Jed : les pouvoirs politique et financier, une menace à la crédibilité des medias

Journalistes à la conférence de presse de la Monuc

Journalistes à la conférence de presse de la Monuc

Ce dimanche 3 mai, la communauté internationale commémore la Journée Mondiale de la liberté de la presse, avec comme thème « Media, dialogue et compréhension mutuelle ». Journaliste en danger, Jed, se dit inquiète de constater que les pouvoirs politique et financier constituent une menace quant à la crédibilité des medias en RDC. Pour le porte-parole du gouvernement, la qualité de la presse congolaise le laisse sur sa soif. Quant à la Monuc, elle rend hommage aux journalistes tombés en faisant leur travail, rapporte radiookapi.net

Donat Mbaya, président de l’Ong Journaliste en danger Jed, remarque que cela fait longtemps que la journée de la liberté de la presse a été célébrée sans qu’un journaliste ne soit en prison. « C’est une très bonne chose », affirme-t-il

Donat Mbaya relève néanmoins 31 cas d’atteintes à la liberté de la presse. Une nette amélioration par rapport à l’année dernière, selon lui : « Par contre, nous avons pu observer depuis le mois de janvier jusque maintenant, quelques autres cas d’atteintes à la liberté de la presse, parmi lesquelles 5 cas d’interpellations, 5 cas d’agressions et quelques autres cas d’empêchement de la circulation de l’information, c’est-à-dire la censure. Vous êtes sans oublier que jusqu’aujourd’hui, il y a deus radios à Likasi qui sont interdites depuis un peu plus d’un mois. »

Mais, regrette le président de Jed, il y a aussi le problème même de la crédibilité des médias qui se pose par rapport au pouvoir d’argent et au pouvoir politique : « Nous avons constaté que les hommes politiques ont sérieusement quadrillé les médias, de sorte que beaucoup de sujets d’intérêts public, dans la majorité des cas, ne trouve pas suffisamment de place dans les médias. »

Lambert Mende : « on peut être fier des pas de géants accomplis dans le domaine de la presse »

Le ministre de la Communication et des medias se dit, quant à lui, satisfait de constater qu’une amélioration significative a été faite en RDC quant à la liberté de la presse : « La RDC est certainement l’un des pays de l’Afrique subsaharienne où les libertés de la presse ont progressé le plus loin. Je ne dis pas que nous avons atteint la panacée, mais je pense que, toutes choses pouvant être comparées, lorsqu’on regarde d’où nous venons, et où se trouvent d0’autres pays qui sont dans la même situation que nous, je pense qu’on peut être fiers des pas de géants qui ont été accomplis grâce au combat que des professionnels des média eux-mêmes, et tous ceux qui militent pour les libertés fondamentales ont pu mener pendant des années. Et, c’est cela qui permis qu’aujourd’hui, nous observions ce foisonnement fort intéressant des médias. »

Cependant, Lambert Mende Omalanga reste sur sa soif quant à la qualité de la presse congolaise : « La qualité ne s’y retrouve pas parce qu’elle rime avec beaucoup de moyens. Mais l’esprit y est. Il est difficile aujourd’hui de faire marcher le train de la liberté de la presse à reculons. »

Alan Doss rend hommage aux journalistes morts en faisant leur métier

Pour sa part, le Chef de la Monuc appelle la presse congolaise à faire preuve de beaucoup de responsabilité, et invite les pouvoirs publics à garantir le droit à la liberté d’expression. Liberté garantie par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques dont la RDC est membre.

Dans un message rendu public hier samedi dans la soirée, Alan Doss réaffirme aussi la volonté de la Monuc de continuer à aider la presse congolaise dans la mesure de ses moyens. « Dans beaucoup d’endroits du monde, le métier de journaliste s’avère difficile et souvent dangereux, surtout là où la recherche de la vérité fait face à une culture de violences et d’impunité », affirme Alan Doss. La presse congolaise a assumé, d’après lui, avec beaucoup de courage dans le passé et souvent au péril de la vie de ses membres.

Le chef de la Monuc tient ainsi à rendre hommage à ceux des journalistes congolais, morts dans de circonstances obscures. Il cite notamment Serge Meheshe, Didace Namujimbo, Franck Ngyke, Bapuwa Mwamba et Mukula Salayi. « Faisons en sorte que leur sacrifice ne soit pas vain », affirme-t-il.

Pour Alan Doss, cette journée est aussi un moment d’interpeller toux ceux qui oeuvrent dans cette profession, mais aussi ceux qui ont une responsabilité vis-à-vis d’elle. Il prend soin de rappeler qu’il n’y a pas de liberté sans responsabilité. « De la même manière, la censure des médias, les menaces, les agressions et les meurtres des journalistes n’emmènent pas le silence mais radicalise plutôt et mène à la confrontation </em<», dit Alan Doss.
Et d’ajouter, « une presse responsable n’est pas l’ennemi de la démocratie, mais bien l’engrais qui lui permet de se lever et de se développer. Mon souhait est que chacun de vus fasse de cette journée un moment de réflexion et de réengagement personnel à œuvrer pour le développement en RDC d’une presse libre, mais surtout responsable au service de l’unité et du développement du pays. »