Kinshasa: les pluies dégradent les conditions de vie des refoulés de Brazzaville

Des ressortissants de la RDC expulsés du Congo-Brazzaville sont regroupés au stade Cardinal Malula ex-24 novembre en attendant leur retour dans leurs provinces d’origines. Le 7/05/2014 à Kinshasa . Radio Okapi/Ph. John Bompengo

Les dernières pluies qui se sont abattues sur la ville de Kinshasa ont dégradé les conditions de vie des ressortissants de la RDC, refoulés de Brazzaville, regroupés au stade Cardinal Malula et à la maison communale de Kinshasa. Dans l’enclos de la maison communale, des expulsés, assis sur leurs valises et jambes dans la boue, attendent leur identification, assurée par les services d’action humanitaire du ministère des Affaires sociales. Au stade Cardinal Malula, la majorité de personnes ont pris place sur les gradins. Le terrain est couvert par des flaques d’eau au milieu duquel trône un chapiteau en-dessous duquel certains expulsés ont placé leurs bagages.

Une femme, arrivés sur le lieu il ya 10 jours avec ses 5 enfants, témoigne:

«Nous sommes tous grippés, nous passons la nuit à la belle étoile. Quand il pleut, nous nous couvrons avec une chaise ou un seau. Les éponges et les habits des enfants sont tous mouillés. Je les ai étalés sur le mur. Nous souhaitons qu’il y ait suffisamment de soleil pour que cela sèche, sinon nous serons obligés de passer la nuit à même le sol avec les enfants. Tu vois cet enfant qui dort sur les gradins? C’est mon enfant, il a une année. C’est là sa chambre, qu’il fasse chaud ou froid, c’est là qu’il dort».

Les conditions météorologiques menacent la santé de ces occupants de ces deux sites aménagés pour accueillir les expulsés de Brazzaville. Le docteur Nicole Ngumba de la Croix-Rouge de la RDC se dit préoccupée.

«Il y a beaucoup de risques de maladies comme le cholera, la fièvre typhoïde, la malaria, les maladies des mains sales», affirme-t-elle.

La plupart des personnes qui restent dans ces sites depuis plusieurs jours sont originaires des autres provinces ou manquent de la famille à Kinshasa. Le gouvernement provincial du Bas- Congo organise depuis quelques jours le retour des expulsés originaires cette province. Cinq cents originaires du Bas-Congo auraient déjà été reconduits chez eux. Plusieurs autres habitants des provinces attendent encore une aide pour rentrer chez eux. C’est notamment le cas des originaires de l’Equateur pour la grande majorité.

Les cliniques mobiles du Programme national des urgences et action humanitaire du ministère de la Santé assurent, depuis le 1er mai, les soins médicaux dans ces sites. Mais le personnel soignant manque encore de matériel nécessaire pour assurer une bonne prise en charge des malades.

Par ailleurs, des latrines mobiles ont été installées dans ces deux sites. Des services de salubrité y travaillent également, affirme Michée Dominique Wando, chef de la division gestion des catastrophes de la Croix-Rouge qui aide les expulsés grâce aux dons des privés et des églises.

Au la date du 5 mai, le gouvernement avait répertorié 72 731 Congolais refoulés de Brazzaville.

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a, de son côté, indiqué qu’environ cinq mille ressortissants de la RDC sont refoulés quotidiennement de Brazzaville.

La police du Congo Brazzaville mène depuis le mois d’avril l’opération « Mbata ya mikolo » (gifle des aînés, en français). Officiellement, cette opération est destinée à expulser des étrangers en situation irrégulière.

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