Le pétrole du parc national des Virunga au centre d’une polémique

Buffles et éléphant dans le parc des Virunga, Nord-Kivu, 2004.Buffles et éléphant dans le parc des Virunga, Nord-Kivu, 2004.

Buffles et éléphant dans le parc des Virunga, Nord-Kivu, 2004.

Soco international, une société britannique veut exploiter le pétrole dans le bloc 5 du rift albertin Est, dans le parc national des Virunga, au Nord-Kivu. Une délégation de cette société séjourne cette semaine à Goma pour vulgariser le projet. Mais ce dernier rencontre des résistances, notamment de la part de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) et des ONG locales.

Une étude de l’impact environnemental de ce projet sur l’écosystème du parc des Virunga a été menée au mois d’août 2010 par un comité institué par Soco international et le ministère des Hydrocarbures.

Le directeur général Afrique de Soco international, Serge Lescaut a déclaré que son entreprise attend que le gouvernement congolais valide les résultats de cette étude pour lancer l’exploitation pétrolière. Les résultats de cette étude n’ont pas encore été rendus publics, selon des sources concordantes.

« Pour l’heure, Soco international n’a pas accès au parc des Virunga, » a affirmé Serge Lescaut à l’issue d’une séance de vulgarisation du projet auprès des ONG environnementales de Goma. Mais il s’est dit optimiste puisque l’entreprise dispose d’un contrat d’exploitation acquis sur ordonnance présidentielle.

Expertise

L’ICCN estime que le bureau qui a mené l’étude d’impact environnemental n’a aucune expertise. L’administrateur délégué général adjoint de l’ICCN, India Omari est plutôt favorable à la mise sur pied d’un bureau d’études indépendant pour « ne pas sacrifier les trois quarts du parc menacés par le projet. »

“Les études menées par ce bureau n’étaient pas allées en profondeur pour déterminer les conséquences à court et à long terme de cette exploitation,” ont indiqué des  responsables de l’ICCN. « Personne ne sait comment ils ont procédé ni quelles ont été les conclusions de cette étude,» ont affirmé les mêmes sources.

Certaines ONG locales affichent aussi leur opposition à ce projet. Le gouverneur du Nord-Kivu Julien Paluku suggère qu’il soit organisé à Goma, dans les prochains jours, un forum qui pourra réunir Soco, l’ICCN et les ONG de conservation de la nature.

Solution alternative?

Au cours d’une réunion entre l’Unesco et le gouvernement congolais, la représentante spéciale adjointe du secrétaire général de l’Onu en RDC, Mme Leila Zerrougui avait aussi exprimé son inquiétude sur ce projet qui concerne 60 % de la superficie de cette aire protégée. Elle a invité le gouvernement à explorer les solutions alternatives, estimant que la mise en œuvre de ce projet affecterait grandement la biomasse du parc.

Le site d’exploitation pétrolière querellé couvre une superficie de 7 mille km², allant de Rumangabo, en territoire de Rutshuru jusqu’à Kasindi port au Nord en territoire de Beni, en longeant le lac Edouard au cœur du Parc national des Virunga.

Périmètre approximatif du bloc 5.

L’ordonnance présidentielle accordant l’exploration et la production du pétrole dans le bloc 5 du rift albertin Est de la RDC à l’entreprise SOCO internationale avait été signée par le Chef de l’Etat en juin 2010.