C’est un record. Onze pays se sont retrouvés hier à Addis-Abeba pour signer un accord de paix sur la République démocratique du Congo. On a rarement vu une telle unanimité autour des problèmes d’un pays en Afrique. C’est donc un engagement politique fort qu’il faut saluer à sa juste valeur. Mais comme les dirigeants des pays des Grands Lacs ont souvent fait preuve de reniement de la parole donnée, il faut attendre la mise en œuvre de cet énième accord, avant de juger de la sincérité des uns et des autres. Les faits et gestes de deux des signataires seront passés à la loupe : le Rwanda et l’Ouganda.
Car, ces deux pays sont régulièrement et systématiquement accusés d’être les fauteurs de troubles en RDC. Ont-ils enfin des raisons de ne plus intervenir, par miliciens et rebelles interposés, chez leur grand voisin ? En tout cas, sur le papier où ils ont apposé leur signature, Paul Kagamé et Yoweri Museveni ont pris l’engagement, devant le monde, de respecter désormais l’intégrité territoriale du pays de Joseph Kabila.
Même si par miracle cet accord régional tenait, il reste cependant l’autre face de la médaille : le retour à une situation apaisée sur le plan national. Aucun accord avec les pays voisins ne peut prospérer s’il ne s’appuie sur un climat politique apaisé à l’intérieur de la RDC. La paix en RDC est tributaire aussi bien des voisins que de la politique de réconciliation nationale que voudra bien mener le président Kabila. On a ainsi vu que la rébellion du M23, même si elle est instrumentalisée de l’extérieur, a posé des revendications dont certaines sont légitimes et touchent aux questions de gouvernance.
C’est que l’opposition politique congolaise doit trouver son compte dans la nouvelle donne géopolitique sous-régionale. Cela passe par des institutions électorales crédibles, des forces de l’ordre respectueuses des droits humains, une Justice indépendante, une redistribution plus équitable des ressources de l’Etat, la fin de l’impunité. Bref, un colossal travail de démocratisation attend la RDC, auquel Joseph Kabila ne peut se soustraire, au risque de brader les efforts de paix en cours. Lire la suite sur lepays.bf