Bukavu : le ministre provincial de l’intérieur interpellé sur l’insécurité dans le Sud Kivu

La province du Sud Kivu

La province du Sud Kivu

Les députés provinciaux du Sud Kivu ont interpellé, jeudi, le ministre provincial de l’Intérieur. Ce dernier devait s’expliquer sur la recrudescence de l’insécurité dans la province depuis le début des opérations Kimia II, rapporte radiookapi.net

L’interpellation du ministre provincial de l’Intérieur, Georges Shanyungu, a coïncidé avec la clôture de la session ordinaire de juillet de ce parlement provincial. Le ministre a reconnu qu’il y a effectivement recrudescence d’insécurité dans la ville de Bukavu. En revanche, il l’a attribuée aux bandits, démobilisés et autres fumeurs de chanvre. Pour ce qui est de Kimia II, Georges Shanyungu a avoué que le gouvernement provincial n’en est pas le commanditaire. Par conséquent, il est difficile pour son gouvernement d’en évaluer l’action. Le commentaire de Georges Shanyungu sur le rapport de Human Right Watch, qualifiant le bilan de Kimia II d’inacceptable, a été bref : « Nous avons pris connaissance du rapport de cet ONG. Nous devons cependant dire que dans toutes les zones sujettes aux opérations Kimia II : Mwenga, Fizi, Shabunda, Kabare, Kalehe, Uvira, cette ONG n’y est pas visible. Donc, tout commentaire sur les statistiques livrées dans ce rapport, à savoir 1000 civils tués et 7000 femmes violées, serait hasardeux. Même les organisations humanitaires basées à Bukavu peinent pour aller sur terrain, car elles estiment que ces zones sont insécurisées. » rnLe député initiateur de la motion a pris acte de l’incompétence du gouvernement provincial sur les opérations Kimia II. Il a proposé que la question soit traitée avec le gouvernement central.
Pour rappel, l’assemblée provinciale du Sud Kivu avait décidé, mardi, d’envoyer à Kinshasa une délégation des 7 députés rencontrer les autorités nationales sur cette question d’insécurité. A ce jour, ladite commission n’a pas encore fait le déplacement de Kinshasa. L’assemblée du Sud Kivu soulève la question de la résurgence de l’insécurité dans cette province au moment où Human Rights Watch vient de publier un communiqué basé sur le rapport de 84 ONG sur le bilan des opérations Kimia II. Rapport selon lequel le prix payé par les populations civiles des deux provinces du Kivu est qualifié d’inacceptable. En effet, d’après ce rapport, 1 143 civils ont perdu la vie depuis le début des opérations Kimia en janvier 2 009, 7 000 femmes et filles ont été violées, plus de 6 000 logements ont été incendiés et près de 900 000 personnes ont été forcées à abandonner leurs habitations. Les auteurs de ces violations, souligne le même rapport, sont d’abord les FDLR, pour la plupart des cas enregistrés, et aussi des éléments FARDC déployés pour traquer les rebelles hutus rwandais.
Philip Alston charge les FARDC et la MonucrnDans un rapport publié jeudi à Kinshasa, le rapporteur spécial des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, Philippe Alston a indexé les FARDC et la Monuc dans l’insécurité qui règne dans l’Est du pays, notamment au Sud Kivu et en Province Orientale. Le gouvernement congolais, comme les Nations unies ont failli dans leur responsabilité d’accorder la priorité à la protection des civils lors de la planification des opérations militaires Kimia II, a-t-il indiqué.
Au cours de son intervention dans l’émission « Dialogue entre congolais » de mardi soir, sur Radio Okapi, le directeur de la division de l’information publique de la Monuc, Kevin Kennedy, a donné la position de la mission onusienne sur le rapport de ce collectif d’ONG sur Kimia II. Il a plaidé pour la fin de la culture de l’impunité en RDC et la réforme de l’armée. « Il y a des responsabilités qui incombent à la Monuc et celles qui incombent au gouvernement congolais. Nous travaillons avec un gouvernement qui a des responsabilités envers son peuple. Ce que nous apportons en appui à ce gouvernement comporte bien sûr certaines obligations. La Monuc a clairement indiqué aux autorités congolaises que nous leur apportons notre appui, mais ce n’est pas un chèque en blanc. Quand il y a des unités [FARDC] qui se comportent mal, cela pourrait remettre en question notre soutien. Cependant, il n’est pas seulement question de sanctionner, mais de soutenir les efforts visant à instaurer la discipline au sein de l’armée et d’aider le gouvernement à mettre en place cette politique de tolérance zéro »a expliqué Kevin Kennedy.