Ituri: controverse autour du délogement des occupants illégaux de la Réserve à Okapis

Okapi avec sa langue en captivité dans la réserve de faune à Okapi, 2005.

La société civile et les autorités de la Réserve de faune à Okapis (RFO) sont divisées sur l’arrêté du gouverneur de la Province Orientale, Jean Bamanisa, annonçant l’opération de délogement forcé des occupants illégaux de cette aire protégée. Selon cet arrêté, toutes les personnes qui exploitent illégalement les ressources naturelles dans l’habitat naturel de l’Okapi dans le territoire de Mambasa ont jusqu’au 15 octobre pour partir. Passé ce délai, une opération militaire mixte FARDC-gardes de parc les chassera de force. 

Lucien Gédéon Lokumu, directeur de la RFO, est en campagne médiatique à Bunia depuis lundi 6 octobre pour sensibiliser la population autour du délogement des occupants illégaux de la RFO.

Toute personne qui ne se conformera pas à l’ultimatum lancé par le gouverneur Jean Bamanisa pour quitter la Réserve de faune à Okapis avant le 15 octobre sera confondu aux miliciens actifs dans cet aire protégée. C’est presqu’en ces termes que Lucien Gédéon Lokumu, directeur de la RFO, s’adresse à travers les médias de Bunia, aux locataires illégaux de l’espace forestier sous sa protection.

Il précise cependant que les autochtones ne sont pas concernés:

«Les autochtones, qui sont là, doivent rester dans les villages. On ne chasse pas les villageois. On chasse seulement les allochtones, ceux qui sont venus seulement pour l’exploitation illégale des matières premières. Ce sont eux qui vont quitter

La société civile de l’Ituri, opposée à  cette action, estime qu’il est prématuré d’utiliser la force pour chasser les occupants illégaux de la réserve. Elle estime que cette opération risque plutôt d’exposer la région à une escalade de violence. «Nous avons peur qu’on ne soit plus en mesure de la gérer par la suite», a indiqué le coordonnateur société civile de l’Ituri, Jean Bosco Lalo.

Il a par ailleurs mis aussi en doute la crédibilité de la coalition FARDC-gardes de parc qui mènera ces opérations:

«On est tout de même surpris que le gouverneur prenne une décision contre sa propre population. Les [agents] qui sont aujourd’hui rangés pour traquer ces dix mille personnes, ce sont les complices de ces gens de tous les jours

Vaste de plus de 13 000 km², la Réserve de faune à Okapis espère relancer notamment ses activités touristiques et celles des recherches scientifiques, à l’issue de l’opération militaire annoncée.

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