Le ministre de l’Intérieur, Richard Muyej Mangez, s’est expliqué mercredi 11 décembre à l’Assemblée nationale sur les allégations d’exécutions de jeunes délinquants appelés Kulunas durant l’opération «Likofi» menée par la police à Kinshasa. Cette opération vise à mettre hors d’état de nuire ces bandits, accusés d’extorsions et agressions meurtrières, parfois sanglantes, contre la population. Répondant à la question orale du député Jean Bertrand Ewanga, qui accuse la police d’avoir exécuté une dizaine de ces jeunes, le ministre Muyej a reconnu des dérapages, dans certains cas, et la légitime défense, dans d’autres.
Selon Richard Muyej, l’opération, Likofi a permis l’arrestation de 669 Kulunas.
Dans les cas où certains ont été tués, «en majeure partie, les éléments de la police étaient en légitime défense, étant donné qu’ils ont été attaqués avec des armes, soit aussi du fait de dérapage de certaines policiers», a expliqué le ministre.
Pourtant, certains députés ne s’oppose pas à une éventuelle mise à mort de ces délinquants violents, pourvu de mettre fin au banditisme dans le pays.
Pour José Makila, un député membre de l’opposition, les Kulunas doivent être traités comme des terroristes.
«Les terroristes s’attaquent toujours aux victimes innocentes. Les Kulunas s’attaquent aux gens qu’ils ne connaissent pas, dans la rue. Et vous voyez comment l’Occident traite les terroristes. C’est la mort. Et c’est de la même manière que nous devons traiter les Kulunas. Ils doivent savoir que quand vous donnez la mort à quelqu’un, vous-mêmes vous passez aussi à la mort», a-t-il déclaré.
Par contre, pour le députe Jean Bertrand Ewanga, auteur de la question orale adressée au ministre de l’Intérieur, la tuerie ne s’explique pas, quelle qu’en soit la raison.
«Aujourd’hui, les gens peuvent se promener. Nos filles et nos mamans portent des bijoux. Tout ça, c’est bien. Mais de quelle manière l’opération se réalise-t-elle ? Le ministre a reconnu qu’il y a eu mort d’hommes. Mais qui a tué ? Et pourquoi ? Nous risquons, dans les dérapages, de ramasser les innocents qui peuvent être sacrifiés», a-t-il dit.
Les kulunas, organisés en bandes, entretiennent un climat de terreur dans plusieurs quartiers de la capitale. Ils sont notamment accusés d’infliger de graves blessures à l’arme blanche à des passants en vue de leur extorquer biens ou argent.
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