La corruption paralyse les efforts de redressement politique, économique, social, moral, voire spirituel en République Démocratique Congo. C’est un constat fait au cours d’un atelier national des acteurs politiques membres de l’Eglise catholiques organisé à Kinshasa par la Commission épiscopale pour l’apostolat des laïcs (CEAL). Les initiateurs de la rencontre se sont engagés à mener une lutte contre cette antivaleur, rapporte radiookapi.net
L’Eglise catholique congolaise voudrait ainsi se lancer le pari de la bonne gouvernance, du moins, pour ses membres qui participent à la gestion de la chose publique. C’est la résolution à laquelle sont parvenus les participants à cet atelier de trois jours. « Nous voulons en fait, que les acteurs politiques catholiques soient des modèles. Qu’ils prennent d’abord conscience du phénomène, de la pratique qui finalement est en train de tuer notre société, afin que nous puissions repartir sur d’autres bases, parce que la corruption, qu’on le veuille ou pas, n’aide pas au développement d’un pays », a déclaré l’abbé Ambroise, secrétaire de la CEAL. D’après lui, la corruption entretient la pauvreté malgré les apparences. « Comme en temps de guerre certains s’enrichissent, d’autres aussi profitent de la corruption pour s’enrichir. Cela veut dire que certains sont maintenus dans la pauvreté à cause de la corruption », a-t-il expliqué avant de conclure que l’Eglise donne l’occasion à ses membres, acteurs politiques, de réfléchir pour mieux agir, afin que leurs actions portent des fruits, et des fruits qui demeurent.
Cas de l’Assemblée nationale
La question de la crise actuelle qui affecte la chambre basse du Parlement a été évoquée lors des débats engagés au cours dudit atelier entre les acteurs politiques catholiques venus de toutes les tendances politiques confondues participer à ces assises. Pour certains conférenciers, la démission en cascade des membres du bureau de l’Assemblée nationale proviendrait d’un acte de corruption entretenu par l’AMP. Ceci a été dit en présence du premier vice-président démissionnaire de l’Assemblée nationale, Christophe Lutundula. Dans sa réaction, ce dernier a souligné la démarcation qui existe, selon lui, entre un engagement politique et la foi chrétienne. Il explique. « Le fait que ma famille politique me demande de démissionner dans le cas d’espèce, contrarie ma foi chrétienne ? Je dis absolument non. Il faut faire la part des choses, entre ce qui relève du privé, même si les partis politiques sont des organisations d’utilité publique il ne demeure pas moins que ce sont des organisations privées. Dans le cas d’espèce, il n’y a rien de foi chrétienne. C’est la gestion normale du politique, qu’un parti demande à un de ses membres de se démettre. Il n’y a rien d’anti-démocratique, par rapport aussi aux aspirations de la population. Non. La population a élu les gens sur la base des listes des partis politiques. Et la Constitution dit à l’article 110 : « Un député ou sénateur qui quitte délibérément son parti politique est déchu de son mandat obtenu du peuple». »
A la fin de ces assises, les acteurs politiques catholiques ont pris l’engagement, au cours d’une célébration eucharistique à l’Eglise Sacré Cœur de la Gombe, à Kinshasa, de lutter contre la corruption en RDC. Ils ont à cet effet demandé aux institutions publiques nationales et provinciales de soutenir la campagne de mobilisation et conscientisation à la lutte contre ce fléau. Une campagne que vient d’entamer la Commission épiscopale pour l’apostolat des laïcs.