruction», a-t-il affirmé.

L’officier militaire s’est toutefois dit «solidaire» et «compatissant» face à cette population qui, selon lui, avait bien accueilli les FARDC à leur arrivée à Rutshuru.

« Pas de retrait mais un redéploiement »

De son côté, le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a expliqué qu’il ne s’agit pas d’un retrait. Selon lui, il s’agit plutôt « d’un redéploiement ». « Les FARDC ne se sont pas retirées de Rutshuru. Ça s’appelle redéploiement », a-t-il déclaré, expliquant que « pour sécuriser une ville, on n’a pas besoin d’être dans la maison de l’habitant ».

« Si les habitants regardent bien, ils [les militaires congolais] ne sont pas loin. Je ne peux pas dire plus, les stratégies militaires ne se font pas sur la place publique », a ajouté le porte-parole du gouvernement.

Interrogé au sujet de l’ordre venu de la hiérarchie évoqué par le porte-parole des FARDC au Nord-Kivu, Lambert Mende a répondu :

« La hiérarchie déploie les unités là où elle estime que c’est beaucoup plus facile de défendre une grande agglomération en cas d’attaque. Ça ne se discute pas ».

Vendredi 1er mars dans la soirée, les militaires congolais avaient repris le contrôle de plusieurs localités du territoire de Rutshuru abandonnées par les rebelles du M23 qui les occupaient depuis plusieurs mois.

Dans un communiqué vendredi 1er mars, le M23 avait annoncé son retrait de ces localités pour « éviter la confrontation des forces dans les grandes agglomérations et la mise en danger des vies humaines».

Selon le mouvement rebelle, après son départ, les localités de Mabenga, Kitagoma, Kiwanja, Rutshuru-centre et Rugari ont été assiégées par une coalition armée, composée de militaires congolais, de rebelles rwandais des FDLR, et de miliciens Maï-Maï, qu’il accuse de commettre des exactions à l’encontre des populations civiles.

Réagissant à ce communiqué, le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, avait indiqué que c’est à l’armée congolaise d’assurer la sécurité des populations civiles et non au M23.

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