L`administrateur délégué général de l’Office de gestion de fret maritime (Ogefrem), Emile Ngoy, et son collaborateur sont libérés sous caution. Cette libération est intervenue depuis jeudi a 15 heures (heure de Kinshasa), d’après le chargé de communication de l’Ogrefem. Cependant, les juges du tribunal de grande instance de la Gombe qui ont ordonné la mise en liberté provisoire restent en prison, rapporte radiookapi.net
Emile Ngoy et l’Administrateur directeur technique de l’Ogefrem, Roger Andende Apindia, ont été libérés après avoir versé chacun une caution de 5 000 USD. Information confirmée par leur avocat, Willy Mbenza. Ce dernier précise qu’il est interdit à l’ADG et à son collaborateur de sortir du pays. Par contre, ils pourraient reprendre leur service dès ce vendredi. « Puisqu’ils n’ont pas été suspendus», a ajouté l’avocat Mbenza.
Au cours d’une déclaration à la presse, mercredi à Kinshasa, Me Freddy Mulamba, avocat de l’Ogefrem, a dénoncé le maintien en détention d’Emile Ngoy malgré la décision de mise en liberté provisoire rendue mardi soir. Pour lui, cette situation est considérée comme une instrumentalisation de la justice. Pire, d’après la source, parquet général de la République a mis aux arrêts les deux juges depuis mercredi soir. IL leur reproche d’avoir accordé la liberté provisoire aux deux mandataires de l’Ogefrem.
Réagissant à cette arrestation des juges, l’Intersyndicale des magistrats de la RDC, a accusé mercredi, le procureur général de la République de porter atteinte à l’indépendance des juges. Le parquet n’a pas fourni des indices de culpabilité sur Emile Ngoy et son collaborateur, a soutenu Me Thomas Otshudi, porte-parole de l’Intersyndicale des magistrats. L’absence d’indices a poussé les juges à accorder la liberté provisoire aux deux prévenus, a-t-il ajouté. Me Thomas Otshudi s’insurge et explique: « Il y a un dérapage inadmissible à constater que le parquet, fût-il général de la République qui présente les prévenus en chambre du conseil, puisse au lendemain des décisions rendues par les juges, transformer ces derniers en prévenus. C’est ce qui se passe malheureusement. Ceci est un recul pour l’Etat de droit que nous voulons bâtir. L’intersyndicale pense que lorsqu’un prévenu est présenté devant la chambre de conseil, le parquet doit apporter les éléments qui attestent des indices sérieux de culpabilité. Et quand ces indices sont caractérisés, les juges puisent les éléments de leur décision dans la profondeur de leur conscience, sur la base de ces éléments. Les juges qui ont pu rendre cette ordonnance ne se sont soumis qu’à l’autorité de la loi. Mais de là, à les transformer en prévenus dans un temps voisin à l’ordonnance rendue, sincèrement, c’est un recul dangereux et même regrettable dans notre pays.»
Le procureur général de la République rétorque
Joint jeudi par radiookapi.net, le procureur général de la République, Flory Kabanga Numbi affirme détenir des indices sérieux de culpabilité d’Emile Ngoy et Roger Andende. Il ajoute qu’il n’est pas opposé à leur mise en liberté provisoire, puisque les juges sont indépendants. Par ailleurs, Flory Kabange confirme l’arrestation des deux juges. D’après lui, les circonstances qui entourent l’ordonnance de mise en liberté provisoire d’Emile Ngoy et de Roger Andende soulèvent des questions auxquelles la justice doit répondre. « Comment pouvez-vous expliquer que peu de temps avant que ces juges ne rendent leur ordonnance, la décision était déjà connue du public ? », s’intérroge le procureur général de la République. Selon lui, en tant que l’un des premiers défendeurs des droits de l’homme et de l’indépendance des juges en RDC, il y a des choses qui ne seront plus tolérées et les magistrats doivent le savoir. A la question de savoir si les juges arrêtés sont accusés de corruption, Flory Kabanga répond : « C’est vous qui le dites. La corruption est un acte secret, personne ne l’avoue, mais il y a des indices. Et ça, nous n’allons pas le tolérer dans ce corps que nous sommes en train d’assainir. Ces juges savent pourquoi ils sont écroués, ils ont été suffisamment entendus pas les magistrats du parquet général. Il y a des magistrats qui ternissent l’image de la magistrature et nous avons comme objectif de les écarter de notre corps. ”
Pour rappel, Emile Ngoy et Roger Andende ont été interpellés par le parquet général de la République le 10 octobre dernier avant d’être transférés, 48 heures plus tard, à la prison centrale de Makala. Ils sont poursuivis pour détournement des deniers publics. Mais, selon des sources de l’Ogefrem ayant requis l’anonymat, les deux mandataires seraient poursuivis pour usurpation de pouvoir dans le cadre du contrat qui lie l’Ogefrem et Frabemar, une firme italienne, notamment en ce qui concerne la gestion de la fiche électronique de renseignements à l’importation. Cette fiche, précise-t-on à l’Ogefrem, est un document important. Elle aide à établir la traçabilité des marchandises, du lieu d’embarquement à l’exportation, en passant par les différents postes de transit. Toujours d’après ces sources, on reproche également à Emile Ngoy d’avoir procédé à la mutation d’un agent de l’Ogefrem, de son poste d’attache à Anvers en Belgique au port de Mombassa au Kenya.









