Nord-Kivu : le gouverneur Julien Paluku craint une catastrophe humanitaire dans la région

Les populations fuyent leurs villages à cause des combats entre les FARDC et les groupes rebelles à Sake au Nord-Kivu le 30 avril 2012. © MONUSCO/Sylvain Liechti

Le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, dit craindre une catastrophe humanitaire dans sa province principalement dans les territoires de Masisi, Rutshuru et Lubero. Dans une déclaration faite mardi 12 mars, il a indiqué que sa province a déjà enregistré plus d’un million de déplacés de guerre sans assistance depuis la fin de l’année dernière.

« Le camp de Kanyaruchinya qui s’était vidé en novembre 2012 est en train de se remplir de nouveaux déplacés en provenance de Kibumba et Rugari. A part l’alerte que j’avais faite en décembre 2012, c’est ici l’occasion de lancer une deuxième alerte pour cette catastrophe humanitaire qui risque de s’abattre dans la province du Nord-Kivu », a affirmé le gouverneur du Nord-Kivu.

Julien Paluku a invité la communauté internationale et le gouvernement congolais à plus d’engagement en faveur des déplacés de guerre dans sa province. Ces personnes fuient les affrontements entre les FARDC et les groupes armés ou entre différentes milices dans cette partie en proie à l’insécurité depuis de nombreuses années.

« Qu’il s’agisse de Masisi, de Rutshuru ou du sud de Lubero, nous enregistrons plus d’un million de déplacés et l’assistance humanitaire ne suit pas. Nous risquons d’assister à des milliers de morts dans les camps disséminés ça et là », a-t-il ajouté

Vendredi 8 mars, la société civile avait recensé quinze mille déplacés à Eringeti, à 50 km au Nord de Beni (Nord-Kivu). Elle avait indiqué que ces personnes ont besoin de l’assistance humanitaire parce qu’elles dorment au sol dans les écoles.

La Belgique inquiète

Le ministre belge des Affaires Etrangères a aussi exprimé ses inquiétudes face à la reprise de la violence et des combats dans l’Est de la RDC.

« Je souhaite rappeler que ce sont avant tout les populations civiles qui souffrent de cette situation et qu’il est dès lors urgent que les pourparlers en cours apportent rapidement une solution à la rébellion, afin de rétablir un Etat de droit et une stabilité dans les Kivus », a déclaré mardi 12 mars Didier Reynders sur son site Internet.

Ce rétablissement de l’Etat de droit devra passer par la concertation nationale envisagée en RDC, estime le ministre belge.

« Outre cette sécurisation indispensable, la concertation nationale envisagée en RDC devra notamment apporter les réponses politiques nécessaires au rétablissement de l’Etat de droit dans l’Est », a poursuivi Didier Reynders.

Une autre solution de à la crise dans l’Est de la RDC, estime-t-il, est aussi l’envoi de la brigade d’intervention.

« J’espère que les interrogations qui subsistent encore sur les aspects techniques de la Brigade renforcée au sein de la Monusco [Mission des Nations unies pour la stabilisation en RDC] pourront rapidement être éclaircies afin d’appuyer ces efforts de stabilisation », a déclaré le chef de la diplomatie belge.

Il souhaite également que « l’envoyé spécial qui devrait être nommé par le Secrétaire Général des Nations-Unies dans les prochains jours conformément à l’accord signé à Addis Abbeba, puisse entamer au plus vite son travail de promotion du dialogue entre les protagonistes de la région afin de trouver une solution durable à cette instabilité ».

Onze pays africains ont signé le 24 février dernier à Addis Abeba un accord-cadre pour le rétablissement de la paix dans l’Est de la RDC. Les Etats se sont engagés à ne pas soutenir les groupes armés. La rébellion du M23 sévit en RDC depuis fin avril 2012.

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