Des massacres des civils se poursuivent dans l’ Est du Congo. C’est la conclusion du rapport du rapporteur spécial des Nations Unies sur les exécutions extrajudiciaires. Rapport fait à l’issue de sa mission en RDC. M. Alston a dévoilé le contenu de ce document à la presse hier jeudi à Kinshasa. Radiookapi.net vous propose l’intégralité de son entretien avec Philip Alston
Radiookapi.net: Monsieur Phillip Alston BonjourrnPhillip Alston : Bonjour rnR.O: Vous venez de boucler une mission de dix jours en RDC, et en rapport avec le droit international des exécutions extrajudiciaires, est-ce que cela est respecté dans ce pays ?rnP.A : Comme dans tous les pays du monde, en fait , il y a des problèmes et c’est inévitable. Mais ici au Congo, il y a des problèmes assez graves. Parce que c’est un pays complexe, très vaste et un peu troublé. Alors c’est évident qu’il y ait des problèmes.
R.O : Alors quels sont les problèmes que vous avez relevé pendant votre enquête sur le terrain? rnP.A : J’ai constaté qu’il y a encore beaucoup d’exécutions commises par les FARDC. Il y avait des incidents assez graves, des massacres. Il y a eu aussi beaucoup d’incidents isolés. Mais c’est clair qu’il y a de sérieux problèmes de la part de l’armée. Il faut commencer à développer une réponse intégrée et dissuasive pour cerner ce problème.
R.O : Quelle a été la méthode appliquée pour pénétrer le problème dans le cadre des violations de droit international sur les exécutions extrajudiciaires ?rnP.A : Pendant 12 jours, j’ai parlé avec beaucoup de gens, y compris des ministres du gouvernement national, des juges, des magistrats, le président de l’Assemblée nationale mais aussi les représentants de la société civile, des victimes et des témoins de ces incidents et beaucoup d’autres. J’ai ramassé des informations et des renseignements de beaucoup de sources. Et suite à ces entretiens, je suis parvenu à la conclusion que j’ai coulée dans mon rapport.
R.O : Alors quelles sont ces conclusions ?rnP.A : Qu’il y a un problème d’impunité dans le pays. On ne peut pas instaurer la paix avant la justice. Il faut bouger avec les deux choses ensemble. le gouvernement doit montrer qu’on peut punir des militaires de haut rang qui sont auteurs de crimes. Deuxièmement, Kimia 2 est une leçon, il faut changer la manière de mener ces opérations. Troisième chose, il y a beaucoup d’attaques de la LRA.C’est encore un problème grave, car ils [ Ndl : les rebelles de la LRA] ne sont pas encore chassés du pays comme le disaient des sources militaires. La population vit toujours dans la terreur. Ainsi, il faut reconnaître que la LRA reste encore une force active et tellement problématique ici en RDC et en particulier dans le nord du pays.
R.O : Est-ce que vous préconisez une solution pratique par rapport à ce problème de LRA ?rnP.A : J’aimerai avoir une stratégie un peu sophistiquée pour assurer la sécurité et la protection de la population civile. Assurer que la population peut continuer les activités culturales sans menaces. J’aimerai voir une opération régionale plus intégrée que nous avons maintenant, car la LRA se retrouve maintenant dans plusieurs pays de la région. Il faut à mon avis adopter une nouvelle stratégie.
R.O : Au regard des manquements graves que vous avez pu constater pendant votre enquête et séjour en RDC, quelles sont les recommandations que vous formulez au gouvernement de la RDC ?rnP.A : Tout d’abord, je fais une recommandation simple, il faut que chaque militaire puisse porter sur son uniforme son nom et le nom de son unité, car en ce moment, nous sommes dans une situation où les militaires sont anonymes. Ils portent des uniformes vertes sans identification. Il est facile pour eux de commettre des crimes sans être connus. Si on insiste sur cette mesure simple d’identifier les militaires, à mon avis je pense que les choses peuvent s’améliorer.
R.O : Vous venez de finir votre mission, alors quelle est la suite ?rnP.A : Premièrement, c’est au gouvernement de la RDC de répondre. En plus il y a des pressions à exercer. Par exemple, le gouvernement doit faire un rapport au Conseil des droits de l’homme de Nations Unies au mois de novembre. Dans ce contexte, il y aura des questions à adresser au gouvernement congolais et des réponses seront exigées. En plus, la communauté internationale s’intéresse beaucoup à cette question. J’imagine qu’il y aura des discussions internationales pour voir ce qui peut être fait.
R.O : Merci Monsieur Alston.









