Martin Kobler : « Nous devons mettre fin à la guerre afin que tout le monde en RDC jouisse des richesses naturelles »

Martin Kobler, représentant spécial du secrétaire général de l’Onu pour la RDC le 28/08/2013 à Kinshasa, lors de la conférence de presse au quartier général de la Monusco. Radio Okapi/Ph. John Bompengo

Le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en RDC est satisfait de la déclaration du M23 de mettre un terme à sa rébellion. Martin Kobler affirme que la Monusco va engager toute sa force militaire pour désarmer les autres forces négatives, y compris les ADF-NALU et les FDLR. Par ailleurs, la Monusco va coopérer avec le gouvernement congolais pour restaurer l’autorité de l’État et amorcer le processus de stabilité et de développement de la partie est du pays.

Radio Okapi: Le M23 vient d’annoncer sa décision de mettre fin à sa rébellion et de poursuivre par des moyens purement politiques les négociations afin de revendiquer les causes profondes de la création même de ce mouvement. Votre réaction.

Martin Kobler: Je suis très très content et satisfait de cette déclaration du M23. J’étais à Pretoria au sommet et à Kampala avec les délégations du gouvernement et du M23. Je suis très satisfait qu’on a maintenant cette déclaration qu’on a consenti à Kampala et aussi la déclaration du gouvernement de la RDC d’accepter la fin de la rébellion. C’est très très important. J’ai aussi entendu le porte-parole du gouvernement de la RDC qui a dit qu’il faut rentrer à Kampala pour conclure l’accord qui règle toutes ces choses discutées depuis dix mois.

Radio Okapi: pensez-vous qu’il n’y a plus de menaces au moment où les éléments du M23 ne sont pas encore désarmés ?

Martin Kobler: Je crois que c’est maintenant très très important de restaurer l’autorité de l’Etat. J’étais, il y a une semaine à Kiwanja et Rutshuru, après la retraite du M23. J’ai vu les yeux heureux de la population. Un petit garçon avec sa sœur m’ont approché avant notre retour à Goma. Je lui ai demandé: tu as eu peur ? Et il m’a répondu naturellement, ce sont des tirs des obus et j’avais peur. Et il m’a dit : « Dites-moi, quand l’école commencera le lundi ou le mardi ? » Je crois que cette petite histoire symbolise l’espoir de la population. C’est très important pour le gouvernement de restaurer l’autorité de l’Etat, d’avoir un exécutif (la police et la l’armée) dans les territoires libérés. D’avoir aussi des éléments judicaires mais également les services de base : la santé, l’éducation…Si nous tous, réussissons de rétablir l’autorité de l’Etat, la menace est réduite.

Radio Okapi : Apparemment, ce qui reste à faire est très immense. Comment comptez-vous vous y prendre ?

Martin Kobler : C’est très important pour nous de coopérer avec les gouvernements provincial du Nord-Kivu et central afin d’instituer les ilots de stabilité, de restituer l’autorité de l’Etat, de soutenir le gouverneur Paluku qui a un rôle très très important.  Je vais me déplacer demain à Goma pour voir si c’est possible d’avoir des projets de réintégration. C’est très important que la population pense que la paix se constitue et la guerre est finie, on rentre dans la vie normale. J’ai vu à Kiwanja les produits agricoles. Maintenant c’est possible d’aller sur la route Kiwanja-Rutshuru. De Bunagana vers l’Ouganda. Il y a échange des marchandises. La ville de Goma avec plus d’un million d’habitants a des produits de Rutshuru et Kiwanja.

Radio Okapi : Au regard du contexte sécuritaire actuel, que va donc devenir Kampala ?

Martin Kobler : C’est très important que les deux parties concluent maintenant, de signer cet accord qui a été consenti.

Radio Okapi : Vous venez de participer à un sommet conjoint entre les pays de la SADC et de la CIRGL. Qu’est-ce que nous pouvons retenir de ce sommet ?

Martin Kobler : Dans l’Est de la RDC, c’était un sommet de l’espoir. On avait un consentement d’avoir une nouvelle dynamique de résoudre le problème et de créer quelque chose d’irréversible. L’histoire ne doit pas se répéter avec l’occupation du M23. Je crois que nous avons une nouvelle dynamique avec la brigade d’intervention qui assure la protection de civils, deuxièmement l’accord cadre d’Addis-Abeba et troisièmement la cohésion internationale. Les chefs d’Etat de la région observent la situation pour rétablir la paix et restituer l’autorité de l’Etat dans les territoires libérés.

Radio Okapi : Que devient la Brigade d’intervention. Va-t-elle poursuivre les autres groupes armés ?

Martin Kobler : A mon avis, c’est maintenant que le travail commence. J’ai toujours dis que maintenant c’est la fin de la cohabitation avec les autres groupes armés (FDLR, ADF Nalu…) C’est très important de les combattre. Ça doit être la fin des groupes armés y compris les FDLR. Ce n’est pas seulement la brigade d’intervention mais ce sont aussi les autres. Nous avons un mandat, une mission et une force. Nous avons de nouveaux instruments. C’est la force, avec un mandat de neutraliser les groupes armés.

Radio Okapi : Quel message lancez-vous à ces populations de l’Est qui ont tant souffert ?

Martin Kobler: C’est la fin des atrocités, la fin de la guerre. Il faut coopérer avec le gouvernement et tout le monde qui a l’intérêt de développer cette région parce que la population ne doit pas souffrir de la richesse du pays. C’est très important d’avoir l’Etat des droits et des minerais qui doivent être exploités avec  légalité. Vous êtes un pays qui a des richesses humaines et naturelles. Nous devons tous ensemble mettre fin à la guerre afin que tout le monde en RDC jouisse des richesses naturelles.

Propos recueillis par Michel Kifinda Ngoy.

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