Nord Kivu: persistance d’une administration parallèle, état des lieux et conséquences

Nord Kivu

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La cellule de communication des opérations Kimia II révèle l’existence d’une administration parallèle dans certains coins du territoire de Rutshuru dont le chef-lieu du même est situé à 75 kilomètres au nord de Goma, rapporte radiokapi.net

La révélation a été faite au terme d’une mission de sensibilisation de la population sur la nécessité de la restauration de l’autorité de l’état dans cette partie du pays. Cette mission a conduit les responsables de la cellule de communication de Kimia II à Bunagana, à plus de 100 kilomètres au nord est de Goma, dans le territoire de Rutshuru.
Les localités de Bunagana, Rutshuru et Nyanzale avaient été illégalement érigées en cités lors de la rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). Et depuis, les animateurs de ces entités échappent au contrôle autorités établies, ont indiqué ces mêmes responsables.
Un aperçu de la situationrnLa situation de non restauration de l’autorité de l’Etat ne se pose pas seulement dans ces trois localités de la province du Nord- Kivu, mais aussi dans toute la partie de cette province anciennement sous contrôle du CNDP. Selon plusieurs sources concordantes, l’administration CNDP continue encore à fonctionner dans le territoire de Masisi, particulièrement dans les localités de Ngungu, Karumba, Bihambwe, Mushaki, Kitchanga et Kirolirwe. Une délégation mixte autorités provinciales et de la Monuc s’en est rendue compte lors d’une mission dans ces dernières localités en mi septembre.
Selon les témoignages rapportés par radiookapi.net, le CNDP a installé une trentaine de chefs de postes pour le seul territoire de Masisi. Pour la seule chefferie des Bahunde dans le Masisi, précise-t-il, les postes de Karuba, Ngungu, Mushaki, Kilulu, Rubaya, Masisi centre, Kibabi et Murambi sont sous administration CNDP.
Les conséquences de cette situationrnLa persistance d’une administration parallèle n’est pas sans conséquences sur la vie politique, économique et sécuritaire de la province du Nord Kivu. Selon les observateurs de la vie politique congolaise, cette situation bloque le processus de rétablissement de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national, sept ans après la signature de l’accord de paix de Sun City et six mois après celle de l’accord de paix de Goma entre le gouvernement congolais et les groupes armés du Nord et du Sud-Kivu. Elle dépouille les responsables officiels de tout pouvoir de gestion de leurs juridictions. Pour exemple, cet administrateur de territoire de Rutshuru, Dominique Bofondo, qui a affirmé lors d’une réunion du conseil de sécurité à Rutshuru centre au mois d’août dernier qu’il n’a plus d’accès dans toute la zone sous contrôle du CNDP.
La persistance de l’administration parallèle au Nord-Kivu est aussi l’une des causes d’un important manque à gagner financier pour les services étatiques de la province. Selon Pole Institut, un institut de recherche sur la sous région des Grands Lacs, le CNDP possède des richesses concrètes grâce, entre autres, à la perception des taxes.
Les réactionsrnA l’occasion d’une mission en mi septembre à Ngungu, une localité qui abrite cette administration parallèle, le représentant spécial du secrétaire général des nations unies en RDC a eu des entretiens avec le contingent sud africain de la Monuc, le colonel Faustin, commandant des FARDC, le chef de la PNC (Police nationale congolaise), tous issus des rangs de l’ex CNDP ainsi qu’avec les responsables de l’administration parallèle installée par l’ex CNDP. Les uns et les autres ont exprimé leurs préoccupations quant à l’intégration rapide de cette administration parallèle à l’administration centrale, à l’instar des structures militaires de l’ex CNDP dans l’armée et la police.
Le gouverneur de la province du Nord Kivu a, quand à lui, estimé qu’il s’agit d’un processus. La restauration de l’autorité de l’Etat ne peut pas se faire en un seul coup, a-t-il précisé.