Loi Obama sur les minerais de sang: la société civile du Nord-Kivu demande un moratoire

La loi Obama sur les minerais de sang entre en vigueur, en principe, le 1er janvier 2012 mais certaines sociétés internationales qui évoluent dans le domaine de l’électronique se conviennent déjà pour ne plus acheter des minerais en lien avec les conflits armés en RDC dès le vendredi 1er avril. Cette prise de position inquiète la société civile et les opérateurs miniers du Nord Kivu.

Dans une lettre adressée au président américain, la coordination de la société civile du Nord Kivu sollicite un moratoire de 6 à 12 mois pour que la RDC se conforme aux mesures de contrôle qu’exige cette loi.

La loi Obama appelée aussi «Financial reform act» oblige les entreprises à publier leurs revenus ainsi que les paiements fiscaux qu’elles effectuent auprès des gouvernements du monde entier.

Pour Jason Luneno, président de la société civile du Nord-Kivu, si cette loi entre en vigueur  le 1er avril,  la population de la région va plonger dans la misère.

Il estime par ailleurs que son application ne va pas empêcher la fraude.

Il explique :

« On va toujours continuer à écouler les minerais clandestinement au profit de certains pays qui pourront étiqueter les minerais, et qui pourraient donner leurs identités aux minerais, sans que ces minerais ne puissent porter l’identité de la RDC. »

Une ONG locale des droits de l’homme, Cerdho, soutient l’application immédiate de cette loi. Selon elle, les opérateurs économiques et le gouvernement doivent s’assurer que l’exploitation des minerais ne contribue pas à financer les groupes armés.

Son président, Delly Mawazo, pense qu’il faut assainir le système d’exploitation des minerais sinon le gros des investissements et l’essentiel de revenus vont entre les mains des groupes armés. Pour lui, la loi Obama est donc la bienvenue pour assainir le secteur minier congolais.

Les opérateurs économiques du Nord Kivu redoutent aussi l’application de la loi Obama. Ils affirment détenir une marchandise estimée à plus de 30 millions USD suite à la suspension des activités minières en 2010.

Ils craignent ne pas pouvoir écouler ces produits qui pourraient être assimilés, à tort selon eux, à des minerais du sang.