RDC: Etienne Tshisekedi, un roi sans royaume-Jeune Afrique

Entêté, isolé, mais encore populaire, Étienne Tshisekedi est à la tête d’un parti déchiré. Rencontre avec un homme qui, plus de un an après l’élection, se considère toujours comme le vrai président élu de la République démocratique du Congo.

Le Vieux n’a pas démissionné, contrairement à ce que les folles rumeurs kinoises ont fait croire au lendemain de l’annonce de la démission du pape Benoît XVI mi-février. « Malgré son âge [80 ans], Étienne Tshisekedi tient encore le cap, assurent ses proches. Il n’est pas prêt à abdiquer. » Plus d’une année a passé depuis l’élection présidentielle de novembre 2011 - un scrutin controversé, mais officiellement remporté par Joseph Kabila plutôt que par le leader de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, principal parti d’opposition).

Étienne Tshisekedi, pourtant, y croit toujours. Il ne renoncera pas, « pas avant de nous amener vers la victoire », soutient un militant venu le saluer. Le 20 février, il s’est envolé pour l’Afrique du Sud, mais nous l’avions rencontré quelques jours plus tôt dans sa résidence privée du quartier Limete, à Kinshasa. Toujours aussi obstiné, toujours aussi radical.

“Chef de l’État sans imperium” 

Ce jour-là, comme tous les jours, une dizaine de personnes - des sympathisants pour la plupart - attendaient devant la bâtisse, espérant être reçus en audience. Il leur avait fallu franchir le dispositif policier déployé autour de sa résidence pour filtrer les allées et venues. « Vous aussi, vous venez voir le président élu ? » m’avait ensuite lancé l’homme chargé d’enregistrer les visiteurs. Car ici, on ne reconnaît toujours pas les institutions issues des derniers scrutins présidentiel et législatif. Étienne Tshisekedi est, nous explique-t-on, un président sans pouvoir, mais un président quand même.

Assis derrière une table où s’entassent de lourds dossiers, « Ya Tshitshi » a accepté de nous recevoir, pas de répondre à nos questions. La pièce est petite. Accroché au mur, un portrait de Tshisekedi plus jeune. Un drapeau du Congo recouvre son bureau. L’homme qui a été reçu en tête à tête par François Hollande le 13 octobre 2012 à l’ambassade de France à Kinshasa nous explique qu’il se sent « bien » dans cette peau de « chef de l’État sans imperium ». Mais alors, comment compte-t-il s’y prendre pour entrer effectivement en fonction ? Pas de réponse. Que pense-t-il de la guerre qui a repris dans l’Est du pays ? Pas de réponse. Faut-il en déduire qu’il est fatigué, affaibli par le poids des années ? « Non, réplique un de ses conseillers. Ce silence, c’est une stratégie politique. »

Tshisekedi se replonge dans la lecture d’un ouvrage sur la « vie d’un politicien zaïrois » (il ne nous dira pas son nom). Quelques heures plus tôt, Patrice Ngoy Musoko, pasteur évangélique et chantre de la musique chrétienne congolaise, est venu lui présenter ses vœux pour la nouvelle année. « Étienne Tshisekedi reçoit chaque jour mais n’accorde plus d’interview à la presse », explique Albert Moleka, son directeur de cabinet. Lire la suite sur jeuneafrique.com