Processus de paix dans l'Est de la RDC : Obasanjo et M’kapa reçus par Kabila

Olusegun Obasanjo, facilitateur du processus de paix dans l'Est de la RDC

Olusegun Obasanjo, facilitateur du processus de paix dans l'Est de la RDC

Le président congolais Joseph Kabila a reçu samedi en audience, à Kinshasa, à la Cité de l’Union africaine, les co-facilitateurs du processus de paix dans l’Est de la RDC, le Nigérian Olusegun Obsanjo et le Tanzanien Benjamin M’kapa. A l’issue de la rencontre, l’ancien chef d’Etat nigérian a laissé entendre que ce processus a connu des avancées positives, rapporte radiookapi.net

Olusegun Obasanjo a évoqué, notamment, la situation des relations entre la RDC et ses voisins, la crise humanitaire et le cas du CNDP. Il l’a dit dans un extrait d’une interview accordée à la RTNC : « Ce que nous sommes venus faire, c’est de rendre compte des progrès évidents que nous avons faits l’année dernière. Par exemple, le 7 novembre de l’année dernière, il y avait une crise humanitaire assez importante dans l’Est de la RDC. Cela n’est plus le cas aujourd’hui. Les relations entre la RDC et ses voisins se sont beaucoup sensiblement améliorées. La question du CNDP n’est plus vraiment une question qui a la même envergure qu’elle avait l’année dernière, aussi bien au plan politique qu’au plan militaire. »

Il y a près d’une année, le processus de Nairobi

Olusegun Obasanjo, ancien chef d’Etat nigérian, a été mandaté par l’Onu comme facilitateur dans la crise du Nord-Kivu avec comme co-facilitateur un autre ancien chef d’Etat, le Tanzanien Benjamin M’kapa. Ces deux envoyés spéciaux internationaux ouvrirent les négociations entre le gouvernement congolais et le CNDP, alors encore un mouvement armé, à Nairobi, au Kenya, en novembre 2 008. Après plusieurs rounds auxquels d’autres mouvements armés congolais de la région seront associés, un accord de paix sera signé en mars, à Goma, au Nord-Kivu même. Entre l’ouverture des négociations en novembre 2 008 et mars 2 009, un certain nombre de faits majeurs, aussi bien politiques et militaires s’étaient passés dans l’entre-temps. Le CNDP, décapité de son chef, Laurent Nkunda, arrêté par l’armée rwandaise, s’était désengageait pour permettre l’aboutissement du processus de paix amorcé à Nairobi. Et presque dans les mêmes circonstances de temps et de lieu, la RDC et le Rwanda s’étaient engagés dans une opération militaire conjointe contre les FDLR dans la province du Nord-Kivu. Ces faits ont eu une incidence positive sur les relations bilatérales entre Kinshasa et Kigali, notamment avec des déplacements de part et d’autre de leurs ministères des Affaires étrangères, et pour couronner ce processus, le rétablissement de leurs relations diplomatiques

Et lorsque, fin juin dernier, sous la houlette du co-facilitateur Benjamin M’kapa, le comité de suivi des accords de paix de Goma procéda à la première évaluation du processus de paix, les différentes parties notèrent quelques avancées. Au nombre de ces avancées, ils citèrent l’amnistie accordée aux prisonniers, le statut de partis politiques accordés par le gouvernement aux anciens mouvements armés dont le CNDP, la restauration de l’autorité de l’Etat dans les zones autrefois sous contrôle de ces ex-mouvements armés et des FDLR.

Des problèmes persistent

Cependant, plusieurs échos sur la situation dans l’Est de la République Démocratique du Congo font état des problèmes de sécurité qui persistent encore dans cette région en dépit des accords de paix signés à Goma et la traque des FDLR en cours dans le cadre des opérations Kimia 2. Un Communiqué publié la semaine dernière par l’ONG internationale Human Rights Watch (HRW), se basant sur un rapport de 84 organisations humanitaires opérant dans cette région, a mis en évidence le prix payé par les populations civiles du Nord et du Sud-Kivu depuis le démarrage de ces opérations. Plus de 1 000 personnes tuées, environ 7 000 femmes et filles violées, plus de 900 000 personnes réduites à l’errance en dehors de leurs milieux d’origine. Autant de faits attribués aussi bien aux FDLR toujours actives en dépit de la réduction de leur capacité militaire, que par des éléments des Forces armées congolaises. Et pas plus tard que vendredi dernier, Alan Doss, représentant spécial du secrétaire de l’Onu en RDC, a fait le point de la situation de l’Est de la RDC au Conseil de sécurité. Tout en reconnaissant les avancées dans le processus de cette région du pays, Alan Doss a lui aussi mis en exergue le fait que des risques de menaces sérieux y persistent encore, et qu’il faudra éviter pour cela toute complaisance.

Au-delà des points positifs relevés par les co-facilitateurs internationaux du processus, Olusegun Obasanjo et Benjamin M’kapa reçus vendredi à Kinshasa par Joseph Kabila, les hôtes du chef de l’Etat congolais n’auraient-ils pas évoqué avec ce dernier ces risques sérieux qui menacent le processus ?