RDC: des enseignants seraient décédés suite au dysfonctionnement de la paie par voie bancaire, selon le Syeco

Sit-in de quelques enseignants membres du Syeco devant la primature, le 2/03/2011 à Kinshasa. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

Au cours d’une assemblée générale tenue samedi 6 juillet à Kinshasa, le Syndicat des enseignants du Congo (Syeco) a salué l’initiative du Gouvernement de payer les enseignants par voie bancaire. Mais le Syeco a déploré l’incapacité des banques à assurer cette opération. Conséquence : plus de deux cent mille enseignants ont été pénalisés au cours de l’année scolaire 2012 – 2013. Des cas de décès et de fausses couches survenus à cause des difficultés liées à cette opération ont été enregistrés, selon la même source. 

Le président du Syndicat des enseignants du Congo, Jean-Pierre Kimbuya estime que la réforme en cours «va tout droit au mur, si on ne corrige pas» ces erreurs, qui ont fait des victimes dans sa corporation:

«Il y a une vive tension dans le chef des enseignants dans certaines provinces. On a constaté mort d’homme à Kikwit, parce que les enseignants doivent parcourir de longues distances. A Kinshasa aussi, il y a eu mort d’homme compte tenu de mauvaises conditions d’organisation de cette bancarisation mais aussi une femme qui avait fait un avortement.»

 Plus de 243 000 enseignants devaient bénéficier de cette bancarisation, plus de 200 000 d’entre eux ont connu beaucoup de difficultés pour toucher leurs salaires, a affirmé Jean-Pierre Kimbuya.

«Au niveau des territoires, des secteurs et groupements, nous pouvons dire que c’est la catastrophe. Au mois de mai, au niveau de la province du Maniema, les salaires n’étaient pas payés jusqu’au 22. Je prends [l’exemple de] Mutshiatshia et Kanyama au Katanga, [où] les salaires de mai et juin ne sont pas encore payés », a-t-il précisé.

Ce tableau sombre n’arrange pas les enseignants. En outre, selon lui, «la chosification des enseignants en RDC n’encourage pas les jeunes gens à embrasser la carrière enseignante».

SOS de l’Anapeco au Bas-Uele

Pour sa part, l’Association nationale des parents  d’élèves  et étudiants du Congo (Anapeco) au Bas-Uélé, à plus 300 km au nord de Kisangani, a déploré la fait que certains établissements du primaire et du secondaire n’ont pas pu terminer le programme des cours et  d’autres n’ont même pas proclamé  les résultats jusqu’à présent, suite à la mauvaise organisation de la paie des enseignants dans ce district de la Province Orientale.

Les chefs-lieux des territoires étant désignés comme les seuls lieux de paiement par voie bancaire, selon l’Anapeco, les enseignants des zones les plus éloignées sont contraints  de  parcourir en moyenne 200 Km pour percevoir leurs salaires.

«Les enseignants sont partis de la  frontière de la province de l’Equateur à plus de 300 Km pour toucher leurs salaires dans le territoire d’Aketi (Province Orientale). Dans le territoire de Bondo, les enseignants de Bili, de Bambilo et d’un peu plus loin vers le frontière centrafricaine n’ont pas touché leurs salaires de mai», a témoigné le président de l’Anapeco/Bas-Uélé, Germain Oscar Badigbia.

Inquiet lui aussi de cette situation, le commissaire de district du Bas-Uélé, Joseph Bulu Bobina, a promis de trouver solution à ce désagrément:

«Il n’y avait pas de structures préparées, au préalable, pour cette opération de bancarisation [des salaires des fonctionnaires de l’Etat]. Au fur et à mesure, je suis en train de voir que les banques qui avaient la charge de payer se mettent en place. D’ici deux ou trois mois, les choses seront correctement mises en place.»

Parmi les réalisations de son gouvernement, le Premier ministre a également mentionné la paie des fonctionnaires par voie bancaire qui, selon lui, permet aux agents de l’État de percevoir directement leur salaire sans que ce dernier ne soit ponctionné.

Mais il a reconnu les difficultés qu’éprouvent certains fonctionnaires pour percevoir leurs salaires à la banque, promettant de les résoudre rapidement.

« Nous avons encore certains de nos compatriotes qui font des kilomètres pour aller toucher l’argent. Ça ce n’est pas normal, mais c’est des problèmes pour lesquels nous nous appliquons pour trouver des solutions dans la rapidité », a-t-il indiqué.

« Il vaut mieux encore toucher pendant un mois, deux mois votre salaire avec un retard que de le toucher avec 20 000 francs de moins», a-t-il poursuivi.

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