Elikya Mbokolo: «Le premier défi de la Ceni est de gagner la confiance des citoyens»

L’historien Elikia Mbokolo, Professeur et Directeur d’études à l’école des hautes études en sciences sociales à Paris

« Le premier défi, c’est peut être le plus important, est de gagner la confiance des citoyens parce que dès lors que le projet de la nouvelle Ceni a été lancé, il y a eu des débats de toute sorte », a commenté dimanche 16 juin le professeur Elikya Mbokolo. Pour lui, «il faut voir maintenant si la crainte que les gens ont par rapport aux deux Ceni passées et à la nouvelle vont être levées».

Après leur désignation à l’Assemblée nationale et leur investiture par le chef de l’Etat, les membres du bureau et de la plénière de la nouvelle Commission électorale nationale indépendante (Ceni) ont prêté serment devant la Cour suprême de justice le vendredi 14 juin dernier. Cette équipe dirigée par l’abbé Apollinaire Malu Malu qui a dirigé la commission électorale pendant les élections générales de 2006 est constituée de treize membres dont trois issus de la société civile, quatre de l’opposition et six de la majorité.

Le professeur Elikya Mbokolo affirme que « sans Ceni crédible, l’élection ne sera pas crédible».

« Il faut qu’on gagne le pari de la crédibilité, de l’efficacité et de la transparence. Sans doute aussi le pari de la pédagogie et de la communication pour que tout le monde ait confiance, explique-t-il, indiquant qu’en 2006 et en 2011, on a vu que la confiance n’était pas là ».

« Est-ce que cette fois-ci, la confiance va revenir, les gens se posent beaucoup de questions aussi bien dans les partis que dans la société civile », poursuit-il.

Interrogé sur le retour de l’abbé Malu Malu à la tête de la Ceni, l’historien affirme que techniquement, « si l’on compare les élections de 2006 et celles de 2011, l’abbé Malu Malu s’était plutôt mieux débrouillé que la Ceni de 2011 ».

Mais Elikya Mbokolo rappelle aussi que les résultats des élections de 2006 ont donné lieu à « des polémiques très vives ».

« Il ne faut pas oublier que nous avons été près d’une guerre civile à Kinshasa », indique-t-il.

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En 2006, Jean-Pierre Bemba, le challenger de Joseph Kabila avait contesté les résultats du deuxième tour de la présidentielle. La Cour suprême de justice avait fini par entériner la victoire de Kabila. Les contestations avaient tourné en affrontements armés au centre d’affaires de Kinshasa entre la garde de Jean-Pierre Bemba et la garde républicaine.

Elikya Mbokolo estime par ailleurs qu’il faudra que le nouveau président de la Ceni montre qu’il est «totalement indépendant des forces politiques en présence notamment de celles qui détiennent les leviers du pouvoir ».

Sur le plan matériel, explique Elikya Mbokolo, la nouvelle Ceni doit éviter « les déboires qu’on a connus en 2011 notamment les retards dans l’acheminement du matériel, les soupçons sur le mode de calculs ».

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« Il faut vraiment un gros effort de transparence et de pédagogie de sa part pour gagner la confiance des citoyens et que nous ayons enfin des élections sur lesquelles tout le monde sera à peu près d’accord », fait-il savoir.

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