W. Swing : « Le chapitre 7 nous donne l'autorité d'utiliser tous les moyens nécessaires pour sauvegarder la paix »

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Le 21 septembre de chaque année, le monde célèbre la Journée internationale de la paix. Mais, peut-on construire la paix sans faire la guerre ? William Swing, Chef de la mission onusienne en RDC, répond à cette question. Radiookapi.net rapporte l’intégralité de son interview.

Radio Okapi : Monsieur Swing, bonjour…rnWilliam Swing : Bonjour…

R.O. : Le 21 septembre de chaque année, c’est la journée internationale de la paix. On fait allusion, bien sûr, au maintien de la paix. La Monuc est l’une des institutions de maintien de la paix en RDC. Quels sont les moyens de la Monuc pour le maintien e la paix en RDC ?
W.S. : Il y en a plusieurs. D’abord, nous avons un fort soutien du conseil de sécurité avec plus de 35 résolutions. Nous avons, en plus, des mécanismes comme notre force militaire, nos polices, notre division des droits de l’Homme pour faire les investigations, et nous avons un budget qui est adéquat pour cette tâche. Nous avons un peu plus de 17.000 casques bleus déployés à travers le pays. Presque 1.150 polices. Malgré le fait que c’est peut-être parfois une force qui n’est pas capable de couvrir tout le pays parce que, 17.000 pour un pays aussi grand n’est pas toujours suffisant. Mais nous sommes contents de ce que nous avons.

R.O. : Vous avez parlé de 17.000 casques bleus. Où sont-ils déployés pour le moment ?
W.S. : Bon écoutez. Parce que nous sommes limités à 17.000 troupes, ce qui est la plus grande force de maintien de la paix dans le monde aujourd’hui, nous sommes obligés d’être flexibles. Nous devons garder une grande flotte d’avion et d’hélicoptères et on déplace de temps en temps les différents déploiements. Aujourd’hui, je peux vous dire, 90% de toutes nos troupes sont à l’Est du pays, avec les grands bataillons et les grandes brigades dans le district de l’Ituri, en Province Orientale, une grande brigade au Nord Kivu, une autre au Sud Kivu, et une brigade moins grande pour le Katanga. Bon ça nous laisse 10% pour le reste du pays.

R.O. : M. Swing, est-il possible de maintenir la paix sans faire la guerre ?
W.S. : Absolument. C’est le sens d’une mission de maintien de paix. C’est pour maintenir la paix, pas pour autre chose. Mais, nous avons le chapitre 7 qui nous donne l’autorité d’utiliser tous les moyens nécessaires pour sauvegarder la paix. Et, comme vous le savez, nous avons fait plusieurs opérations militaires conjointes avec les FARDC contre les forces négatives, surtout les ex-Fars Interhamue, ADF-NALU, et parfois les FNL pour sauvegarder les populations. Nous avons la grande responsabilité d’aider les FARDC, la police, de protéger les populations civiles et, de manière générale, de sauvegarder un environnement sécurisé.

R.O. : Certains casques bleus de la Monuc ont été cités dans des abus sexuels, des trafics d’or ou d’informations. Comment la Monuc fait-elle pour éradiquer de pareils cas ?
W.S. : Il est vrai qu’on a certainement eu, en 2004-2005, beaucoup de problèmes avec les abus sexuels de toutes catégories. Pas seulement les militaires mais aussi les civils, les volontaires et d’autres. Nous avons pris les choses en main dans 2 ou 3 sens. Premièrement, nous avons immédiatement renforcé nos effectifs des mécanismes pour traiter ces cas. On avait crée un bureau de 15 personnes pour faire des investigations, pour poursuivre les cas. J’ai du envoyer plus que 200 membres de cette mission chez eux pour qu’ils ne fassent plus partie de cette mission ou d’autres activités des Nations Unies. Nous avons mis en place une politique qui est très active. Nous avons un programme de formation. Chaque membre de la Monuc doit suivre un cours sur le comportement à l’étranger pour qu’on soit un modèle de discipline pour le pays. Mais, il y a toujours des choses à faire et nous continuons.

R.O. : Combien de temps encore l’ONU restera en RDC, M. Swing ?
W.S. : Je rigole un peu parce que je donne toujours la même réponse. La réponse dépend de 2 choses : premièrement le vœu du gouvernement légitime du Congo sorti des élections. Qu’est ce que veut le gouvernement ? Pour le moment, je crois que nous sommes d’accord pour que la Monuc continue. Mais le temps n’est pas déterminé. Deuxièmement, ça dépend beaucoup du conseil de sécurité parce que c’est lui qui vote le mandat. Pour le moment, notre mandat va expirer le 31 décembre. Nous sommes entrain de préparer le 24e rapport du secrétaire général au Conseil de sécurité pour qu’il puisse avoir une base afin de considérer un autre mandat pour la Monuc. Mais nous sommes satisfaits qu’ils vont voir les besoins ici et l’importance de garder une présence de la Monuc pour l’avenir.

R.O. : Et vous-même, M. Swing, combien de temps avez-vous encore à la Monuc ?
W.S. : Ça dépend aussi du Conseil de sécurité, mais surtout de mes chefs à New-York dans le secrétariat. Je suis très content, très fier d’être ici en ce moment historique. Mais ça va dépendre beaucoup des vœux de mes chefs.

R.O. : M. William Swing, je vous remercie…rnW.S. : Merci beaucoup.