Le film sur l’assassinat du militant congolais Floribert Chebeya, du réalisateur belge Thierry Michel, refoulé dimanche de République Démocratique du Congo (RDC), « ne doit pas être diffusé » en RDC avant la fin du procès en appel de l’affaire, a déclaré mardi le gouvernement congolais. Le procès a débuté le 19 juin devant la Haute cour militaire de justice à Kinshasa.
« Je suis parmi les premiers étonnés que le procès n’ayant pas pris fin, le film soit déjà sur la place publique, avec un verdict avant le verdict. On désigne le coupable, c’est le président de la République (Joseph Kabila), alors que la justice est encore en train de statuer », a expliqué à l’AFP Lambert Mende, ministre des Médias. « Personne ne cite le président dans les procédures, mais lui (le réalisateur) présente le président comme coupable », a ajouté le porte-parole. « J’ai écrit aux personnes qui ont souhaité que ce film soit autorisé à la diffusion sur notre territoire que nous ne pouvions pas, comme Etat, favoriser cette espèce de mépris vis-à-vis de notre institution judiciaire, qu’il valait mieux attendre », a-t-il expliqué.
« L’affaire Chebeya, un crime d’Etat ? » relate le procès en 2011 de huit policiers accusés de l’assassinat de Floribert Chebeya, directeur de l’ONG La Voix des Sans-Voix (VSV), retrouvé mort le 1er juin 2010, après s’être rendu la veille à un rendez-vous à l’inspection générale de la police à Kinshasa. Son chauffeur est depuis porté disparu.
La justice a condamné à mort le principal suspect, le colonel Daniel Mukalay, numéro 2 des services spéciaux de la police, ainsi que trois policiers jugés par contumace car en fuite. Un autre a été condamné à la prison à perpétuité et trois autres acquittés. Tous sont rejugés en appel.
Les parties civiles estiment que le suspect numéro un est le chef de la police, le général John Numbi, suspendu de ses fonctions depuis l’affaire et considéré avant cela comme un proche du chef de l’Etat. Elles souhaitent qu’il soit aussi jugé.
Le réalisateur Thierry Michel a présenté mardi à Bruxelles le témoignage inédit d’un des policiers jugé par contumace, qui met personnellement en cause le général Numbi. Dans son témoignage, le major Paul Mwilambwe, qui se cache dans un pays africain, a affirmé que M. Chebeya avait été étouffé « avec des sacs plastiques et du scotch » alors qu’il se trouvait dans les locaux de l’Inspection générale de la police. Lire la suite sur Le Nouvel Obs.com








