Fibre optique: le ministre Kin-kiey reconnaît des «malfaçons techniques »

Centre d’atterrage de câble fibre optique à Moanda en République Démocratique du Congo. ©Don John Bompengo

Le ministre des Postes, téléphones et Nouvelles technologies de l’information et de la communication (PT-NTIC), Tryphon Kin-kiey Mulumba a reconnu que les installations de la phase 1 de la fibre optique sur l’axe Muanda-Kinshasa ont été réalisées avec des «malfaçons techniques». Il l’a dit mercredi 17 juillet au cours d’une conférence de presse qu’il a tenue à Kinshasa. Une semaine après l’inauguration de la station d’atterrage de Muanda par le président Joseph Kabila, les télécoms ne s’empressent pas pour souscrire à ce service.

La République Démocratique du Congo a été connectée lundi 8 juillet à la fibre optique. Mais une semaine après, seul l’opérateur Vodacom a souscrit à ce service sur les six que compte le pays. La plupart d’entre eux se méfient de la fibre optique à cause des défaillances relevées après son installation. Selon ces opérateurs, seuls 2,5 Go parviennent à Kinshasa sur les 10 envoyés depuis la station d’atterrage de Muanda.

Pour Kin-kiey Mulumba, ces malfaçons techniques ont été constatées dans la pause du câble.

« Les erreurs de pause de la fibre optique sont légion sur le tronçon phase 1 Muanda-Kinshasa. Certaines ont déjà été résolues par le bureau conjoint de haut niveau. D’autres le seront à mesure que l’exploitation se mettra en place », a expliqué le ministre.

Enfoui dans le sous-sol il y a quatre ans à 75 cm au lieu 120, ce câble est de vieille génération, et n’atteint Kinshasa que sur 10 km au lieu de 90 comme prévu, ont dénoncé les opérateurs des télécoms.

Mais pour le ministre des PT-NTIC, ces installations ont été réceptionnées par un certificat de réception définitive établie en février 2010 par les autorités de la Société congolaise des postes et télécommunications (SCPT). Celles-ci avaient attesté que la firme chinoise qui avait tout installé l’avait fait sans aucune faille.

Ce qui est contraire à la contre-expertise des agents du ministère des PT-NTIC, indique Kin-kiey Mulumba.

Pour lui, les autorités de la SCPT n’ont pas fait un suivi adéquat de l’exécution des travaux par les ingénieurs  chinois.

Toutefois, Kin-kiey Mulumba assure que les corrections sont en train d’être apportées par le bureau conjoint de haut niveau qu’il a récemment installé.

« Il ne faut pas vraiment s’attendre à un début en beauté. La mise en route de hautes technologies ne se fait jamais sans ratage », a-t-il indiqué.

Mais pour une exploitation et une gestion efficiente de cette fibre optique, Kin-kiey Mulumba a souligné qu’il faut créer une structure professionnelle issue du partenariat public-privé.

« Les experts du bureau conjoint, ceux de la SCPT y compris, sont d’avis que, vu l’immensité du territoire, l’Etat seul ne peut financer des infrastructures de la fibre optique. Un appel doit impérativement être lancé en direction des investisseurs privés. De nombreux pays africains ont arrosé leur territoire national en fibre optique endéans deux ans en s’appuyant sur le secteur privé », a ajouté Kin-kiey Mulumba.

Partenariat SCPT-Vodacom

Le message de Kin-kiey a été bien accueilli dans le chef des opérateurs privés. L’un d’eux, Vodacom, a signé le même mercredi un partenariat avec la SCPT. Il s’agit d’une transaction qui va permettre l’acheminement du trafic international, voix et données, par le câble sous-marin international Wacs.

A travers cet accord, le directeur général de Vodacom, Godfrey Motsa, a indiqué que sa société aura une connectivité à Kinshasa ainsi qu’à Moanda avec l’infrastructure mise en place par la SCPT.

« Nous sommes extrêmement fiers de saisir cette opportunité de travailler avec le gouvernement congolais et avec une entité comme la SCPT. Parce que nous pensons qu’un partenariat comme celui-ci va aider à moderniser et développer ce pays», a affirmé Godfrey Motsa.

La gestion de la fibre optique a été confiée jusque là à la SCPT. Mais certains opérateurs télécoms ne lui font pas confiance, estimant qu’elle n’est pas en mesure d’en assurer une maintenance adéquate.

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