Expulsion des Angolais : l’économie du Bas Congo subit le coup

Frontière RDC-Angola

Frontière RDC-Angola

L’expulsion des Congolais de l’Angola entraîne déjà des conséquences économiques dans la province du Bas Congo. La ferme Jules Van Lancker (JVL), spécialisée dans la charcuterie, est paralysée. Près de 60 % de ses employés sont des ressortissants angolais. Ils ont regagné leur pays, selon Victor Nzuzi, membre du Réseau International des Immigrés, joint par radiookapi.net

Le désagrément causé à la JVL est l’une des conséquences économiques de l’expulsion des Angolais du sol congolais. Autres conséquences, selon Victor Nzuzi : des boutiques et des champs sont abandonnés. On constate aussi une baisse de la production de la chikwangue que fournissaient des ressortissantes angolaises. La chikwangue est l’un des principaux aliments confectionnés à base de manioc et consommés au Bas Congo.

Le marché de Lufua, situé à 60 kilomètres de Matadi, n’est plus opérationnel depuis le début de ces expulsions, indiquent des sources sur place. A la compagnie sucrière de Kwilu Ngongo, plusieurs sources affirment que la production a également baissé. Plusieurs journaliers étaient des ressortissants angolais. Près de 1000 agents et cadres de cette entreprise ont reçu du gouvernement provincial du Bas Congo, un délai d’un mois pour régulariser leur permis de séjour, indique les autorités de la migration. Plus de 50 agents et cadres de la cimenterie de Lukala ont été rapatriés en Angola, selon une autorité administrative de cette cité. Dans le territoire de Moanda, les denrées de première nécessité se font rares. Pain, chinchard, sucre disparaissent du marché à cause de l’afflux des retournés, selon Alexandre Masisa, président de la Fédération des entreprises du Congo, FEC/Moanda. La FEC demande au gouvernement congolais d’entreprendre des démarches envers l’Angola, en vue préserver le commerce transfrontalier.

Suspension des vols de la TAAG vers la RDC

L’Angola a suspendu, jeudi, les vols de sa compagnie aérienne nationale, la TAAG, à destination de la RDC. Une décision prise en riposte à l’opération de l’expulsion de milliers d’Angolais, selon un communiqué du ministère angolais des relations extérieures. Les Angolais expulsés de la RDC résidaient légalement sur le territoire congolais, affirme le même communiqué. Le gouvernement congolais a pris acte, lundi, de la suspension des vols de la compagnie aérienne angolaise, TAAG, vers la RDC. “Nous ne connaissons pas les motifs de cette suspension indéterminée des vols de cette compagnie commerciale. Nous allons probablement recevoir une communication du gouvernement angolais qui détaille les raisons de cette suspension“, a déclaré le ministre congolais de la communication, Lambert Mende.
« »Nous attendons probablement la communication du gouvernement angolais avec les détails des identités de ses ressortissants illégalement expulsés de la RDC. Si ces cas se vérifient, cela fera partie de l’agenda des discussions prévues entre les deux pays », a déclaré Lambert Mende. Il a précisé que le gouvernement congolais n’a pas encore reçu la notification officielle de la décision angolaise sur la suspension des vols de la TAAG. Cette situation n’empêchera pas les deux pays de vivre en bonne intelligence, a indiqué Lambert Mende.

Quid de la commission mixte RDC-Angola ?

Une commission mixte RDC-Angola a été mise sur pied pour discuter de la question de ces expulsions mutuelles. A ce sujet, Lambert Mende, aaffirmé que la commission va se réunir prochainement, sans préciser de date. D’autres contacts moins formels sont en cours entre les autorités congolaises et angolaises pour une gestion normalisée des relations entre les deux, a indiqué Lambert Mende. « »Il serait irresponsable à ce niveau de porter cette question devant les instances de la SADC [Organisation régionale de développement auxquels appartiennent les deux pays]. Cela reviendrait à donner l’impression que les deux Etats ne croient pas en leurs capacités de gérer cette petite fâcherie au niveau bilatéral », a précisé Lambert Mende.
La semaine dernière, Jean Claude Vuemba, député de l’opposition, avait demandé au gouvernement congolais de fermer les frontières avec l’Angola et de porter la question des expulsions mutuelles des Congolais et Angolais devant les instances de la SADC.
Sur le plan humanitaire, le gouvernement congolais fait de son mieux pour faire face à la situation humanitaire préoccupante des rapatriés, a souligné Mende.