Rutshuru : combats à l'arme lourde entre FARDC et CNDP depuis ce matin

Des tirs des FARDC contre le CNDP dans le Rutshuru

Des tirs des FARDC contre le CNDP dans le Rutshuru

Selon le CNDP, de violents combats à l’arme lourde embrase toute la région qui couvre les localités de Nkokwe, Rugari, Bukima, Kabaya et Ngungu, à près de 50 kilomètres au Nord-est de Goma. D’autres combats sont signalés vers les hauteurs du centre de brassage de Rumangabo, à la même distance au Nord de Goma, et à Ntamugenga, vers la frontière de Bunagana. Entre-temps, MSF/Belgique plaide pour les déplacés.

Les combats sont très violents indique le porte parole du CNDP, Bertrand Bisimwa. Il accuse les FARDC d’utiliser des mortiers de hautes portées pour pilonner depuis l’aube simultanément les positions du CNDP à Nkokwe, Rugari, Ngugu, Kabaya et Bukima. Nkokwe et Bukima étaient jusque là une zone tampon entre les FARDC et le CNDP. Rugari était sous contrôle des deux belligérants et Kabaya était occupée par les FARDC.

Pour le CNDP, leurs combattants sont parvenus à repousser les FARDC de toute cette région jusqu’à Rumangabo, à environs 50 kilomètres de Goma. Les combats se déroulent notamment dans les hauteurs de Rumangabo, et les FARDC bombardent derrières les lignes des fronts du CNDP, affirme Bertrand Bisimwa.

A Nkokwe, un habitant qui est resté terré sous son lit, confirme la violence des combats. Plusieurs habitants de cette région ont fui vers Luvunga et Katale à une vingtaine de kilomètre de Rutshuru-centre, affirme-il.

Entre temps, un autre front s’est ouvert depuis 9 heures locales à Ntamugenga, à près de 7 kilomètres de Bunagana, à la frontière Congolo-ougandaise, dans le territoire de Rutshuru.
Selon la Monuc, une des ses bases mobiles est directement prise sous les feux croisés des FARDC et du CNDP à Ntamugenga, et ses casques bleus se retrouvent dans l’impossibilité d’assurer la protection des civils.

Les responsables des FARDC reconnaissent ces combats et accusent le CNDP d’avoir engagé en premier les tirs vers leurs positions.

Ce matin, les casques bleus ont tentés d’accéder à la zone de combats sur les hauteurs de Rumangago, afin de renforcer la protection des axes routiers et d’empêcher toute attaque directe contre les populations. Ils ont été bloqués par un barrage de plusieurs centaines de civils à Rugare, à une dizaine de kilomètres de Rutshuru-Centre. Le porte parole militaire de la Monuc demande avec instance à la population de Rutshuru et de ses environs de laisser les casques bleus faire leur travail, à savoir, protéger les populations et empêcher les attaques directes contre ces dernières, ainsi que prévenir une progression des combats vers les grands axes routiers et les centres urbains.

Médecin sans frontière Belgique déplore la situation des déplacésrnDepuis la reprise de la guerre en fin août dernier, on assiste à une détérioration de la situation humanitaire dans la région. C’est le constat fait par l’ONG Médecins Sans Frontière Belgique qui opère dans les territoires de Masisi, Rutshuru et Lubero. Pour les responsables de cette ONG humanitaire, des villages entiers restent vides dans les zones des affrontements, à Rutshuru et Masisi. Des centaines de milliers de personnes sont en déplacement et, parfois, pour des destinations inconnues. Très souvent, elles sont prises en étau entre les groupes armés belligérants dans des zones inaccessibles par des ONGS humanitaires.

Face à cette situation, MSF demande aux ONG internationales présentes au Nord-Kivu de faire preuve de plus de sacrifices et d’efforts pour intervenir en faveur des personnes déplacées malgré la volatilité de la situation sécuritaire. Collette Djezen, Chef de la mission de MSF Belgique/Nord-Kivu, explique : « Avec la reprise de la guerre à un niveau encore plus important qu’avant, on voit qu’il y a encore plus de déplacés et surtout l’accès à ces populations est encore plus difficile aujourd’hui qu’avant. Il y a par exemple des villages qui étaient de gros villages, aujourd’hui ces villages sont vides. A Kabizo, là où le MSF avait une présence permanente, on a vu la population qui est partie de la zone, et on n’a toujours pas plus de pouvoir pour savoir où ils se trouvent. Donc, ce qui nous inquiète beaucoup aujourd’hui, c’est que même s’il y a une partie de l’aide humanitaire qui atteint certains sites des populations, il y a aussi énormément de personnes qui ne sont pas assistées jusqu’aujourd’hui, parce qu’on ne sait seulement pas là où ils sont. Ce que je voulais dire aussi, c’est que nous pensons que ce n’est pas impossible de créer des espaces humanitaires. Mais nous essayons d’arriver là où nous pouvons. »